Posez la question à tout violoniste, altiste, violoncelliste ou contrebassiste professionnel, la disparition de son instrument est l’un des pires drames qui puisse le frapper. Alors, quand il s’agit d’un maître de l’envergure de Pavel Vernikov - concertiste mondialement connu, directeur artistique du Sion Festival et professeur - et d’un violon de la rareté de cet instrument fabriqué en 1747 par le grand luthier Giovanni Battista Guadagnini, l’affaire est un cataclysme pour l’homme et le fabuleux musicien qu’il est.
Un musicien effondré
Joint par téléphone hier en Italie où il est tout de même allé donner des master classes et rencontrer une vingtaine de nouveaux élèves, Pavel Vernikov fait part de son désespoir. "Je pensais qu’après quelques jours ce serait un peu moins dur à vivre, mais c’est pire en fait... On m’a volé ma voix... J’ai d’abord dit que je ne pourrai plus jamais jouer, aujourd’hui je suis perdu, je ne sais plus. C’est mon métier, il faut bien que je continue, mais comment faire?"
Un instrument devisé à 1,5 million de francs
Les mots sont forts et disent bien le rapport intime, presque charnel qu’entretiennent les musiciens avec ce qui devient un prolongement d’eux-mêmes. Car, au-delà de la très grande valeur financière de ce Guadagnini devisé à 1,5 million de francs, c’est plus que tout la qualité musicale et historique aujourd’hui évanouie dans la nature qui dévastent Pavel Vernikov. "Je ne suis pas quelqu’un de très religieux, mais il y a quelque chose de mystique dans ce rapport à l’înstrument. La veille du vol, je me suis réveillé en sueur d’un cauchemard où justement, on me volait mon violon. C’est fou."
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