Le Tribunal cantonal jugeait mercredi matin un homme accusé de meurtre. Ce Cap-Verdien avait abattu un Serbe en plein jour à Martigny le 23 mai 2010 lors d’un règlement de compte entre deux groupes. Condamné en première instance en janvier dernier par le Tribunal d’arrondissement de Martigny à 13 ans de prison ferme pour homicide volontaire, lésions corporelles simples, rixe, brigandage, contrainte, violences et menaces contre fonctionnaires, cet homme né en 1983 au Portugal avait demandé à être rejugé.
Mercredi à Sion, il a demandé, comme en première instance, à être acquitté de la charge de meurtre au profit d’une légitime défense à laquelle le Ministère public ne croit pas une seconde. Il a requis une peine de 13 ans de réclusion à son encontre. Pour le procureur Dominique Lovey, les balles tirées par la victime serbe dans un mur et au plafond d'une galerie marchande démontrent qu'il avait déjà été touché par l’accusé lorsqu'il fit feu. Le procureur cite aussi des témoins affirmant que le Cap-Verdien a tiré en premier.
Avocat de la défense, Me Blaise Marmy conteste le meurtre et parle d'homicide par négligence. Il cite un témoin connaissant bien les armes qui a affirmé que la première arme à avoir fait feu est un pistolet (l'arme du Serbe), la seconde un revolver (celui du Cap-Verdien). Et Me Marmy d'ajouter : "braqué par une arme, il est normal que l'on se défende. Les treize années infligées en première instance équivalent à une pendaison sur la place publique. Mon client doit être condamné pour ce qu'il a fait et non pour l'exemple."
Défenseur de la veuve de la victime, Me Stéphane Coudray s'est félicité de la rapidité de la procédure judiciaire et a demandé le rejet de l'appel de l'accusé, ce dernier ayant, selon la partie civile, ruiné lui-même la thèse de la légitime défense par ces propos au cours de l'instruction. L'accusé a en effet avoué dans un premier temps : "je n'ai pas attendu qu'il tire pour défendre ma vie."
C’est le 23 mai 2010, en pleine Pentecôte, que la fusillade avait fait un mort et deux blessés parmi deux groupes de ressortissants de l'ex-Yougoslavie et de Portugais du Cap-Vert. L'un des tireurs, un ressortissant serbe âgé de 36 ans, touché à la poitrine, était décédé au CHUV. C'est l'autre tireur, un Cap-Verdien âgé de 27 ans aussi blessé, mais superficiellement, qui était jugé hier à Sion. En outre, un Serbe de 29 ans, avait aussi été blessé au pied.