C’est l’auteur d’un crime d’une rare violence qui est jugé ce lundi à Sierre. Ce Portugais de 33 ans avait tué, sans que l’on sache vraiment pourquoi, un Français de 38 ans avec qui il avait partagé une soirée durant laquelle l’alcool avait coulé à flots le 24 novembre 2018, fête de la Sainte-Catherine à Sierre.

Trois ans plus tard, le parquet a requis une peine de dix ans de prison, accompagnée d’une mesure thérapeutique en milieu institutionnel et une expulsion de Suisse pendant quinze ans, soit la durée maximale. Le verdict sera connu prochainement.

La tournée des bars ensemble

Le soir du crime, les deux hommes avaient effectué la tournée des bars, avant de se rendre en discothèque pour finalement acheter de la vodka et rentrer au domicile de l’accusé. Vers 4 heures du matin, une bagarre a éclaté durant laquelle le Français a été frappé à coups de poing, mais aussi de massette et de poêle. Il est décédé de ses innombrables lésions et fractures, à la tête et au visage, notamment.

Il s’est acharné sur la victime.

Catherine Seppey, procureure

Pour la procureure Catherine Seppey, «il y a assassinat, car l’accusé a fait preuve de mépris pour la vie d’autrui, agissant avec froideur, face à un homme très alcoolisé, presque sans défense. Il l’a frappé aussi au sol, alors que le Français baignait dans son sang.» La magistrate a relevé que l’expertise a répertorié sept coups de massette. «Il s’est acharné sur sa victime avant d’aller boire un café dans un bar.»

Un parcours de vie chahuté

Pour l’avocate de la famille, Me Beatrice Pilloud, l’assassinat ne fait pas de doute, ne serait-ce que par le fait que l’accusé a avoué avoir visé la tête. La raison de ce déferlement de violence reste un mystère. Né dans son pays, issu d’un milieu pauvre, placé en orphelinat jusqu’à ses 11 ans, l’accusé a été adopté par un couple suisse, mais a présenté des difficultés scolaires et d’intégration.

C’est derrière la porte de ce studio de l'avenue du Rothorn qu'un homme a été tué, il y a trois ans à Sierre. Le Nouvelliste

Sans formation, le Lusitanien a été placé dans divers foyers. II habitait en Valais depuis une année, touchant l’aide sociale. Peu avant les faits, il venait de commencer un sevrage d’alcool et devait effectuer une cure de désintoxication.

Lundi, la juge Patrizia Métrailler a mis l’accusé face à ses mensonges et à son comportement après le crime, notamment lorsqu’il affirme avoir totalement paniqué. «Vous avez pourtant changé d’habits, nettoyé le sang, fouillé le porte-monnaie de votre ami, acheté des cigarettes, bu un café au bar et cherché à vous procurer un sac poubelle (ndlr: de grande capacité).»

Mon client a d’abord frappé pour se défendre.

Me Dorian Zambaz, avocat du tueur

S’énervant facilement lorsqu’il était ivre, cet homme de corpulence athlétique est décrit comme étant alors agressif et bagarreur, alors qu’il est agréable le reste du temps. La procureure Catherine Seppey parle de responsabilité moyennement diminuée. Elle a balayé la thèse de la légitime défense.

La thèse de la légitime défense

Une thèse qu’a défendu l’avocat du prévenu. Me Dorian Zambaz a décrit une victime agressive et violente et d’une corpulence bien plus grande que l’accusé. «Mon client s’est retrouvé dans une posture délicate et a reçu plusieurs coups, semble-t-il avec la poêle. Il a frappé à son tour comme il a pu, pour se défendre.»

L’avocat reconnaît que, par la suite, cette défense n’a pas été proportionnée. Mais elle resterait excusable, vu la panique de son client et une responsabilité largement diminuée. Me Zambaz a nié tout acharnement. Il a plaidé le meurtre et non l’assassinat, ainsi qu’un simple traitement ambulatoire et une expulsion de cinq ans au plus.

«Je n’ai pas voulu tuer», a déclaré l’accusé en fin de procès, alors qu’à quelques mètres du tribunal, l’édition 2021 de la Sainte-Catherine vient de débuter.

Sierre: il avait tué un homme à coups de poêle et de massette

Un Portugais risque dix ans de prison et une longue expulsion de Suisse pour avoir tué un Français avec une violence inouïe en 2018 à Sierre. Les armes utilisées pour ce crime sont singulières.