Sur son promontoire dominant la plaine du Rhône, le château de Venthône a fière allure. A 805 mètres d’altitude, il se voit loin à la ronde. Son espace vert s’appelle joliment le Pré du Vent.

Certains rêveurs peuvent lui prêter de folles aventures au fil des siècles. Mais en réalité, cet édifice moyenâgeux n’a pas été bâti pour contenter une princesse mais pour servir de forte tour. Sa position permettait la surveillance des chemins et des routes. Il semblerait même, selon l’érudit Louis Blondel, «qu’à l’origine, pour parvenir à la porte d’entrée principale, au nord-ouest, il fallait franchir un pont et que ce pont était jeté par-dessus un fossé.»

C’est un chevalier, plus exactement le chevalier Pierre de Venthône, qui en fut un célèbre habitant. Nous sommes dans les années 1250. Mais certains historiens pensent que l’édifice est plus ancien. Dans ces murs se succédèrent plusieurs familles. Vers 1600, ce sont la Contrée de Sierre puis la Bourgeoisie qui s’y installèrent.

Aussi un lieu d’apprentissage

Louis-Fred Tonossi revient sur le passé plus récent. Ancien président de la commune et guide du patrimoine, il précise que le château a abrité l’école enfantine et l’école des filles jusque vers 1954, de même qu’une salle de répétition pour la fanfare et des locaux pour la Bourgeoisie de Venthône et la Grande Bourgeoisie de la Contrée de Sierre.

Dans ces années-là de grandes fissures ont été constatées. «Finalement le bâtiment a dû être évacué d’urgence», mentionne-t-il. La Bourgeoisie a dû définir les travaux à effectuer et les coûts en résultant. Très rapidement la tâche s’est avérée impossible en raison des moyens financiers. «Certains même proposaient que la future école qui devait se construire en remplacement aurait pu l’être à cet endroit, celui aurait signifié la démolition du château!»

C’est alors que les tractations de partage du château pour moitié à la commune ont abouti et «que le financement a pu être trouvé après un épisode d’opposition du WWF Suisse».

Les travaux seront alors entrepris de 1976 à 1978. Puis divers compléments furent réalisés pour qu’un établissement public puisse y être admis vers 1995. Mais aujourd’hui, il n’y a plus de restaurant et pour les réceptions, il faut faire appel à un traiteur.

Une tour à louer

Près de huit siècles après son édification, cette tour, malgré quelques transformations apportées aux XVe et XVIIe siècles, reste l’une des constructions militaires les mieux conservées de la fin de l’époque romane dans le canton. Et bonne nouvelle, elle peut être louée.

L’intendant fait visiter ce monument classé au niveau national à ceux qui veulent faire d’une journée une date inoubliable. De nombreuses réceptions de mariage s’y déroulent par exemple.

Le rendez-vous est fixé à la bien nommée place du Tilleul, non loin de la sculpture «La mère et l’enfant» de Geoff Troll. Louis Masserey commence par la contemplation de la vue sur la plaine avant de pénétrer dans l’espace appelé la salle à boire.

La salle à boire peut aussi être réservée pour des événements. © Heloïse Maret

Comme son nom l’indique, des Valaisans s’y retrouvent de mars à octobre pour partager une verrée après un baptême, un événement privé ou un enterrement. «En hiver, les portes sont closes», note-t-il. Ce guide met en avant un usage de caserne de pompiers. «Je demande aux visiteurs de lever les yeux pour admirer d’anciennes échelles en bois», explique-t-il.

Une deuxième surprise est révélée derrière une lourde porte. Dans cette cave, on découvre le tonneau des morts. «La tradition était qu’à chaque ensevelissement d’un bourgeois, la Bourgeoisie de Venthône se réunissait avec la famille du défunt pour exprimer ses condoléances en consommant son vin.»

Des surprises avec le vin

Le thème du vignoble est traité d’une manière différente avec quelque cinquante bouteilles de vin qui ont été enterrées par les vignerons-encaveurs en l’an 2001.

Ceux-ci souhaitaient par cette originale action mettre à l’honneur leur millésime et le changement de millénaire. Une cérémonie avait même été organisée sous le parrainage de l’ancien président de la Confédération Pierre Aubert et de la jeune championne suisse junior de karaté Lara Von Kaenel. Les crus pourront enfin être dégustés en 2050.

La salle des combles accueille de nombreux mariages. © Heloïse Maret

En empruntant l’escalier, on remonte en quelque sorte le temps. La salle boisée a été créée en l’an 1609 par la Bourgeoisie de Venthône qui reprit l’édifice. Un four en pierre ollaire impressionnant y a été installé.

Au dernier étage, la salle des combles peut accueillir des dîneurs sous la charpente apparente. Aujourd’hui, 80 convives y festoient. 40 autres invités peuvent déguster des plats dans la galerie qui jouxte un cachot. La formule séduit bon nombre de mariés qui ont envie de célébrer leur union dans un lieu particulier.

Espace culturel à découvrir

Si le château fait le bonheur des familles, il ravit aussi tous les amateurs de culture. Louis Masserey désigne la grande salle blanche qui sert de lieu d’exposition depuis 1989. De nombreux artistes et artisans du village y ont montré leurs créations. Depuis les présentations s’enchaînent. Elles ont attiré un nombreux public d’amateurs et de collectionneurs, comme lors de l’exposition de l’œuvre gravé de Palézieux, organisée en collaboration avec le Musée Jenisch de Vevey. Des concerts, des lectures et des pièces de théâtre y sont aussi régulièrement programmés.

La gravure dans tous ses états
Jusqu’au 26 juin, des gravures seront accrochées aux cimaises. En effet, Myriam Studer, présidente du comité de la galerie, explique que des œuvres notamment de Gérard de Palézieux, de Pierre-Yves Gabioud, de Gustav Oggier, d’Uli Wirz, d’Ilse Lierhammer, de Marie Escher-Lude et d’Ambroise Héritier seront en effet à contempler. Des ateliers ont aussi été prévus.

Dansez maintenant
Le Palp aime aussi la vie de château. La preuve, il a fait danser à plusieurs reprises des centaines de Valaisans dans les différents espaces. En effet, le festival qui chatouille vos sens y organise chaque année son désormais traditionnel bal masqué accompagné s’il vous plaît d’un banquet. La formule d’un lieu moyenâgeux avec des musiques actuelles fait merveille. L’association des Fêtes costumées ajoute une petite touche d’originalité à la manifestation.

Du mariage aux vœux
Pierre de Venthône a signé comme témoin dans les compromis de 1260 dans la guerre entre l’Evêque et Pierre de Savoie. Il avait épousé Antoinette d’Anniviers mais leur mariage se terminera d’une manière particulière. Huit ans plus tard, l’époux se retira du monde pour entrer comme novice à l’abbaye d’Hauterive. Son épouse entra en même temps dans un couvent situé non loin, celui de la Maigrauge.

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Venthône: la vie de château pour vos beaux jours

Le château, ancienne demeure fortifiée du chevalier Pierre de Venthône, est un lieu de rencontre mais aussi de culture. Entrez dans ce monument historique.