Marie Fugain est venue parler de son livre au château Mercier à Sierre

La comédienne, invitée par l'association DreamAgo, est venue parler de son livre dans lequel elle raconte la douleur causée par le décès de sa soeur.

04 mai 2012, 16:39
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Au château Mercier, baigné dans les rayons du soleil de Sierre, Marie Fugain apparaît, le sourire radieux. Invitée par l’association DreamAgo, qui tient dans ces lieux son atelier d’écriture de scénarios, l’actrice apprécie la beauté du décor.

Avant de rencontrer le public samedi matin à Sierre lors d’un «Café-Ciné» à l’Helvétia, puis pour une séance de dédicaces samedi après-midi, elle évoque son livre, «Moi, on ne m’a jamais demandé comment j’allais... Pourtant Laurette était ma sœur». Un ouvrage dans lequel elle raconte comment elle s’est retrouvée délaissée, depuis le décès de sa petite sœur Laurette, frappée par une leucémie, voilà 10 ans.

Avec ce livre, elle veut parler de «ceux qui vivent un deuil, un drame, qui ne sont pas forcément en ligne directe, et à qui on ne demande jamais comment ils vont». Des gens touchés, mais dont on pense qu’ils souffrent moins parce qu’ils ne sont pas les parents de la personne disparue. «J’avais envie de dénoncer cette hiérarchie de la douleur, que je trouve insupportable.» Une situation dans laquelle Marie s’est retrouvée lorsque sa sœur s’en est allée.

Le livre, aujourd’hui paru, a soulagé un peu la douleur de Marie Fugain: «ça m’a fait le plus grand bien, parce qu’au bout de 137 pages, quand j’ai mis le point final, j’ai senti que j’avais fait ma psychothérapie toute seule... Mais il n’y a rien de revanchard là-dedans. Mais, après la mort de Laurette, les gens venaient beaucoup me voir pour me demander comment allaient mes parents, comment allait mon petit frère, parce qu’il avait 9 ans à l’époque, et ça s’est arrêté là.

Les gens ont pensé  à tort, mais je ne peux pas leur en vouloir ¬ que comme j’étais grande, que j’avais ma vie, je venais de rencontrer celui qui allait être mon mari, ils ont pensé que quand on a 28 ans et qu’on perd sa sœur, ça fait moins mal. Mais  quand on perd sa sœur et qu’on a 28 ans, on a l’impression d’en avoir 8 et demi!»

La jeune femme s’est donc mise en paix avec cette situation qu’elle a été obligée de supporter. «J’ai profité de ce livre pour dire à mes parents que je ne leur en veux pas de ne pas avoir entendu mes cris. C’est mon cri d’amour pour eux.»

Télé ou ciné?

Marie Fugain, issue d’une famille artistique, «la tribu Fugain», n’a pas comme activité principale d’écrire des livres, même si elle nourrit d’autres projets littéraires: elle est comédienne depuis l’âge de 6 ans. Elle suit une carrère qui se dessine surtout à la télévision. Un choix de sa part ou une politique typiquement française qui sépare toujours cinéma et télé? «Au départ, j’ai fait de la télé, ensuite j’ai enchaîné avec le cinéma. Mais c’était à une époque où on ne voyait pas d’un mauvais œil qu’on puisse faire les deux, ce n’était pas péjoratif de faire de la télé. Maintenant, les gens de cinéma trouvent que la télé, c’est un peu «cracra»,  mais c’est ce qui les fait vivre aussi, en même temps...

C’est vrai qu’en France, on ne peut toujours pas faire de cinéma quand on a fait de la télé, quand on a fait une série populaire, comme ça a été mon cas. Quand j’ai commencé «Navaro», je me suis posé beaucoup de questions: mais je me suis dit que mon métier, c’était comédienne, que comédienne, ça veut dire jouer; je ne voulais pas jouer chez moi en attendant d’avoir un rôle au cinéma. Il fallait que j’apprenne, et je ne vais pas dire non à un projet si je peux en apprendre quelque chose... C’était une vitrine populaire extraordinaire, je ne voyais pas pourquoi je refuserais de travailler. Mais c’est sûr qu’après, ça a été très compliqué de revenir vers le cinéma.»

Aujourd’hui, Marie Fugain a élargi son univers. Avec sa famille, elle vit depuis sept mois au Québec, là où les frontières entre les arts ne sont pas autant marquée, là où tous les projets sont possibles. «Là-bas, il n’y a pas d’étiquettes, ils prennent des comédiens, point barre. Ils sont beaucoup plus ouverts.»

Parmi les projets que Marie Fugain veut réaliser, un documentaire sur «les oubliés de la douleur» et aussi d’autres idées autour de son livre. «Je sais que là-bas, les gens vont m’écouter.»

Aujourd’hui, son livre écrit, Marie Fugain se sent sereine: «Ma douleur, je l’aurais toujours. En revanche, ce que j’avais à dire est dit. Je suis comme une petite commode avec plein de petits tiroirs: j’ai compartimenté pendant dix ans... J’ai un naturel  extrêmement positif, plutôt «verre à moitié plein». Mais je savais que pour ma survie, il fallait que je compartimente, que je range ce qui faisait mal. Et une des choses que j’ai apprises pendant dix ans, c’est que si on n’a pas le contrôle sur quelque chose, ça ne sert à rien de se battre contre.»