Ces élèves de Grône ne prêtent plus attention à ce drôle d’appareil au fond de leur salle. Un écran, une sorte d’antenne blanche et des câbles qui partent vers un ordinateur portable, l’instrument a été placé tout au coin de la pièce, contre le mur sud, au plus près du plafond de ce pavillon qui accueille quelques classes primaires. «Ce magnétomètre permet de mesurer l’intensité des champs magnétiques», explique Nicolas Jordan, professeur de réseau électrique à la HES-SO Valais, qui a procédé à son installation en fin d’année dernière.

Ce magnétomètre permet de mesurer l’intensité des champs magnétiques.

Nicolas Jordan, professeur de réseau électrique à la HES SO Valais qui a installé l’appareil

L’emplacement n’a pas été choisi au hasard. Ce coin du centre scolaire est le plus exposé à la future ligne THT Chamoson-Chippis dont la mise en service est prévue pour l’automne 2022. «C’est le point où le champ magnétique sera le plus élevé», relève l’expert. L’installation précoce du magnétomètre vise à comparer la situation actuelle et celle au moment de l’activation de la ligne.

Des données bientôt en accès libre

Par la suite, les données enregistrées par le système vont permettre de vérifier en temps réel que l’autoroute électrique ne dépasse pas les valeurs fixées par la législation suisse en termes de rayonnement. Le grand public pourra les consulter directement en ligne, via «un site géré par la HES et indépendant de Swissgrid, qui devrait être opérationnel dans le courant du mois d’avril au plus tard», précise Nicolas Jordan.

Au moment de notre visite, en ce mercredi matin, le compteur affiche une valeur de 0,012 microtesla. Avec la mise en service de la ligne, ce chiffre devrait grimper mais rester très éloigné de la norme helvétique fixée par l’ORNI (ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant), selon les calculs de Swissgrid.

Lors de notre passage en classe mercredi matin, le magnétomètre affichait la valeur de 12 nanoteslas, soit 0,012 microtesla. Photo: Sacha Bittel /Le Nouvelliste

Pour rappel, dans les lieux à usage sensible comme une école, l’intensité du champ magnétique ne doit pas dépasser 1 microtesla, selon la législation suisse. Une valeur fixée sur la base du principe de précaution. En Europe, cette limite est établie à 100 microteslas.

Un double rôle pour la commune

Antoine Fournier, président de Grône, relève que ce n’est pas à la commune de juger de la pertinence de la norme fixée par la loi. «Par contre, on a souhaité se donner les moyens de vérifier que cette limite est bel et bien respectée et permettre aux gens de consulter les relevés en ligne en temps réel.»

En plus de ces contrôles, la commune a une autre responsabilité selon lui: celle de s’assurer de la pertinence des calculs présentés par Swissgrid avant l’activation de la ligne. En ce sens, l’année dernière, le président fraîchement élu avait annoncé mandater une expertise pour s’assurer de la sécurité des écoliers.

L’expertise mandatée a livré ses résultats

Les résultats de cette analyse, menée par la société électrique Groupe E ont été remis aux autorités communales récemment. Ils confirment que la ligne THT respecte sur le papier l’ORNI, «sans que des mesures particulières ne doivent être mises en place». Le document indique aussi que selon la simulation réalisée «l’intensité du champ magnétique au niveau du secteur de l’école de Grône sera inférieure à 0,08 microtesla». Soit théoriquement, 12 fois moins que la norme légale.

Antoine Fournier n’est pas surpris de voir confirmer les calculs de Swissgrid. Pour autant, selon lui, ces vérifications ne sont pas vaines. «Avec ces deux éléments (magnétomètre et étude), on est un peu plus serein à l’approche de l’activation de la ligne.» La commune attend aussi les premiers résultats une fois la ligne activée avant de se pencher sur d’autres solutions, si nécessaires, pour réduire les éventuelles nuisances.

Quand je vois l’analyse demandée par la commune et l’appareil installé dans une classe, je me dis qu’on ne va jamais déplacer cette ligne.

Sébastien Berguerand, habitant de Grône qui milite pour le déplacement des pylônes à proximité de l’école

Le déplacement des pylônes s’éloigne?

De quoi rassurer les opposants au tracé de la ligne THT à proximité de l’école? Pas vraiment.

Sébastien Berguerand, un habitant qui se bat de longue date pour éloigner la ligne du centre scolaire en déplaçant quatre pylônes, continue de penser qu’il serait plus sage de modifier le tracé pour protéger au mieux les enfants de l’école. «Mais quand je vois l’analyse demandée par la commune et l’appareil installé dans une classe, je me dis qu’on ne va jamais déplacer cette ligne. Pour la commune, ça ressemble beaucoup à une méthode pour se dédouaner et ne plus aller de l’avant avec le projet de déplacement des pylônes.»

La modification du tracé doit continuer d’avancer au canton pour offrir une autre solution en cas d’écart entre la réalité et les calculs au moment de l’activation de la ligne.

Antoine Fournier, président de Grône

Antoine Fournier assure que ce n’est pas le cas. «La modification du tracé doit continuer d’avancer au canton pour offrir une autre solution en cas d’écart entre la réalité et les calculs au moment de l’activation de la ligne.»

Vers une «nouvelle appréciation de la situation»

Pour mémoire, le déplacement de quatre pylônes à Grône et d’un autre à Chalais devrait coûter 7 à 8 millions de francs aux collectivités publiques et ne pourra se réaliser qu’après la mise service de la ligne.

A ce sujet, le Département cantonal des finances et de l’énergie indique être «toujours en discussion avec Swissgrid, qui n’a pas encore pris position sur le projet de déplacement de l’Etat». Le canton note qu’en ce qui concerne Grône, «à la suite des mesures effectuées (magnétomètre et étude) par la commune, une nouvelle appréciation de la situation doit être faite avec celle-ci». Sans plus de précisions pour le moment.

Première cantonale à Grône: les 3 partis politiques de la commune coorganisent un loto

Pour la première fois, le Centre, le PLR et l’UDC de Grône organisent un loto en commun à la salle Recto Verso. Une démarche qui pourrait bien être inédite à l’échelle cantonale.