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Quelle est la situation du patinage artistique en Valais, discipline plus exigeante que jamais?

Jamais le Valais n’avait compté autant de clubs de patinage artistique. Mais seul un quart des licenciés sont actifs dans la compétition.

26 janv. 2021, 20:00
Le Valais compte six clubs de patinage artistique, tous situés dans la partie francophone du canton.

Le patinage artistique? Pour le grand public, il se résume aux championnats du monde ou aux Jeux olympiques. Encore plus dans ce coin de pays où l’enfant prodige Stéphane Lambiel s’est battu durant de longues années pour les précieux métaux, qu’ils soient de bronze, d’argent ou d’or. «Je n’ai pas de boule de cristal, mais franchement je ne sais pas si on aura un jour un nouveau Stéphane Lambiel. Il est si particulier.» Quand elle évoque le double champion du monde et vice-champion olympique, la responsable technique de l’Association valaisanne de patinage et responsable du cadre romand Danièle Dubuis Pilloud replonge dans un passé lumineux. «Le Valais a connu de très belles années dans le patinage artistique.» 

Six clubs, un record

Si le canton n’a pas encore trouvé le successeur de Stéphane Lambiel, il peut se targuer de compter six clubs actifs dans le patinage artistique: Sion, Martigny, Monthey, Verbier, Champéry et l’Ice Skating Club de Crans-Montana, Sierre et Régions. Jamais, depuis la naissance des premiers clubs en Valais à la fin des années 50, il n’y en a eu autant que depuis 2017. «Tous ces clubs proposent des cours collectifs pour les enfants, de la précompétition, du niveau régional, romand, suisse et international.»

A lire aussi : Stéphane Lambiel crée la Skating School of Switzerland à Champéry

Aucun club dans le Haut-Valais

Et de l’autre côté de la Raspille, alors? Rien de tout cela. Du côté germanophone du canton, il n’existe tout simplement pas de club de patinage artistique. «Le Haut-Valais, c’est le hockey», sourit Danièle Dubuis Pilloud. «Je ne dis pas qu’il n’y a pas de patinage, puisque Loèche a accueilli une multitude de camps, que Brigue a eu ses stages et a ses heures de patin aujourd’hui encore. Mais il n’y a pas de clubs dédiés à cette discipline.»

Il n’y a pas de clubs dédiés à cette discipline dans le Haut-Valais. 
Danièle Dubuis Pilloud, responsable technique de l’Association valaisanne de patinage

L’histoire de ce sport cherche ainsi encore et toujours à écrire ses premières pages dans le Haut-Valais. Une esquisse existe depuis que le Sédunois et quadruple champion national Stéphane Walker, à côté de sa formation en Italie, dispense des cours à l’Iischi Arena de Brigue, l’une des trois patinoires ultramodernes que compte le Haut-Valais. Ou encore depuis que le Français Bruno Massot, ancien champion du monde et champion olympique, a organisé des stages l’été dernier sur cette même glace. Et qui avait laissé entendre qu’il pourrait y revenir à l’avenir. «Mais il est professeur à Bienne», rappelle Danièle Dubuis Pilloud. «Brigue accueille aussi des patineurs de tout haut niveau provenant de Zurich-Oerlikon.»

Un quart des licenciés valaisans en compétition

En attendant une éventuelle ouverture de club dans le Haut, ce sont les six clubs du Valais francophone qui accueillent les 330 patineuses et patineurs licenciés annoncés auprès de Swiss Ice Skating. Parmi eux, 80 prennent part à des compétitions, tous niveaux confondus. Soit 25%, seulement. Un pourcentage qui peut étonner.

Mais qui peut se comprendre quand on sait que le patinage a un certain coût. «Pour du patinage effectué dans un simple esprit de plaisir, c’est très accessible. Mais dès qu’on se met à la compétition, cela peut effectivement devenir onéreux», reconnaît Danièle Dubuis Pilloud . «S’il n’y avait que la cotisation au club à payer, ça irait. Mais il y a bien d’autres frais.»

Dès qu’on se met à la compétition, cela peut devenir onéreux. 
Danièle Dubuis Pilloud, responsable technique de l’Association valaisanne de patinage

Des patins entre 500 et 2000 francs

La responsable fait référence aux heures de cours, au matériel, aux habits d’entraînement et de compétition, avec toutes les protections et les rembourrages qui vont avec, ou encore aux aiguisages réguliers des patins. Sans oublier les inscriptions aux compétitions. «Et une paire de patins pour de la compétition ne coûte pas 100 francs. On oscille plutôt entre 500 et 2000 francs.»

© Sacha Bittel

Travail hors glace et génération zapping

Les finances n’expliquent pas le peu d’athlètes valaisans présents en compétition. Pour grimper les échelons, il s’agit aussi de travailler. Travailler dur. L’entraînement sur la glace est une chose. L’entraînement hors glace qui va de la condition physique à la chorégraphie, en passant par la danse, le renforcement et les entraînements pour les sauts et rotations, en est une autre. «Entre la glace et le hors-glace, on va bientôt arriver à du 50/50», assure Danièle Dubuis Pilloud. «Si le travail hors glace est bien fait, vous avancez plus vite sur la glace.»

Le patinage, ce n’est pas qu’une jupette et des paillettes.
Danièle Dubuis Pilloud, responsable technique de l’Association valaisanne de patinage

Avec, pour objectif, d’être tonique et très souple. Une exigence et une rigueur d’entraînement qui peuvent en freiner plus d’un. «Le patinage, ce n’est pas qu’une jupette et des paillettes. Il y a vraiment un travail très rigoureux à accomplir en amont.»

Enfin, la responsable technique de l’AVP reconnaît qu’il y a moins d’engouement que par le passé. «Les gens sont moins d’accord de se donner autant pour des résultats qui, au final, ne sont pas à la hauteur de leurs engagements. Mais on ne se retrouve là pas face à un problème propre au patinage. C’est un problème sociétal. Sans oublier que la génération zapping fait que les jeunes changent plus vite de discipline, en en tentant une avant de se tourner vers une autre.»

De la place pour la compétition malgré un accent sur le loisir

© Sacha Bittel

Aujourd’hui, plusieurs clubs valaisans peuvent néanmoins se targuer de compter dans leurs rangs des patineurs évoluant à un niveau national. «Il y a treize patineuses, aucun garçon, qui proviennent actuellement d’un des six clubs valaisans qui patinent à ce niveau», confirme la responsable technique de l’association cantonale. Un chiffre qui est en augmentation en regard de ces dernières années. «Et on ne compte pas là-dedans Oxana Vouillamoz qui a le niveau national en patinage en couple et qui s’entraîne à Bienne et Stéphane Walker, international en danse sur glace parti en Italie.»

Un nombre qui confirme que, même si «le Valais est avant tout un canton basé sur le patinage loisir», tel que l’assure Danièle Dubuis Pilloud, il y a de la place pour le patinage de compétition. 

Un team Valais en lieu et place des cadres

Et les cadres valaisans? Il n’y en a pas. Cela ne veut pas dire que l’association valaisanne est inactive pour autant. Bien au contraire. En lieu et place des cadres, elle a mis sur pied un team valaisan. Lequel se regroupe six fois par saison du côté de Champéry pour des stages. «Contrairement aux cadres où les jeunes pourraient ressentir une certaine obligation, la présence au team valaisan est facultative. Les entraîneurs n’ont face à eux que des jeunes motivés. Ces stages sont offerts par l’association.»
Autre preuve de l’activité de l’association, l’organisation de sa traditionnelle Coupe du Rhône. «Une année sur deux, elle sert de qualification aux championnats suisses. Le meilleur de sa catégorie est aussi désigné champion valaisan.»
 

La double casquette de Champéry
A Champéry, il existe le club de patinage qui fait partie des l’Association valaisane de patinage mais aussi l’école Skating School of Switzerland, une école créée par Stéphane Lambiel en 2014. Au Palladium de Champéry, le double champion du monde et vice-champion olympique accueille des patineurs du monde entier. «Ils vont pour ses qualités, évidemment. Se crée ensuite une saine émulation. C’est juste magnifique ce qu’il a mis en place», apprécie Danièle Dubuis Pilloud.  L’Americano-Suissesse Alexia Paganini, 19 ans, a ainsi quitté New York pour poser ses patins du côté de la vallée d’Illiez l’année dernière. Championne de Suisse, elle a pris part à ses premiers Jeux olympiques en 2018. 
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