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Maladie de Lyme: deux Valaisans témoignent

On est en pleine saison des tiques. Outre l’encéphalite, l’acarien peut transmettre la maladie de Lyme, affection touchant le système nerveux. Après nos conseils, ce vendredi matin, voici les témoignages de deux Valaisans touchés dans leur chair par la maladie.

30 juin 2017, 06:41
/ Màj. le 30 juin 2017 à 17:30
C'est une tique Ixodes ricinus, l’espèce la plus répandue en Suisse, qui a transmis à Sandra Rouiller et Arnaud Bouduban la borréliose de Lyme. 20 à 50% des tiques sont porteuses de la bactérie responsable de cette maladie qui peut s'attaquer au système nerveux.

Arnaud Bouduban, Les Collons: «J’étais un mollusque, je n’avais plus de force»

«Je me souviens juste avoir éteint ma tronçonneuse, et puis c’est le black-out.» C’est le coup de téléphone d’un collègue inquiet qui le tire de son trou noir. Ce jour de juillet 2015 dans les forêts de Mase, Arnaud Bouduban s’est effacé. A 27 ans, il vient de passer ses examens de forestier-bûcheron. Mais cela fait plusieurs semaines que ça ne va plus.

«Dans ce job, on est conscient de ce risque»

C’étaient d’abord des plaques rouges sur tout le corps. «Ce n’était pas alarmant, tout juste un peu désagréable. Je suis allé voir un dermatologue, qui m’a prescrit une pommade à la cortisone. C’est passé.» Les troubles de la concentration qui suivent ne le dérangent pas beaucoup plus. Plus ennuyeuses sont les fatigues, «pesantes, handicapantes» pour son métier. C’est que le jeune homme, ancien skieur chevronné et sergent à l’armée, est plutôt du genre dur au mal.

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Mais les douleurs articulaires, parfois violentes, sont de trop. Il va voir un médecin, puis un deuxième, demande qu’on lui cherche la borréliose de Lyme. Car Arnaud le sait: son métier l’expose aux tiques. «Dans ce job, on est conscient de ce risque. J’étais d’ailleurs vacciné contre l’encéphalite. Alors à la fin de la journée, on enlevait les deux ou trois tiques qui s’étaient accrochées et on désinfectait, point barre.»

Trop malade pour travailler, trop valide pour être considéré comme malade

La sérologie est positive. Ce sera un antibiotique, pendant trois semaines. «Mais j’étais déjà trop avancé dans la maladie. Je travaillais toujours, mais mon amie devait me mettre mes chaussettes et mes chaussures, et je commençais à avoir des vertiges.» Jusqu’au jour du black-out.

S’ensuivent deux semaines d’hôpital, et toute une batterie d’examens. «J’étais un mollusque, je n’avais plus de force, je ne pouvais plus tenir une bouteille.» Les quatre mois suivants, Arnaud dort entre 18 et 22 heures par jour. Et, depuis, se remet lentement. «Je ne suis pas redevenu ce que j’étais, mes articulations sont grippées et j’ai encore des vertiges occasionnels, mais ça va beaucoup mieux. Ce n’est pas non plus un cancer…»

Ne pas tomber dans la parano

Problème: il est «trop malade pour travailler, mais trop valide pour être considéré comme malade». Alors aujourd’hui son combat est double: Arnaud se bat contre la borréliose et pour une reconnaissance de la forme chronique de cette dernière. «J’ai la chance d’avoir une famille et une compagne bienveillantes et attentives. Sans elles je serais sous un pont.» Pourtant, aucun ressentiment chez Arnaud. Juste un message. «La nature est belle, il faut continuer d’aller en forêt, de s’y promener. Mais il faut être conscient des risques et prendre ses précautions.»

Sandra Rouiller, Loc-sur-Sierre: «Je n'arrivais plus à interagir avec les gens»

L’impression que les informations traversaient le cerveau sans pouvoir être traitées. Pendant un mois, Sandra Rouiller s’est «vue vivre», comme en parallèle de son corps et de sa tête. «Je n’arrivais plus à réfléchir et à interagir avec les gens, raconte la trentenaire, courtière en immobilier à Sierre. «Pour moi qui suis plutôt dynamique, sociale, c’était une claque. Je sentais que je devenais un boulet. Les douleurs, migrantes et parfois très vives, ont duré trois mois. Et il a fallu six mois pour que je me remette complètement.»

Une fatigue immense

Les faits remontent au printemps 2013. Ce matin-là, Sandra Rouiller part chercher des morilles dans les forêts proches du hameau de Loc, sur la route de Crans-Montana. L’après-midi, elle assiste à un combat de reines. Le soir, cette grande sportive se sent «raide, inerte». Une «fatigue immense» qu’elle met sur le compte d’une journée passée en plein air.

Ce n’est que le lendemain qu’elle s’inquiètera. Partie en balade, elle se sent épuisée au bout de 200 mètres. «J’ai commencé à flipper. J’ai pensé à une grippe. Et puis en parallèle, j’avais une petite tache rouge derrière le mollet. Au début, je n’ai pas fait le lien. Je me disais que c’était peut-être une araignée.»

Une chance: la maladie a été traitée tôt

Sandra se renseigne sur internet, se rassure en voyant que «sa» rougeur ne prend pas la forme d’une auréole. Mais cette dernière apparaît au bout d’une semaine. «A partir de là, j’avais compris. C’était clair et net – même si j’ai appris plus tard que l’auréole ne se formait pas à tous les coups.» Sandra se rend alors chez son médecin. Le test sérologique confirme l’infection par la borréliose de Lyme.

Débute alors le traitement. Un antibiotique, durant deux semaines. Sur internet, visitant des forums de personnes ayant contracté la maladie, Sandra apprend que trois semaines d’antibios ne sont pas de trop. Son médecin, «compréhensif», accepte de prolonger. «On a vraiment collaboré, j’avais mon mot à dire», se réjouit-elle. «Et heureusement. Car le 21e jour s’est produite le fameux phénomène de Herx.» De son nom complet «de Jarisch-Herxheimer», il est une réaction inflammatoire de l'organisme qui peut apparaître en réponse à une guérison spontanée ou à certains traitements médicaux  ciblant des bactéries spirochètes, type borrélia. «Ça a duré dix minutes, j’avais l’impression que tout était en feu à l’intérieur. Et puis le lendemain, je me suis retrouvée.»

Dans le cas de Sandra Rouiller, le traitement a pu être entrepris rapidement, dans les dix jours après la piqûre. Aujourd’hui, elle le reconnaît: «J’ai eu de la chance dans mon malheur.»

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