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Le plus grand skieur suisse de tous les temps fête un demi-siècle

Pirmin Zurbriggen, le plus grand skieur suisse de tous les temps, fête ses cinquante ans. L'occasion de revenir sur la fabuleuse carrière de "la Perle des Alpes".

02 févr. 2013, 07:50
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Tous les amateurs de ski alpin se rappellent de ces années 1980 glorieuses où l'équipe de Suisse amassait tous les trophées sur son passage. Une période bénie, désormais révolue, qui porte le sceau de grands champions dont l'aura est encore perceptible aujourd'hui. Parmi ces légendes, Pirmin Zurbriggen fêtera lundi son demi-siècle. Depuis ses nombreux triomphes, deux décennies se sont écoulées, mais personne n'a oublié "la perle des Alpes", à l'image de ce client de l'hôtel Zurbriggen à Zermatt qui demande un autographe avant de quitter les lieux. Pirmin Zurbriggen est un mythe. Retour sur une carrière et une vie prodigieuses.

 

L'ENFANCE

 

Pirmin Zurbriggen est né le 4 février 1963 à Saas-Almagell. Elevé à la montagne, il était naturel qu'il chausse les lattes dès son plus jeune âge. Mais avant d'être un skieur, le Valaisan était un touche-à-tout. "Je ne me rappelle pas exactement quand j'ai mis les skis pour la première fois, mais je devais avoir 3 ans. Ce n'était pas le seul sport que je pratiquais; je me suis essayé au football, au hockey ou encore au tennis. J'ai toujours aimé tous les sports et en faire un maximum m'a permis de devenir polyvalent et de m'adapter à différentes situations durant ma carrière. Mais j'ai vite réalisé que mon coeur battait pour le ski. Je n'étais pas le plus doué, mais j'avais ce souci permanent de ne jamais vouloir perdre. Mon style se résumait à tout ou rien, et j'ai travaillé avec une énorme motivation dans le but de devenir toujours plus performant. J'ai eu la chance de passer en Coupe du monde grâce au talent et à la volonté. Mais il ne faut pas croire que j'étais arrivé au sommet. Dès que tu prends ton premier départ chez les pros, tout recommence à zéro."

 

LES DEBUTS EN COUPE DU MONDE

 

A 17 ans et 11 mois, le Haut-Valaisan fait ses débuts en Coupe du monde à Ebnat-Kappel, dans le canton de Saint-Gall, dans le cadre d'un combiné en janvier 1981 où il terminera bon 5e. Pirmin mettra peu de temps à s'installer parmi l'élite, notamment en géant et en combiné, avant de s'affirmer en vitesse dès 1983. Il remporte son premier grand globe de cristal en 1984. "Je me rappelle avoir été frustré une année avant mes débuts, car je performais déjà en Coupe d'Europe et on ne m'avait pas donné ma chance. Cela m'avait fait mal et j'ai appris à accepter les décisions pour revenir plus fort. Lorsque j'ai pris mon premier départ en Coupe du monde, je ne savais pas à quoi m'attendre, j'étais assailli par l'émotion et l'espoir de faire quelque chose de bien. Je me suis vite aperçu que les détails étaient très importants à ce niveau. Aux entraînements, j'ai toujours été rapide, mais je peinais à reproduire ce ski en course pour terminer régulièrement sur les podiums. J'avais 20 ans et je me posais certaines questions, car je savais que je pouvais concurrencer des champions comme Stenmark. J'ai pris le temps pour avoir confiance en mes moyens. Je suis resté calme, je me suis concentré, et à partir de là, ma carrière fut véritablement lancée."

 

LE GENOU DE LA NATION

 

Janvier 1985. Pirmin Zurbrig gen remporte coup sur coup les deux descentes de Kitzbühel et domine la Coupe du monde, devenant l'ultra-favori des Mon diaux de Bormio qui doivent se dérouler trois semaines après. Mais une blessure au ménisque le perturbe dans sa préparation et devient une affaire d'Etat. Le reste est un conte de fées. "J'ai eu l'impression de tourner un film. Je me suis blessé au genou juste après Kitzbühel et j'ai dû subir une arthroscopie. Je pensais que les Jeux étaient faits et que je devais déclarer forfait. Mais j'étais jeune, enthousiaste, avec une grosse volonté de revenir, notamment grâce à l'intérêt de la population. Je recevais chaque jour entre 800 et 1000 lettres, toutes extraordinaires, même si j'avoue ne pas avoir eu le temps de toutes les lire. Cela m'a donné énormément de force, et cinq jours après mon opération je suis allé courir 6 kilomètres. Mon médecin était fâché, mais je lui ai dit que je n'avais plus mal. Il m'a répondu: "Tu vas être le plus gros problème de ma vie, car tout le monde va croire que l'on peut guérir d'une blessure au genou en un rien de temps". A Bormio, je remportai le géant et le combiné sans aucune douleur. En y repensant maintenant, je me demande comment j'ai pu réaliser cela. Ça dépasse l'entendement."

 

L'UNITE DE CRANS-MONTANA

 

Lors des Mondiaux de 1987 à Crans-Montana, la Suisse écarte toute concurrence et empoche la bagatelle de 14 médailles dont 8 en or. Pirmin Zurbriggen, devant son public, en engrange quatre dont deux du plus beau métal en super-G et en géant. Le Valaisan n'oublie cependant pas que le titre de géant n'aurait pas forcément dû lui revenir. "J'ai vécu deux semaines formidables, je courais à la maison, dans une ambiance extraordinaire. C'était la chance de ma vie de participer à un tel événement à domicile. J'en ai profité un maximum tout comme le reste de l'équipe. Nous avons eu la chance de remporter directement un titre, ce qui a eu un effet boule de neige sur les autres membres du team. Nous avions l'impression que rien ne pouvait nous arriver, tant nous formions une équipe unie et de qualité. Les gens ont tendance à oublier, mais Joël Gaspoz aurait dû s'imposer en géant. Il était en tête à l'issue de la première manche. Avant de m'élancer sur le second parcours, je lui ai dit que j'étais fatigué, que j'essaierai avant tout d'assurer une médaille et que c'était sa chance. Lorsqu'il a chuté à deux portes de l'arrivée alors qu'il était en avance, je ne pouvais pas le croire. Je n'ai pas vraiment pu me réjouir de ce titre, j'avais vraiment mal au coeur pour lui."

 

LA CONSECRATION DE CALGARY

 

Toute sa carrière durant, le skieur haut-valaisan fut obnubilé par ce morceau de métal olympique en or qu'il souhaitait voir orner son cou. Ce jour de février 1988, doté du dossard 14, Zurbriggen conquiert enfin le dernier titre majeur qui manquait à son incroyable palmarès. "Depuis mon échec de Sarajevo, je me suis préparé pour cette échéance. En arrivant dans la station de Nakiska, je savais que je tenais la forme de ma vie. J'avais la pression, tout le monde m'imaginait déjà avec cinq médailles autour du cou. Au final, les conditions durant ces deux semaines étaient tellement exécrables, que je me suis dit que je serais déjà heureux avec un podium. Puis, ce titre olympique est arrivé, une consécration. Tous mes amis étaient présents, ma future femme également, tout le pays vibrait, c'est difficile d'expliquer les émotions que l'on peut ressentir à ce moment-là. C'est une chance énorme que de se retrouver seul au sommet, lorsque tu songes que tu n'es pas le seul à avoir travaillé dur pour obtenir ce sacre. Je remercie encore Dieu."

 

UNE RETRAITE HEUREUSE

 

Pirmin Zurbriggen décide de ranger ses spatules à l'issue de l'hiver 1989-1990, qui l'aura vu triompher une quatrième et dernière fois au classement général. Rapidement, il reprend l'hôtel familial et construit une famille tout en restant proche du ski et de sa relève valaisanne. "Je souhaitais connaître un nouveau challenge, devenir quelqu'un de normal. J'ai reçu le soutien de ma famille et j'ai immédiatement eu de l'intérêt pour ma vie d'hôtelier. J'ai dû changer de caractère, puisque j'étais quelqu'un de réservé, timide et aujourd'hui je prends les gens plus ouvertement, je les accueille à bras ouverts. C'est également mon amour des gens qui m'a donné envie de faire profiter de mon expérience aux jeunes dans une vraie structure à l'intérieur de l'association régionale Ski-Valais. Je voulais les encourager à faire du ski tout en conciliant les études. Mettre en place un système de sport-études à Brigue fut une vraie réussite. C'est toujours un plaisir de travailler avec ces jeunes, je les aime tous, peu importe qu'ils gagnent ou non, ou qu'ils fassent du ski uniquement pour le plaisir."

 

UNE FAMILLE SOUDEE

 

La famille est un élément indissociable de la nouvelle vie menée par le champion. Marié, Pirmin Zurbriggen est l'heureux père de cinq enfants. "La famille est le crochet de la vie et lui donne un sens. Je ne pourrais pas m'imaginer aujourd'hui sans ma femme et mes enfants. Nous avons un tel amour, une telle compréhension entre nous. Je me suis aussi remis au sport grâce à eux. Ce sont tous des amateurs de ski, et, mis à part la petite dernière, ce sont des mordus de compétition. La relève est assurée au sein de la famille, et je trouve simplement fantastique ce qu'ils réalisent et leur volonté de faire du ski de haut niveau (ndlr: Elia a déjà participé à une course de Coupe du monde début janvier à Adelboden) . Cela va être difficile pour moi lorsque le premier de mes enfants quittera la maison.

Pirmin Zurbriggen né le 4 février 1963 à Saas-Almagell. Marié à Monika, il a 5 enfants: Elia (22 ans), Pirmin (20), Maria (18), Alain (14) et Leonie (4). Coupe du monde 211 départs, 83 podiums, 40 victoires. Vainqueur du général de la Coupe du monde (1984, 1987, 1988 et 1990), des petits globes de descente (1987 et 1988), de super-G (1987, 1988, 1989, 1990), de géant (1984, 1987, 1989) et de combiné (1986, 1987, 1990).

Championnats du monde : 4 médailles d'or (1985 Bormio en descente et en combiné, 1987 Crans-Montana en super-G et en géant), 4 médailles d'argent (1985 Bormio en géant, 1987 Crans-Montana en descente et en combiné, 1989 Vail en super-G) et 1 médaille de bronze (1989 Vail en géant). Jeux olympiques 1 médaille d'or (1988 Calgary en descente) et une médaille de bronze (1988 Calgary en géant).

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