C’est officiel. Le Giro 2023 s’arrêtera bien en Valais ainsi qu’on le pressentait depuis quelques mois. Crans-Montana accueillera la première étape dans les Alpes, le vendredi 19 mai, l’une des journées les plus difficiles au menu du peloton. Le lendemain, c’est Sierre qui donnera le départ. Même si le Tour d’Italie n’a pas l’aura du Tour de France, auprès du grand public, il est l’un des trois grands Tours et, aussi, l’une des courses les plus animées du calendrier. Le parcours officiel a été présenté, lundi en fin d’après-midi, à Milan, en présence d’une forte délégation valaisanne.

Une première depuis soixante ans

Le Giro en Valais, c’est rare: voilà soixante ans, en mai prochain, que le Tour d’Italie n’avait plus fait halte dans notre canton. En 1963, il s’était arrêté à Loèche-les-Bains. En 2006, le peloton n’avait fait que traverser notre canton. Depuis que le consulat d’Italie en Valais a sondé l’intérêt du canton pour une étape, voilà trois ans, plusieurs destinations se sont manifestées. C’est Crans-Montana qui a été choisie. «Le Giro est un tour favorable aux attaquants et aux grimpeurs», précise Steve Morabito, responsable de l’Association Giro Valais 2023 et ancien coureur du Giro. «Je l’ai disputé sept fois. J’ai toujours comparé le Tour de France, en juillet, à un grand zoo et le Tour d’Italie, en mai, à un musée. On y ressent la passion et la ferveur d’un public connaisseur. C’est un sentiment très palpable de la part des coureurs. A titre personnel, c’était ma course préférée. En plus, elle est davantage accessible pour les destinations que le Tour de France.»

Pour Crans-Montana, le timing est idéal pour lancer la saison.

Yves-Roger Rey, secrétaire général de l’Association des communes de Crans-Montana

L’arrivée à Crans-Montana: au départ de Borgofranco d’Ivrea, à 60 kilomètres au nord de Turin, les coureurs rouleront durant 208 km et avaleront 5100 mètres de dénivelé pour rallier Crans-Montana le vendredi 19 mai. Il s’agira de la première étape dans les Alpes et de l’une des journées décisives dans l’optique du général. «Des étapes de plus de 5000 mètres, dans l’histoire du Giro, il n’y en a pas eu tant que ça», se réjouit Steve Morabito. «Le Giro voulait une grande étape de montagne.»

L’organisateur du Giro, RCS, s’est rendu en Valais le 28 septembre dernier. © maximeschmid Giro Valais

Le menu est copieux. Après le col du Grand-Saint-Bernard, si la route a pu être déneigée d’ici là, le peloton grimpera depuis Verbier au sommet de la Croix-de-Cœur avant le retour en plaine et l’ascension finale depuis Granges, via Flanthey, Lens et Crans-Montana par la route du Golf pour arriver dans la station à la hauteur de l’Etang Long où sera dessinée l’arrivée. Le passage du Grand-Saint-Bernard coïncidera avec la «Cima Coppi», le sommet le plus élevé de cette édition. «Il faut deux semaines pour déneiger le col», précise Steve Morabito. «Nous avons toutefois obtenu des services du canton qu’ils feront tout ce qui est possible pour ouvrir la route. Le cas échéant, les images des coureurs entre les murs de neige seront magnifiques. Si ce n’est pas possible, le peloton franchira le col via le tunnel.»

L’arrivée devant Etang Long

Les premiers coureurs sont attendus devant Etang Long entre 17 heures et 17 h 30, au lendemain de l’Ascension. «Le timing est idéal pour lancer la saison», applaudit Yves-Roger Rey, secrétaire général de l’Association des communes de Crans-Montana. «Nous avons une grosse clientèle italienne, propriétaire notamment de résidences secondaires. En arrière-plan, nous aurons le domaine skiable, ce qui assurera des images magnifiques. Ce final empruntera des routes où le trafic est réduit et occasionnera donc le moins de désagréments possible. L’accès pour le public sera aussi facilité, ainsi que le retour en plaine. L’étape étant déjà très longue, il n’était pas possible d’imaginer une boucle un peu plus atypique.»

L’endroit où sera dessinée l’arrivée à Crans-Montana, en mai prochain. © maximeschmid Giro Valais

Le village de départ sur la Plaine Bellevue

Le départ à Sierre: le lendemain, samedi 20 mai à 12 h 05, les coureurs quitteront la Ville du Soleil depuis la Plaine Bellevue où sera érigé le village de départ. Ils rouleront sous conduite jusqu’à Salquenen où sera donné le départ officiel. Ils remonteront le Rhône, via Rarogne, grimperont une petite bosse à Ausserberg et Baltschieder avant de rallier Brigue et d’emprunter le col du Simplon pour rentrer en Italie. L’arrivée est prévue à Cassana Magnago, juste avant Milan. «C’est l’occasion pour nous, le samedi matin, d’organiser un gros événement entre les stands du village et la présentation des équipes», explique Eddy Beney, conseiller communal chargé de la sécurité publique et du sport. «Lorsque nous avons été sollicités, la réponse a tout de suite été favorable. Les bus partiront avant les coureurs afin d’anticiper le passage du Simplon. Ainsi, les coureurs en descendront plus vite et seront donc bien visibles des spectateurs.»

Toutes les étapes du Giro sont retransmises en intégralité.

Le budget pris en charge par les collectivités publiques

Plus d’un million de budget: le coût s’élève entre 1 et 1,2 million de francs. Il est essentiellement pris en charge par les collectivités publiques, entre le canton et les communes pour une part quasi identique. «Quand le consul d’Italie est venu me voir, j’ai immédiatement prévenu Frédéric Favre, le conseiller d’Etat», explique Grégoire Jirillo, chef de l’Office cantonal du sport. «Le canton n’a pas hésité une seconde à soutenir financièrement l’opération et, même, à aider Sierre pour organiser le départ. Notre participation pour Crans-Montana est équivalente à celle de Finhaut pour le Tour de France. Sans un soutien politique, de tels événements ne sont pas envisageables. L’idée est d’ailleurs de pérenniser le rendez-vous et d’accueillir le Giro tous les trois, quatre ou cinq ans.»

Les retombées seront directes grâce aux équipes, aux suiveurs et aux spectateurs et indirectes en termes de visibilité.

Steve Morabito, responsable de l’Association Giro Valais 2023

Des retombées inestimables: ces deux étapes organisées au cœur du week-end de l’Ascension ont valeur de jackpot pour les destinations et le Valais. «A cette période, les gens ont l’habitude d’aller au soleil, souvent en Italie», sourit Steve Morabito. «Cette fois, c’est l’Italie qui vient chez nous.» Au-delà du clin d’œil, les retombées directes et indirectes sont bien réelles. «Ce sont déjà quelque 2000 personnes qui logeront dans le Valais central, sans évoquer bien sûr les spectateurs. Une étude a démontré que le public du Giro qui passe une nuit sur place dépense quelque 250 euros. Celui qui effectue un aller-retour lâche environ 90 euros. Dans l’aire d’arrivée, on peut attendre entre 15 et 20 000 spectateurs et quelques dizaines de milliers le long des routes ainsi qu’au départ, le lendemain. Il y a encore des retombées indirectes en termes d’image et de visibilité. C’est tout le canton qui doit s’approprier cet événement et organiser des manifestations lors du passage du peloton. Enfin, le Giro est l’occasion de montrer notre terrain de jeu et de faire briller les yeux des enfants qui, derrière, voudront peut-être faire du vélo.»

Steve Morabito présente le tracé imaginé par l’organisation locale aux membres de la délégation italienne et à la police cantonale. © maximeschmid Giro Valais

Cyclisme: Crans-Montana et Sierre s’habillent en rose à 100 jours du départ du Giro

Le Tour d’Italie fera halte à Crans-Montana le 19 mai et repartira de Sierre, le lendemain. A 100 jours du grand départ, toutes les villes étapes ont été illuminées en rose.