La conférence internationale de paix Genève 2 sur la Syrie devrait avoir lieu les 23-24 novembre, a déclaré jeudi à Moscou le vice-Premier ministre syrien Qadri Jamil. Il a indiqué avoir discuté de cette question avec la diplomatie russe.
L'armée syrienne, appuyée par le Hezbollah libanais, a repris mercredi aux rebelles une localité stratégique proche de Damas. Les combats se poursuivaient ailleurs dans le pays, alors que Washington presse l'opposition de participer à une conférence de paix à Genève.
L'agglomération de Boueida fait partie depuis plusieurs mois de la ceinture contrôlée par les rebelles au sud de Damas. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et les médias officiels syriens ont confirmé cette prise. Vendredi dernier, les forces loyalistes avaient repris deux autres bastions rebelles dans la même zone.
Ailleurs, les violences se sont multipliées notamment dans le sud du pays, où au moins 21 personnes, dont quatre enfants, ont été tuées dans l'explosion d'un véhicule près de Nawa, dans la province de Deraa. Des militants ont accusé le régime d'avoir posé des explosifs sur la route, tandis que l'agence officielle Sana a indiqué que "21 terroristes ont été tués lorsqu'ils étaient en train de piéger une voiture".
Le régime tente depuis des mois de repousser l'avancée des rebelles dans cette région stratégique, à la frontière jordanienne et près de la province de Damas.
Militants et médecins
Dans le nord-est du pays, plus de 40 combattants des deux camps ont péri mardi dans de nouveaux affrontements entre Kurdes d'une part, et jihadistes et autres rebelles islamistes d'autre part dans la province de Hassaka, selon l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins à travers le pays.
L'observatoire a signalé des combats dans la plupart des provinces syriennes mercredi et a précisé que des avions de chasse avaient été déployés à Deir ez Zour. Au moins 27 soldats ont été tués lors de violents combats dans cette ville au cours des deux derniers jours, rapporte l'OSDH.
Depuis plusieurs mois, les Comités de protection du peuple (YPJ, principale milice kurde en Syrie) défendent leur territoire - d'où s'est retirée l'armée - face aux groupes radicaux qui tentent de grignoter leur terrain, explique l'observatoire.
Combats dans une prison
Les rebelles ontaussi lancé mercredi un assaut contre la prison centrale d'Alep dans le nord de la Syrie, tenue par les forces du régime. Des combats se déroulaient dans le bâtiment de la direction du centre de détention, selon une ONG syrienne.
Plus de 4000 prisonniers, dont des islamistes, des criminels de droit commun, mais aussi des militants et des mineurs, sont détenus dans cette prison.
Plus de 115'000 morts
Face à cette guerre de plus en plus complexe et qui a déjà fait plus de 115'000 morts d'après l'OSDH, les Etats-Unis, qui soutiennent l'opposition, ont appelé celle-ci à participer à la conférence de Genève-2 attendue pour la mi-novembre. Ils estiment que sa présence est cruciale.
Le Conseil national syrien (CNS), groupe le plus important de la Coalition de l'opposition syrienne, a affirmé dimanche qu'il ne prendrait pas part à cette conférence. Il refuse de négocier avec un régime qui selon lui est responsable des souffrances endurées par la population en raison des bombardements et du siège des villes rebelles.
Cette décision vient porter un coup sérieux à la crédibilité de ces négociations convoquées par les Américains et les Russes, ces derniers soutennant Damas. Genève-2 doit reprendre les grandes lignes d'un accord international sur une transition politique en Syrie, signé le 30 juin 2012 à Genève, mais jamais appliqué.
Mercredi, près de 70 groupes rebelles combattant dans le sud du pays ont affirmé dans une vidéo qu'ils ne reconnaissaient plus la Coalition de l'opposition.
Onze sites vérifiés
Par ailleurs, les experts internationaux de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) poursuivent leur travail en vue du démantèlement de l'arsenal chimique d'ici début novembre. Ils ont annoncé mercredi avoir vérifié onze sites sur la liste fournie par la Syrie, et détruit des équipements de production sur six sites.
Leur mission a été décidée à la faveur d'un accord russo-américain, alors que les Etats-Unis menaçaient le régime de frappes punitives après une attaque chimique meurtrière imputée aux forces de Bachar al-Assad le 21 août près de Damas.