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Maladies chroniques: un cocktail de médicaments pas facile à digérer

Prendre plusieurs médicaments peut être une charge. Pourtant, suivre son traitement permet de se maintenir en santé.

21 mars 2018, 20:00
Prendre plusieurs médicaments chaque jour est une réelle charge pour le patient.

Diabète. Maladies cardiovasculaires. Infection VIH. Maladies chroniques. Problèmes de santé liés à l’âge. De nombreuses personnes doivent prendre plusieurs médicaments par jour pour se soigner. «Avaler quatre ou cinq pastilles, voire plus, ce n’est pas anodin.

Pour la personne, c’est indiscutablement une charge astreignante», reconnaît le professeur Thierry Buclin, médecin-chef du Service de pharmacologie clinique du CHUV à Lausanne. Pour certains, cette charge est trop lourde.

L’Organisation mondiale de la santé estime d’ailleurs que près de 50% des personnes atteintes de maladies chroniques ne suivent pas leur traitement. «Ce constat montre à quel point il est important que le patient comprenne sa maladie et les objectifs du traitement qui lui est prescrit.

Lorsqu’il assimile les informations données par le médecin et le pharmacien, il pourra plus facilement adhérer à suivre le traitement proposé. Dans le cas contraire, il y a de fortes chances que le patient n’aille même pas chercher ses comprimés en pharmacie», explique le docteur Johnny Beney, pharmacien-chef du Service de pharmacie de l’Institut central de l’Hôpital du Valais.

A côté de cela, il faut dire aussi que certains patients âgés ou avec des capacités mentales diminuées ont du mal à comprendre toutes ces informations et à gérer ce traitement.

Informer et motiver

Si le patient est un peu perdu face à son traitement, il peut retourner consulter son médecin traitant. «Le généraliste est le chef d’orchestre. C’est lui qui a une vision d’ensemble de la situation du patient», note le professeur Buclin.

Il existe aussi des entretiens de polymédication proposés par les pharmacies. Le patient pourra faire le point avec son pharmacien dans le but de favoriser le succès du traitement. L’entretien est remboursé par la caisse-maladie à certaines conditions: avoir une prescription médicale comprenant au moins quatre médicaments différents sur une période d’au moins trois mois.

«Nous sommes là pour informer, rassurer, encourager le patient. Nous avons aussi la mission de lui faciliter la vie en proposant des solutions pratiques si besoin. Pour les personnes qui n’arrivent plus à gérer  elles-mêmes leur traitement, nous mettons en place un semainier. C’est une boîte où les comprimés sont répartis en fonction du moment de la prise pour chaque jour de la semaine», explique Catherine Escher, pharmacienne en officine à Sion.

«A côté de cela, nous mettons une attention toute particulière lors des sorties d’hôpital. Il arrive que les patients soient déstabilisés. Ils ne reconnaissent pas le nom des médicaments inscrits sur l’ordonnance. Parfois le traitement n’a que peu changé.

Le médecin hospitalier prescrit  un médicament original alors que le patient prenait son générique avant son hospitalisation. Nous allons prendre du temps avec le patient pour qu’il comprenne bien ce qui est vraiment nouveau dans son traitement», continue Catherine Escher.

L’explication est validée par Johnny Beney qui ajoute: «Le patient doit être un acteur à part entière de sa santé. C’est très important d’informer le médecin ou les soignants au sujet du traitement que l’on prend et de la posologie dès l’arrivée à l’hôpital. Il ne faut pas prendre de médicaments de son propre chef durant le séjour. Lorsque le patient peut s’en aller, il ne doit pas hésiter à poser des questions au médecin», ajoute Johnny Beney.

Effets secondaires

«Il faut rappeler une distinction importante: il y a d’une part des traitements de fond à prendre sur le long terme avec toute la régularité possible. A l’opposé, les traitements de crise qui soulagent certains inconvénients d’une maladie sont plutôt à prendre sur de courtes périodes, afin d’éviter de devenir dépendant et de développer des symptômes de sevrage à l’arrêt du médicament», précise le professeur Buclin.

«Certains médicaments comme les somnifères ou les anxiolytiques pris sur une longue période ne doivent pas être arrêtés abruptement sous peine d’avoir une récidive amplifiée des troubles. Cela correspond en fait à des symptômes de sevrage comme insomnie, angoisses ou confusion», ajoute Johnny Beney.

Qui dit médicament dit potentiellement effets secondaires. Plus on en prend, plus il y a de risques d’interactions. «Nous pouvons souvent les contourner en ajustant les doses. Pour donner un exemple, si une personne prend certains somnifères et que nous introduisons un antibiotique, il faudra adapter la posologie du somnifère», note le pharmacologue.

Si vous observez un nouveau symptôme dans les jours ou les semaines suivant la prise d’un nouveau traitement, vous devriez en parler au médecin ou au pharmacien. En lisant la notice d’emballage, vous allez voir si cet effet secondaire y est mentionné.

«Je terminerai en disant que les médicaments ne sont pas des bonbons. Il faut en avoir une utilisation raisonnée et raisonnable et veiller à éviter une surconsommation inutile, inévitablement associée à des risques», souligne le professeur Thierry Buclin.

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