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Live "La Côte": une heure avec Michel Thétaz, patron d'IAM Cycling

A neuf jours du "Grand départ" du Tour de France à Utrecht, la grande famille du cyclisme est en ébullition. Michel Thétaz, le patron de l'équipe suisse IAM Cycling, basée à Nyon, était l'invité de la rédaction de "la Côte" pour répondre à toutes vos questions.

25 juin 2015, 18:50
Michel Thétaz se montre confiant.

(DG) On apprend la victoire de Jérôme Coppel dans le championnat de France du CLM! Une remarque?

C'est une super nouvelle. Jérôme c'est un "gros moteur"! Après les galères qu'il a connues, il est reparti du bon pied. 

 

(DG) Quels enseignements après cet échange avec nos internautes?

Une bonne expérience qui permet, sans avoir le contact direct aveceux, de partager et de répondre à leurs attentes.

 

-(TODOBOM) Dans le management de votre équipe, vous préconisez la compétition dans le plaisir, c’est quoi le plaisir dans le cyclisme?

C'est un sport qui implique le dépassement de soi sans artifice, il n'y a pas d'éléments externes qui peuvent influencer le résultat. C'est le dynamisme physique, le moteur qui donne ce plaisir qui est un plaisir dans la douleur mais qui est rémunérateur, gratifiant quand on y pense plus tard. C'est la mémoire qui permet de vivre ce plaisir a posteriori. Il y a peu d'éléments perturbateurs dans le vélo. La voiture peut empêcher l'individu de prendre du plaisir. Le plaisir c'est que ça se passe dans la nature ou sur le Petit-Chêne, sur l'ile de Majorque avec des falaises, une faune et une flore. Il y a le plaisir interne et externe. C'est dur, ça fait mal mais on sait qu'on est avec soi-même, sans élément perturbateur.

 

-(CROCODILE) Si Franck Ribéry a un jour dit que la "routourne va tourner", que pourrait bien lui répondre Michel Thétaz?

Alors je dirais que c'est une phrase qui a été dite à l'insu de mon plein gré.

 

-(JAX) Votre passion pour le vélo, d'où vient-elle?

Elle vient de ma nature et des qualités de ce sport, la ténacité, la discipline, le long terme, l'endurance, ces caractérisques qui nous amènent à nous dépasser. C'est une philosophie, ça m'aide à avoir de bonnes idées et à évacuer le bruit. Après quelques heures sur le vélo, le bruit, le "noise" comme diraient les Anglais, s'échappe. Toutes ces idées qui perturbent votre esprit disparaissent après cet effort qui vous libère. 


-(GILLES) Est-ce difficile de débaucher de jeunes coureurs suisses? Auriez-vous voulu signer Stefan Küng, par exemple?

Non, car les jeunes Suisses ont de la peine à trouver des équipes. Nous n'avons pas la place car nous n'avons que quatre néo-pros. On n'a pas d'équipe de développement. Mais quatre néo-pros, c'est déjà pas mal. C'est une question de choix, savoir déterminer lequel va devenir un grand coureur, c'est pas seulement celui dont on parle quand on les choisit. Ils sont comme des diamants bruts. On doit les polir et les révéler. Certains coureurs ne confirment pas, c'est la majorité d'entre eux malheureusement. 

 

-(REMI) Peut-on croire à un sport de haut niveau propre?

Oui mais il faut y travailler pour y arriver. C'est une question de patience, de discipline et de volonté. Dans quelques années, on verra que le cyclisme a fait les efforts qu'il faut... Mais je ne suis pas naïf, on pourrait avoir des cas de dopage à nouveau. On fait ce qui faut pour avoir un cyclisme qui fonctionne sur des bases saines. Le passeport biologique est une base intéressante sur l'historique du coureur. Ces données permettent d'avoir une première base de travail. Par une analyse fine et pointue, on peut aller plus loin dans l'analyse de la situation du coureur. On doit passer par la fourniture de son passeport biologique. C'est un premier filtre. Ce filtre est fait par les médecins des H.U.G. qui sont nos partenaires pour tout ce qui est médical.Nous pensons que ce modèle est intéressant et il serait à même de tranquiliser les sponsors qui ne désirent pas être associés au dopage. 


-(ARNO) Votre politique est de ne pas engager un coureur ayant trempé dans une sale histoire. Juste?

Très juste. Aucun coureur qui s'est dopé et même pas un coureur qui a purgé sa peine... ça ne nous intéresse pas car il faut être intransigeant pour éliminer. Lance Armstrong ne m'appellera pas. Des gens bien intentionnés nous ont contactés pour des coureurs qui ont purgé leurs peines... Mais vous savez, on ne considère même pas ces gars-là. Cela s'applique aussi au staff, aux directeurs sportifs... 

 

-(URS) Vous présentez une équipe au Tour de France sans sprinter. Mettez-vous plus de moyens sur la montagne?

Très bonne question de ce lecteur. Il y a peu d'étapes pour les sprinters. Les grandes équipes comme Sky, BMC, Movistar et Giant ont leurs sprinters. Les puncheurs de chez nous seront plus à même d'éliminer des sprinters avec Mathias Frank, le Colombien Jarlinson Pantaon et Marcel Wyss, les trois grimpeurs.

 

-(RUBIO) Le Giro s’est bien passé, Chavanel, Pelluchi et Reichenbach ont fait un podium. Pour les grands tours de cette année, comptez-vous sur de meilleures prestations avec Mathias Frank en leader? 

Le Tour de France est la prolongation du Giro. Pellucchi et Reichenbach ne seront pas sur le Tour de France car ils ont fait le Giro,et la majorité des coureurs ne font qu'un grand Tour. L'objectif est d'avoir Mathias Frank dans les dix premiers et des victoires par étapes. On a des forces similaires à celles du Giro.  

 

-(ARMELLE) Quand les scandales de dopage continuent d'éclabousser le vélo, pour mettre sur pied une équipe comme vous l'avez fait avec IAM, faut-il être passionné ou un peu fou?

Les deux. Mais passionné surtout pour voir arriver à maturité un cyclisme propre, libéré de tout doping avec des techniques et un suivi qui convaincront les supporters. C'est possible grâce à une organisation appropriée, grâce à des organismes faîtiers désireux d'aller dans cette direction. Il sera alors possible d'accomplir avec passion les rêves les plus fous, donc de faire vivre un cyclisme sans dopage.


-(EMILE) Comment expliquer que, malgré tous les scandales auxquels le vélo a fait face, la Petite Reine fascine toujours autant ?

Le cyclisme représente l'endurance, la ténacité, le panache, l'aventure humaine et, plus subtilement, plus de tactique qui permettent de voir un grand champion s'effondrer et renaître... Le degré de douleur, ça fascine... Je pense qu'il faut tout faire pour que le cyclisme soit à la hauteur des attentes et qu'il n'y ait pas de tricherie. Pour être à la hauteur des attentes des fans.

 

-(PLANETE-IAM) IAM a-t-elle une carte à jouer sur un autre grand tour, la Vuelta, en raison de l’absence de certains grands coureurs ? 

On participera avec une équipe aux ambitions moins grandes car le Tour de France est notre priorité. La Vuelta, c'est l'occasion d'avoir des coureurs plus jeunes. Il y a aussi une possibilité de faire des victoires d'étapes. On a la possibilité d'exposer des coureurs à la Vuelta qui seront sur le Tour l'an prochain. 

 

-(STEVE JOBS) Steve Morabito chez FDJ, Michael Schär, Danylo Wyss… on a des Suisses qui marchent bien ailleurs aussi? 

Ils n'ont pas attendu l'existance de IAM Cycling. Il faut tenir compte de ça, ce sont des contrats de deux, trois ou quatre ans qu'ils doivent honorer. Il faut de la patience pour récupérer les meilleurs Suisses. On veut une équipe suisse à rayonnement international. On a 10 helvètes sur 30 coureurs en tout dans toutes les compétitions et 4 sur le Tour de France. Pour les autres équipes comme BMC (une équipe américaine au sponsor suisse), ils n'ont pas d'obligations de faire rouler des Suisses.

 

-(FLORIAN S.) Quand on est patron d'une équipe cycliste, on doit en connaître un rayon, non?

Je pratique et j'aime le cyclisme. 4000 kilomètres par année, je les fais depuis toujours... Au début, "vous en connaissez un petit rayon" mais je veux le faire maintenant sur un rayon plus grand. Au niveau de l'humain et du matériel, on est à la pointe. J'ai ce désir d'en connaître toujours plus. 

 

-(JEAN-PIERRE) Que représente le Tour pour vous? C'est trois semaines de bonheur ou trois semaines de stress intense?

Trois semaines de bonheur intense. Tout est planifié. Millimétré. On a testé le staff. Tout est préparé pour ne laisser aucune place au hasard et au désagrément. Pas de stress négatif, c'est du bonheur que de cotoyer des stars qui sont investies d'une grande mission. C'est aussi un plaisir de partager avec le staff qui est expérimenté et heureux. L'ensemble du staff a cette expérience, les directeurs sportifs sont des anciens coureurs. Cette équipe, il faut la faire jouer de manière collective. Comme je suis du genre à déléguer, on a un organigramme qui donne des responsabilités surprises à chaque poste. Chacun doit être un entrepreneur. Je ne suis pas du genre à intervenir négativement. Chez IAM Cycling, ma tâche était d'engager des gens qui ont cette mission. C'est un système qui marche bien. Je suis le porte-drapeau des valeurs d'une équipe "Game-changer" pour changer le cyclisme, pour un sport transparant, contre le doping. On a des formules qui sont nouvelles. Ce sont les valeurs de la maison-mère, d'entrepreneurship...

 

-(ROB) Est-ce que Michel Thétaz est un homme qui prend le temps de savourer les succès?

Lorsque j'ai la chance de me trouver sur la course, dans le bus, il y a une bouteille de champagne... On est dans le feu de l'action, la jouissance vient plus tard, le soir ou le lendemain. Cela se concrétise par une stratégie, une technique de course. On le vit dans la voiture. Je ne suis pas comme Marc Madiot... plutôt calme et serein. 


-(SUSAN) Si Michel Thétaz devait décrire sa fin d'étape rêvée sur le Tour, quelle serait-elle?

Dans la voiture du directeur sportif de l'équipe numéro 1, derrière l'échappée, dans l'étape de l'Alpe d'Huez pour assister à la victoire d'un IAM Cycling.

 

-(ANNE) Les championnats suisses de contre-la-montre ont permis de voir un de vos coureurs, Reto Hollenstein en bonne forme juste derrière Silvan Dillier de BMC. De bon augure avant le départ du Tour de France à Utrecht dans 9 jours ?

Oui, c'est un bon rouleur, il faut emmener Mathias Frank sur le plat et des parcours ballonnés et ce sera le rôle de Reto, un test grandeur nature satisfait.

 

-(THIERRY) Engager Sylvain Chavanel, était-ce aussi un moyen de bénéficier d'une certaine visibilité en France?

100% raison. Le public l'applaudit en France. C'est un crédit supplémentaire auprès des organisateurs du tour, obtenu grâce à lui. Mais pas seulement la France, il y a une visibilité à l'étranger, c'est un porteur d'image de IAM.

 

-(JOE) L'an passé Mathias Frank avait eu la poisse. Comment gère-t-on la "scoumoune" en tant que patron d'équipe?

Diversification des risques. Cela peut toujours arriver, les risques peuvent se répéter. C'est le troisième année consécutive pour Mathias. On a une équipe équilibrée sans le leader, avec des puncheurs, des grimpeurs... pas de sprinters car il n'y a que cinq étapes pour eux.Il faut des poissons pilotes et ça n'est pas notre idée. 

 

-(MICHAEL) Deuxième participation au Tour, enfin une victoire d'étape?

On marche bien mais on n'a pas de victoire.On est tout près mais on aimerait bien que cette équipe gagne une étape d'un grand tour. Un coureur de grand tour, c'est par exemple Heinrich Hausler qui a décroché le maillot de champion d'Australie pour IAM. Je ne ferai pas la fine bouche quant à choisir le tour. C'est plutôt la volonté de concrétiser par une victoire tous les efforts accompagnés jusqu'à l'objectif.

 

-(FREDERIC) Un lecteur belge du Quotidien de La Côte nous demande une réaction sur l’existence du jeune club cycliste/vététiste IAM Cycling Fan Club pour la Belgique, ils portent les couleurs du club dans les classiques amateurs Paris-Roubaix... Comment voyez-vous cela depuis la Suisse?

Je suis surpris en bien que la Belgique nous suive. La preuve qu'il y a un engouement chez eux. De grands coureurs naissent là-bas. Je ne manquerai pas de le dire à nos entraîneurs belges que cette équipe existe.On fera un meeting avec eux.

Une fan japonaise va venir une semaine sur le Tour de France de façon à développer cette idée de croquer les coureurs d'IAM Cycling sous forme de mangas. Elle était venue sur Milan-San Remo. C'est une idée qui plaît à toute l'équipe. On va explorer cette idée et la faire grandir.

 

Michel Thétaz lors du shooting photo à "La Côte":

 

 

 

 

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