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L'autoritarisme a vécu en Tunisie, affirme son président élu

Le président élu de la Tunisie, Béji Caïd Essebsi, a promis que "la page" de l'autoritarisme était tournée, alors que de nombreux défis attendent le berceau du "Printemps arabe", qui espère parachever sa transition vers la démocratie. De son côté le président sortant a annoncé la création d'un mouvement visant à empêcher le retour de "la dictature".

23 déc. 2014, 20:58
Béji Caïd Essebsi, le nouveau président tunisien.

"L'hégémonie est une illusion. (...) Il n'y aura pas de retour à cela", a assuré M. Caïd Essebsi, un ancien cadre des régimes autoritaires de Habib Bourguiba et Zine El Abidine Ben Ali, qui a remporté la présidentielle de dimanche.

"Je suis pour qu'on tourne complètement la page du passé" et pour "regarder vers le futur", a ajouté le futur président de 88 ans dans un entretien diffusé tard lundi par la télévision nationale.

"Un danger pour la stabilité du pays"

Des déclarations qui n'ont pas convaincu son rival, le président sortant Moncef Marzouki. Il a annoncé du balcon de son QG de campagne et devant une foule de partisans le lancement d'un mouvement contre le retour de "la dictature".

"La nécessité de former ce mouvement, le mouvement du peuple de citoyens, (vise) d'abord à empêcher le retour de la dictature parce qu'il y a malheureusement parmi ces gens des extrémistes qui veulent ramener la Tunisie au passé, et cela peut constituer un danger pour la stabilité du pays", a-t-il lancé. Il n'a pas précisé si ce mouvement prendrait la forme d'un parti.

Pendant toute sa campagne, le président sortant, qui a reconnu sa défaite lundi et appelé son adversaire pour le féliciter, s'est posé en défenseur des libertés et en garant de la révolution face à l'ex-Premier ministre. M. Marzouki a reconnu que l'élection avait été "libre" mais a fait état de "beaucoup de violations". Il a annoncé qu'il allait "placer l'instance (électorale) devant ses responsabilités".

Composer avec le parti Ennahda

Si la date de l'entrée en fonction du nouveau président n'a pas été fixée, M. Caïd Essebsi va devoir dès à présent s'atteler à constituer un gouvernement stable et bâtir une coalition. Son parti a remporté les législatives mais ne dispose pas de majorité absolue, avec 86 sièges sur 217.

Il devra notamment composer tant bien que mal avec les islamistes d'Ennahda (69 députés), deuxième parti du Parlement, et contre qui il a fait campagne avec virulence. Les 62 autres sièges reviennent à une multitude de partis allant de l'extrême-gauche au centre-droit.

Les nouvelles autorités tunisiennes sont très attendues sur le terrain de l'économie, le chômage et la misère à l'origine de la révolution restant endémiques. Elles devront aussi répondre à la menace djihadiste, alors que des dizaines de militaires et deux figures politiques anti-islamistes ont été tués depuis 2011.

L'UE et Ban Ki-moon saluent le vote

Les observateurs électoraux de l'Union européenne ont salué mardi le vote en notant que la Tunisie avait élu "pour la première fois son président lors d'élections crédibles et transparentes".

La chef de la mission d'observation de l'UE, Annemie Neyts-Uyttebroeck, a toutefois relevé que les "chaînes de télévision privées ont clairement privilégié le candidat Essebsi", ce dont s'était plaint M. Marzouki.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a également salué mardi l'élection de Béji Caïd Essebsi.

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