Tadej Pogacar peut-il être battu? Qui assumera le leadership au sein de la Jumbo? Que peut-on attendre des quatre Suisses au départ? Où se jouera le Tour de France? Le Covid, de retour dans le peloton, risque-t-il de brouiller les cartes? Autant de questions légitimes que l’on peut et doit se poser à quelques heures du départ du Tour de France au Danemark.

Le favori: Tadej Pogacar sort nettement du lot

Tadej Pogacar sera l’homme à battre ces trois prochaines semaines. © AP

S’il n’y en a qu’un, c’est Tadej Pogacar. Le double tenant du titre se dégage de la liste des favoris autant par rapport à son histoire, sur le Tour de France, qu’à ses performances durant la saison. Le Slovène ne compte que 24 jours de course, en 2022. Il a quand même fêté dix victoires, dont trois épreuves par étapes – UAE Tour, Tirreno-Adriatico et Tour de Slovénie – et les Strade Bianche. A moins d’un pépin physique, d’une chute ou d’un contrôle positif au Covid – et encore –, Tadej Pogacar a tout dans les jambes pour réaliser la passe de trois.

Par rapport à d’autres formations – Jumbo et Ineos, notamment – qui n’auront pas un vrai leader désigné ou/et qui courront plusieurs lièvres à la fois, l’UAE Team ne s’embarrasse pas avec d’éventuels accessits. L’équipe émiratie est intégralement concentrée sur le général. La preuve: Marc Hirschi, dans un premier temps, n’avait pas été retenu.

Les outsiders: Jumbo et Ineos ont plusieurs atouts

Primoz Roglic avait dû abandonner en 2021. © AP

Ils sont à rechercher, d’abord, au sein de deux formations: Primoz Roglic et Jonas Vingegaard chez Jumbo et Geraint Thomas, Daniel Martinez et Adam Yates chez Ineos. A priori, ces deux équipes sont, sur le papier, supérieures à l’UAE Team. Mais l’abondance de biens, sur le Tour de France, n’est pas souvent un gage de réussite.

Primoz Roglic est avide de revanche par rapport à une épreuve qui lui a joué des tours ces deux dernières années. Jonas Vingegaard, révélation de l’édition 2021, est prêt à assumer d’autres responsabilités à la Jumbo. Le Danois n’était pas forcément inférieur au Slovène sur les routes du Dauphiné.

Adam Yates, Geraint Thomas et Daniel Martinez devront d’abord s’imposer au sein de leur équipe avant d’envisager bousculer Tadej Pogacar.

Les autres? Ben O’Connor, Aleksandr Vlasov, Enric Mas, Romain Bardet, David Gaudu et Nairo Quintana sont des candidats au top 5 ou au top 10.

Les Suisses: quatre avec Marc Hirschi

Marc Hirschi a finalement été repêché par son équipe. © AP

Ils seront quatre à s’élancer du Danemark: Stefan Bissegger, Stefan Küng et Silvan Dillier, trois rouleurs, et Marc Hirschi, repêché après le test positif de Matteo Trentin. Les deux premiers devraient jouer les premiers rôles lors du contre-la-montre initial, vendredi. Stefan Küng a été épatant durant le Tour de Suisse. Quant à Marc Hirschi, il n’est pas sûr du tout qu’il puisse jouer sa carte au sein d’une équipe – UAE Team – entièrement dévolue à son leader, Tadej Pogacar.

Les principaux absents sont Sébastien Reichenbach, «sacrifié» par Groupama-FDJ pour des raisons tactiques, Gino Mäder, toujours pas remis du Covid, et Mauro Schmid, récent vainqueur du Tour de Belgique mais qui avait déjà couru le Giro, en mai.

Les étapes: entre chronos tout plats et grosses ascensions

Jonas Vingegaard et ses coéquipiers de la Jumbo devront attaquer en montagne. © AP

Comme le veut la coutume, désormais, les leaders devront d’abord éviter les pièges lors de la première semaine, entre pavés, bordures et risques de chute. Les organisateurs ont recensé six étapes de montagne. De la Super Planche des Belles Filles à Hautacam, dernière ascension, il y aura de quoi faire. Les Alpes proposent une montée en puissance avec Châtel, la mise en bouche, Megève, Serre Chevalier et L’Alpe d’Huez. Les deux journées dans les Pyrénées – Peyragudes et Hautacam – promettent aussi beaucoup.

En termes de chrono, les 59,3 km proposés lors des 1re et 20e étapes sont tout plats et constitueront un terrain de jeu idéal pour les purs rouleurs. Si la montagne n’a pas creusé d’écarts significatifs, tout se jouera donc lors du dernier contre-la-montre à Rocamadour, plus de 40 km sans réelles difficultés hormis la montée sur Rocamadour – 1,5 km à 8% – dans un cadre propice à un feu d’artifice.

Les étapes en Suisse: une arrivée à Lausanne, un départ à Aigle

Lausanne et son vélo jaune géant attendent le Tour de France, samedi 9 juillet. © Keystone

Durant deux jours – samedi 9 juillet et dimanche 10 juillet –, le Tour de France roulera, s’arrêtera et s’élancera de la Suisse. Parti de Dole, le peloton découvrira d’abord qu’à Lausanne, les portions de plat ne sont pas nombreuses. L’arrivée, devant le stade olympique, sera dessinée après 4,9 km d’ascension à 4,5%, une étape promise à un puncheur.

Le lendemain, les coureurs quitteront Aigle, siège de l’UCI pour y revenir quelques heures plus tard, le temps d’un passage en plein centre-ville, d’entrer en Valais via Vionnaz et de prendre la direction du Pas de Morgins, une ascension régulière avant de basculer sur Châtel, 7 km après avoir franchi la frontière.

Les absents: Alaphilippe, Cavendish et Bernal vont manquer

Victime d’une chute aussi spectaculaire que violente lors de Liège-Bastogne-Liège, voilà deux mois, Julian Alaphilippe a effectué un retour suffisamment convaincant lors du championnat de France pour envisager sa présence. Or, la Quick-Step a décidé de se passer de son puncheur et de l’une des principales attractions du Tour. Il va énormément manquer.

L’absence de Mark Cavendish est un coup dur pour les étapes sans grandes difficultés. Le grand animateur des sprints, en 2021, ne pourra donc pas devenir le seul recordman de victoires sur le Tour de France. Il partage cet honneur avec Eddy Merckx (34).

Egan Bernal, lui, a été victime d’un grave accident en début d’année, en Colombie. Il n’est pas encore prêt à retrouver la compétition.

L’inconnue: le Covid va-t-il jouer les arbitres?

Après l’hécatombe de cas positifs au Covid et le retrait de plusieurs équipes et coureurs lors du Tour de Suisse, le peloton est en ébullition. Cette recrudescence des tests positifs a semé le doute parmi les formations et les coureurs qui redoutent, de nouveau, d’être écartés de la course pour des motifs extrasportifs.

Cinq coureurs, au moins – Matteo Trentin, Tim Declercq, Samuele Battistella, Omer Goldstein et Bryan Coquard – ont déjà été laissés au bord de la route avant le départ. Grande nouveauté instaurée par l’UCI, toutefois: les coureurs contrôlés positifs au Covid, mais asymptomatiques, ne devront plus forcément quitter la course. Les cas seront traités au cas par cas.

En vidéo: Aurélien Epiney, la nouvelle encyclopédie valaisanne du Tour de France

Noms des vainqueurs, records, podiums suisses… l’Anniviard de 31 ans connaît chaque détail de l’épreuve mythique de la petite reine. Pour le prouver, nous lui avons fait passer un quiz en vidéo.