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Expérience suisse à bord du cargo spatial "Dragon"

Le cargo spatial "Dragon" est parti vendredi à 21h25 heure suisse de Cap Canaveral pour ravitailler la station spatiale internationale (ISS). Il transporte à son bord du matériel pour plus de 150 expériences scientifiques, dont l'une développée à Zurich.

19 avr. 2014, 13:51
Décollage vendredi de la fusée qui amène le cargo spatial "Dragon" dans l'espace.

Le cargo spatial "Dragon" aurait déjà dû s'envoler à la mi-mars pour la station spatiale. Un départ reporté plusieurs fois pour différents problèmes techniques. Il devrait rejoindre l'ISS dimanche, le jour de Pâques, pour sa 3e mission de fret sur les 12 prévues pour le compte de la NASA.

Son arrivée devrait aussi permettre aux astronautes de remplacer une pièce défectueuse d'ordinateur sur l'ISS. Pour cela, une sortie dans l'espace est prévue mercredi.

Sur les 2300 kg de matériel, le cargo transporte des cellules développées à Zurich. L'expérience menée par le biologiste Oliver Ullrich vise à observer le comportement des cellules humaines en apesanteur.

Infections en apesanteur

"Au vu des énormes modifications subies par les cellules soumises au vide, on se demande comment des êtres humains peuvent survivre six mois dans l'espace", a expliqué le professeur Ullrich, de l'Institut d'anatomie de l'Université de Zurich. Les os et les muscles fondent, mais c'est surtout le système immunitaire qui dysfonctionne.

Les phagocytes, cellules spécifiques du système immunitaire chargées du nettoyage, ne fonctionnent plus normalement. C'est la raison pour laquelle les astronautes souffrent plus facilement d'infections.

Lors d'expériences menées sur des vols en apesanteur durant 22 secondes, le chercheur a déjà pu montrer des effets sur d'importantes fonctions de la communication intercellulaire et de la migration des cellules dans le corps.

Avec le vol de la capsule "Dragon", Oliver Ullrich et ses collègues veulent tester le comportement des cellules immunitaires en apesanteur durant trois jours d'affilée. Ils ont donc empaqueté des échantillons dans des laboratoires miniatures qu'ils ont envoyés à destination de l'ISS.

Là-haut, les occupants de la Station poursuivront l'expérience. Les cellules seront soumises au vide durant trois jours puis fixées par une solution avant d'être renvoyées sur Terre. Le 17 avril, elles seront récupérées dans la capsule "Dragon" qui doit amerrir dans l'Océan Pacifique.

Perturbation ou adaptation?

Cette recherche est menée conjointement avec l'Université Otto von Guericke de Magdeburg, en Allemagne. Elle est financée par le Centre allemand pour l'aéronautique et l'aérospatiale, équivalent de la NASA américaine.

L'analyse des cellules devrait montrer si les cellules ressortent de l'expérience complètement déréglées ou si elles sont capables de s'adapter au nouvel environnement. "Ces données permettront de valider ou non les premières expériences menées sur de brefs vols en apesanteur", commente Oliver Ullrich. Les trois jours constituent une durée suffisante pour constater une éventuelle réaction à l'échelle moléculaire.

Ordre interne des cellules

Les données actuelles reposent sur l'hypothèse d'une dépendance des cellules à la pesanteur. La charpente de la structure cellulaire, soit une sorte de réseau de filaments, donne aux cellules leur forme, leur mobilité, leur fonction divisible et les processus de transport. "Sans pesanteur, cette structure est perdue et, avec elle, le pilotage des processus internes aux cellules", présume Oliver Ullrich.

Cette recherche pourrait être utile aussi bien pour l'espace que sur Terre, poursuit-il. On pourrait par exemple trouver une thérapie pour soigner les déficits du système immunitaire des astronautes. "Grâce à cette expérience, nous pourrons mieux estimer les risques des futurs vols dans l'espace, comme un voyage de 500 jours vers Mars.

Mieux comprendre certaines maladies

Cette étude pourrait aussi servir à mieux appréhender certaines maladies. Pour Alzheimer par exemple, on sait que la structure cellulaire est massivement perturbée dans le cerveau. Un phénomène observé également pour des anticancéreux qui inhibent la division des cellules.

"Ces expériences doivent nous aider à mieux comprendre le fonctionnement de la vie", explique Oliver Ullrich. Il sera notamment intéressant de savoir si la Terre et sa pesanteur sont l'endroit idéal pour les organismes multicellulaires et si une vie sans pesanteur est possible pour l'humain.

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