En 1834, la malédiction divine était l’une des pistes évoquées pour justifier le déluge, mais pas que. Les chroniques font état de chutes de neige incessantes en hiver 1833, malgré une atmosphère anormalement chaude et humide. On observe de nombreux glissements de terrain. S’installe dès le mois de février un grand froid et une sécheresse alarmante. Toute la vallée craint le pire.
Les intempéries de la semaine dernière s’expliquent davantage par un concours de circonstances. «C’est la faute d’Archimède», résume le météorologue Daniel Masotti. L’air est froid en altitude mais le sol rendu très chaud par le soleil et le manque de brassage d’air. Le principe d’Archimède fait que l’air chaud monte alors que le froid redescend, créant, de fait, une cellule orageuse. Le manque de vent peine alors à la dissiper. Et tout s’accélère. Zinal était pourtant épargnée jusqu’à 18 heures. En un quart d’heure, la cellule prend énormément d’ampleur. Il pleut 12 litres au mètre carré entre 19 et 20 heures. «Cette mesure n’est pas rare», précise le météorologue. «C’est la moitié seulement du seuil d’alarme.»
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Un orage aussi grand que 5000 terrains de foot
Mais l’immense superficie de la cellule, 35 km², soit 5000 terrains de foot, rend la situation critique. Ce soir-là, le débit de la Navizence atteint les 120 m³ seconde, soit la moitié du courant du Rhône en temps normal. Quant à savoir si l’on doit s’attendre à un épisode similaire prochainement, la réponse de Daniel Masotti est sans équivoque. «Une telle situation peut se reproduire dans 150 ans comme la semaine prochaine. L’humain cherche toujours à régler le monde par des cycles, mais la météorologie n’entre pas dans ce paradigme.»
Que les Anniviards se rassurent néanmoins, on raconte que jamais le vin ne fut en pareilles qualité et quantité qu’en 1834. «Que Dieu est incompréhensible dans les desseins de sa sagesse», commentait alors le curé Rouaz.