"Retire ta minerve, nous avons de la visite", lui intime son épouse. Félix Sierro s'exécute de mauvaise grâce. "La tête va bien mais c'est le corps qui lâche", dit-il en montrant ses cervicales.
Le couple vient de quitter son appartement aux Condémines pour s'installer, de façon plus spartiate, dans un EMS sédunois. "Nous n'avions pas le choix, mes jambes ne tiennent plus coup. Mais c'est mieux de pouvoir rester ensemble jusqu'au bout", relève-t-il. Tous deux savourent manifestement cette promiscuité préservée; leurs échanges continuels constituant l'essentiel de leurs activités quotidiennes.
Atteint d'une macula héréditaire, le centenaire a pratiquement perdu l'usage de ses yeux. "Je ne connais pas le visage de mes six arrière-petits-enfants, regrette-t-il. Tout est si flou." Sa canne blanche ne quitte jamais ses genoux. Une façon élégante pour s'excuser d'avance auprès des gens qu'il ne reconnaît pas dans les corridors de l'établissement. "J'ai travaillé au service sédunois des voyageurs...