L’affiche est toujours là. Collée sur la porte depuis le 9 octobre 2019. Il y est écrit «fermeture pour une durée indéterminée». Deux ans plus tard, les Bains sont toujours portes closes et la durée de cette fermeture, de même que l’issue du dossier, encore incertaines.

Des sociétés imbriquées sans vision claire

Rappelons-le, le cas des Bains de Val-d’Illiez est particulier. La situation structurelle du centre thermal complexifie d’autant plus le dossier. «Il y a un administrateur mais quatre sociétés différentes dont les conventions ne sont pas clairement établies», rappelle Denis Gillabert, préposé de l’Office des poursuites et faillites de Monthey.

Dans ce contexte, difficile pour les investisseurs intéressés d’y voir clair.

Ismaël Perrin, président de la commune de Val-d’Illiez

Ainsi, celui qui voudrait racheter les Bains, ne pourrait pas avoir en même temps les droits sur l’eau, car ceux-ci font partie d’une autre société. Il ne pourrait pas non plus détenir le parking existant. Cependant, il devrait prendre en charge l’hôtel et terminer sa construction devisée à plusieurs millions de francs. «Dans ce contexte, difficile pour les investisseurs intéressés d’y voir clair», estime Ismaël Perrin, président de la commune de Val-d’Illiez.

Un dossier complexe mais qui, en coulisses, avance malgré tout. Après la faillite définitive des sociétés prononcée en juillet 2020 par le Tribunal fédéral, les opérations de liquidation ont pu alors débuter. La société d’exploitation MD Management sera clôturée à la fin de cette année. Les trois autres entités sont à différents stades moins avancés. «A cela s’ajoutent les multiples actions judiciaires et les oppositions qui ne font que prolonger la liquidation de chacune», précise Denis Gillabert.

A la rencontre de potentiels investisseurs

Entre-temps, l’Office des poursuites et faillites de Monthey a obtenu un rapport d’expertise indicatif à l’intention de potentiels investisseurs, tout en organisant des visites sur le site. «Avec ce rapport, nous savons que les Bains valent environ 11 millions de francs. Le complexe dans sa globalité est estimé quant à lui entre 30 et 40 millions.»

La commune de Val-d’Illiez n’est pas non plus restée les bras croisés. Dès l’annonce des faillites définitives, le président est allé à la rencontre de potentiels investisseurs, leur faisant également visiter le centre en dressant un état des lieux de la situation. «La commune souhaite devenir un partenaire économique à longue échéance», affirme Ismaël Perrin.

Les dégâts ont été limités, mais plus on attend, plus le bien se déprécie.

Denis Gillabert, préposé de l’Office des poursuites et faillites de Monthey

En ce sens, la municipalité a créé en novembre 2020 la société Energy and Water Illiez SA afin de détenir les droits de l’eau thermale. Un argument qui aurait pu décider un investisseur à se lancer. Mais l’action a été finalement freinée par les anciens propriétaires, opposés à cet octroi de concession via des mesures provisionnelles auprès du Tribunal de Monthey. «Nous sommes toujours dans l’attente d’une décision», annonce Ismaël Perrin. Décision qui peut encore faire l’objet d’un recours, évidemment.

Une réouverture provisoire?

Depuis la fermeture du centre thermal, la commune a déjà investi près de 300 000 francs dans des travaux de nettoyage et de forage qui n’avaient pas été terminés par les propriétaires. Les frais de maintenance du site, se montant à 20 000 francs par mois, soit près d’un demi-million depuis octobre 2019, ont été couverts par les créanciers gagistes, dont la commune durant douze mois. «Les dégâts ont été limités, mais plus on attend, plus le bien se déprécie», poursuit Denis Gillabert.

500 000

Le montant des frais de maintenance du site depuis sa fermeture

Il y a quelques mois, la municipalité de Val-d’Illiez a encore mandaté une analyse externe sur les conditions d’une réouverture. «Plutôt que continuer à payer des frais de maintenance dans le vide, nous nous sommes demandé si l’activité pouvait redémarrer, même provisoirement, en attendant que le dossier se débloque au niveau judiciaire.»

Ce redémarrage, chiffré à environ 800 000 francs, comporte toutefois trop d’incertitudes pour décider la commune à franchir ce pas. «Au fur et à mesure que nous prenons connaissance de ce dossier, les difficultés s’amoncellent et nous ne pouvons pas ouvrir à n’importe quel prix», insiste le président.

Le sort du centre thermal est donc suspendu aux procédures en cours. Une vente aux enchères ne pourrait avoir lieu qu’après épuration de toutes les contestations et une vente de gré à gré pourrait se faire si tous les créanciers donnaient leur consentement. Et parmi eux figurent les anciens propriétaires. «Le chemin de la justice est long, mais il est nécessaire pour remettre le tout dans un cadre légal et ainsi assurer la viabilité du site», conclut Ismaël Perrin.

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