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Une Valaisanne confrontée à l'urgence du camp de réfugiés de Moria sur l'île grecque de Lesbos

Pour sa première expérience sur le terrain pour Amnesty International, la Sédunoise Estelle Borel est partie à la rencontre des migrants sur l'île grecque de Lesbos et dans le camp de Moria. 4000 personnes y vivent dans l'attente d'une décision des autorités quant à leur demande d'asile et la tension monte. Elle raconte.

25 juil. 2017, 16:12
/ Màj. le 28 juil. 2017 à 05:30
Le camp de Moria sur l'île de Lesbos abrite également une prison.

"Le retour est difficile", avoue immédiatement Estelle Borel les yeux marqués par la fatigue. La Sédunoise revient tout juste d’un séjour de plusieurs jours sur l’île de Lesbos en Grèce pour Amnesty International. "Une expérience marquante émotionnellement" aux abords du camp de réfugiés de la Moria où 4000 personnes sont bloquées (voir encadré), en attendant de voir leur sort scellé.

Au bout de l’attente, un passage vers l’Europe ou le renvoi vers la Turquie. "Il y a beaucoup de souffrance et de colère". A la mi-juillet, des demandeurs d’asile ont d’ailleurs bouté le feu pour la troisième fois structures du camp sur place. La tension monte.

 

Le camp de Moria se situe sur l'île de Lesbos en Grèce, proche des côtes turques.

 

"La seule chose que je peux faire c’est en parler..."

En compagnie d’une autre Suissesse et d’une vingtaine d’activistes venus de huit pays, la Sédunoise a participé à différents ateliers pour mettre sur pied une stratégie visant à alarmer le grand public sur la situation urgente du camp. "En Suisse, on s’est habitué à cette crise", explique Estelle. "Il faut une piqûre de rappel".

Pour atteindre ce but, elle a aussi participé à une action symbolique sur une des plages de Lesbos en compagnie des réfugiés et d’une association locale.

>>A lire aussi: Lesbos: en 2016 déjà, des migrants mettaient le feu dans le camp de Moria après la mort de deux réfugiés

 

La Sédunoise Estelle Borel et d'autres activistes ont mis sur pied cette action symbolique en collaboration avec les réfugiés de Lesbos pour attirer l'attention du grand public. © Giorgos Moutafis for AMNESTY INTERNATIONAL

 

L’événement a d’ailleurs été couvert par la BBC, qui titre sur la crise oubliée de l'Europe. Une satisfaction pour la jeune femme au cœur d’une semaine éprouvante. "Je me suis sentie très petite et impuissante sur place. La seule chose que je peux faire… c’est en parler. Je leur ai promis de le faire", explique la jeune femme qui vient de fêter ses 33 ans.

Des promesses faites à Arash, Rania, Dania et tous les autres. Autant de visages et de témoignages qui ne quitteront plus l’activiste valaisanne.

 

Estelle Borel entourée à gauche de Rania, réfugiée irakienne, et à droite de Haïfa Ben Salem, seconde représentante d'Amnesty Suisse sur place. © Estelle Borel

 

Une rencontre qui laissera des traces

C’est d’ailleurs la rencontre avec Arash Hampay qui l'a particulièrement touchée. Cet Iranien du camp de Moria, journaliste dans son pays d’origine, a entamé une grève de la faim il y a une trentaine de jours maintenant. En cause, l'emprisonnement de son frère Amir qui l'accompagne suite à la décision des autorités de rejeter la demande d'asile de ce dernier. "Arash a reçu le droit de rejoindre l'Europe. Pas son frère. La décision apparaît absurde"

 

Portrait d'Arash Hampay réalisé sur l'île de Lesbos. Ce journaliste iranien a fui avec son frère Amir après avoir expérimenté les geôles de son pays. © Estelle Borel

 

Ce placement en détention dans l'attente d'un renvoi vers la Turquie, ils sont beaucoup à l'expérimenter selon la Sédunoise. "Comme il était insoutenable pour Arash de voir son frère et d'autres camarades enfermés, il s'est lancé dans une grève de la faim pour les soutenir et demander leur liberté", rapporte Estelle.

Aux dernières nouvelles, la situation a évolué dans le bon sens pour le frère d’Arash puisqu’il n’est aujourd’hui plus en détention. Mais le combat de l’Iranien se poursuit pour les autres réfugiés emprisonnés en attendant leur expulsion.

 

Ci-dessous, cette vidéo revient notamment sur l'histoire d'Arash et de son frère. Un documentaire réalisé par Fridoon Joinda lui-même réfugié venu d'Afghanistan.

 

 

L’espoir et la résilience malgré tout…

A l'image d'Arash, ce qui a le plus frappé Estelle Borel, ce sont l’espoir et la résilience qui animent la plupart des réfugiés rencontrés sur place. "Ils avaient une vie avant. Et malgré tout ce qui se passe, ils ont encore des rêves", résume la Sédunoise qui peine à revenir à sa vie quotidienne depuis qu’elle a vu de ses yeux la situation sur place.

Membre de la compagnie Cirqu’en choc, elle aimerait déjà repartir cet automne pour initier les enfants du camp aux arts du cirque.

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