Tourner la page de la pire récolte jamais enregistrée par la viticulture valaisanne, c’est bien. En tirer des enseignements pour éviter pareille déconvenue à l’avenir, c’est mieux. Ce lundi matin, à l’Ecole d’agriculture de Châteauneuf devant la presse, le canton a tenté l’exercice. Il a dressé un dernier bilan du millésime 2021 ravagé par le mildiou et listé ce qu’il faut retenir et corriger après cette année pourrie par la maladie.

Il y a beaucoup moins de parcelles abandonnées que ce que l’on pouvait craindre.

Gérald Dayer, chef du Service cantonal de l’agriculture

Des solutions pratiques immédiatement applicables par les vignerons et des réformes structurelles nécessaires à plus long terme ont été évoquées (voir encadré). Pour le canton, la confiance est néanmoins de mise pour la saison qui débute. «Il y a beaucoup moins de parcelles abandonnées que ce que l’on pouvait craindre», assure le chef du Service de l’agriculture, Gérald Dayer. «C’est signe que les vignerons sont confiants.»

Une propagation «exceptionnelle et inédite»

Données scientifiques à l’appui, les experts d’Agroscope et de l’Office cantonal de la viticulture ont commencé par souligner le caractère «exceptionnel et inédit» de l’épidémie de mildiou 2021. Un mois de mai très froid et humide et des pluies incessantes en juillet ont favorisé le développement du champignon tout en empêchant les viticulteurs de traiter correctement et au bon moment.

A Sion, entre mai et juillet 2021, on a vu 76% de pluie en plus par rapport à la moyenne pour les mêmes mois des trente dernières années.

Des pistes pratiques

«Il y a eu très peu de fenêtres de tir pour intervenir face au mildiou», résume Bertrand Nominé, chef du secteur technique de production à l’Office de la viticulture. Il liste quelques solutions pratiques pour les vignerons.

D’abord, dans cette situation, les producteurs ne doivent pas s’isoler mais partager leurs informations. Le canton a également mis en place toute une série de mesures pour assurer un meilleur suivi phytosanitaire sur le terrain et les aider dans leur prise de décision. Le bulletin phytosanitaire a par exemple été revu.

Enfin, selon Bertrand Nominé, bien connaître l’ensemble de ses parcelles reste essentiel, car certains cépages et certains secteurs sont particulièrement touchés par le mildiou. En cas de nouvelle année difficile, le spécialiste conseille de définir les parcelles les plus sensibles à traiter en priorité.

Hélico et drone, les mêmes limites?

Traiter, mais comment? Au lendemain des vendanges, face aux pertes de raisins importantes, de nombreux vignerons se posaient des questions sur les différents types de produits, les méthodes d’application et leur efficacité.

Plus que le choix du produit, c’est le moment de l’application qui est décisif.

Pierre-Henri Dubuis, phytopathologiste Agroscope

Qu’en est-il aujourd’hui? «Nous n’avons pas fait de comparatif entre traitement bio et conventionnel», reconnaît Pierre-Henri Dubuis, phytopathologiste à l’Agroscope. «Plus que le choix du produit, c’est le moment de l’application qui est décisif». Tout comme la qualité d’application.

Les deux experts rappellent ainsi que les traitements par hélicoptère ou au drone doivent être accompagnés par au minimum un traitement au sol. Selon des données présentées par Agroscope, au drone ou à l’hélicoptère, la qualité d’application a des limites proches quand il s’agit d’atteindre les grappes et les feuilles de la zone des grappes. L’atomiseur apparaît en la matière bien plus efficace pour lutter contre la maladie.

Des grands chantiers pour la viticulture valaisanne
«La viticulture valaisanne est à un tournant de son histoire», lance Gérald Dayer, chef du Service de l’agriculture. La formule est forte. Elle dit l’ampleur des défis qui attendent le secteur. Selon lui, les principaux challenges à venir concernent la structure et l’encépagement du vignoble ou la protection phytosanitaire.

La pression du mildiou en 2021 a appuyé sur les faiblesses du vignoble valaisan. Du morcellement des parcelles à la topographie et à l’âge du vignoble, en passant par la sensibilité à la maladie de certains cépages. «Toute une série d’actions sont en cours au niveau cantonal et fédéral», explique Gérald Dayer. L’Etat du Valais travaille notamment sur un programme et un crédit cadre pour moderniser le vignoble. Il planche aussi avec Agroscope sur une manière de rendre les cépages autochtones du canton plus résistants.

Un Zurichois élu à la présidence de Vinea

Propriétaire d’une cave dans le canton de Zurich, Jonas Ettlin remplace le Valaisan David Genolet à la tête de l’association Vinea.