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Travail au noir: derrière les lettres, des chiffres

13 oct. 2018, 05:31
Pascal Fauchère, rédacteur en chef adjoint.

C’est l’histoire d’une belle démonstration ponctuée d’une affirmation troublante. L’histoire d’un trait d’humour discutable et discuté. Lors de la journée de l’économie à la Foire du Valais, le conseiller d’Etat Christophe Darbellay a dressé un bilan cantonal prometteur devant des caméras et plusieurs centaines de personnes. Il y décrivait avec talent un changement perceptible d’image pour ce Valais qui est en train de «boomer». Jusqu’à la conclusion. Ce moment où le ministre de l’économie a cherché une chute qui scellerait dans le marbre un produit intérieur brut (PIB) mésestimé par les médias. Et c’est là que l’auditoire a entendu: «Comme en Italie, c’è due economie». Comprenez malgré la petite faute: il existe les circuits d’affaires officiels qui entrent dans les statistiques. Et des zones grises d’activités non déclarées.

Ce furtif épilogue aurait pu entrer aux oubliettes de l’histoire si plusieurs spectateurs présents ne s’étaient étonnés, pour ne pas dire offusqués, de cet étonnant dénouement. Le chef du Département de l’économie a précisé ce jour-là que le grand pourcentage d’indépendants en Valais fait que cette statistique n’est pas tout à fait le reflet de la réalité dans un milieu où les possibilités de déductions fiscales sont plus nombreuses. Un brin de provocation dans la dramaturgie du discours habilement construit par Christophe Darbellay qui dira plus tard, toujours sur le ton de l’humour, n’avoir voulu faire aucun lien avec le travail au noir ou la mafia.

En Valais, de l’avis de plusieurs responsables d’associations professionnelles, si la construction d’une maison «au black» est devenue pur fantasme, la prise d’assaut du parking de Hornbach par les bricoleurs du samedi ou le coup de main pour tailler la haie du voisin ponctué d’une bonne raclette est un fait. Une réalité à laquelle le Valais n’est ni plus ni moins perméable qu’ailleurs en Suisse. On estime à un peu plus de 6% du PIB helvétique la part du travail non déclaré. Rapporté au Valais, cela représente 1,2 milliard de francs. Tout de même. Ce qui a comme curieuse conséquence de donner à la fois tort et raison à Christophe Darbellay. Tort parce que le Valais n’est pas l’Italie et ses 20% de PIB concernés par des activités fraudant l’Etat avec, au passage, un cliché sur ce «canton du Sud» alors qu’il souhaitait en rajeunir l’image. Raison parce que, effectivement, le dynamisme économique du Valais, partant le bilan provisoire du ministre, est encore sous-estimé.  

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