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Séoul: le "Roberto Zucco" intense et sublime de Lorenzo Malaguerra et Jean Lambert-wild

Au Myeongdong Theater de Séoul, le directeur du Théâtre du Crochetan et son compère français présentent une pièce de Bernard-Marie Koltès d'une rare intensité. La pièce, jouée en ouverture de saison dans ce qui est la "Comédie-Française" coréenne, est à voir jusqu'au 16 octobre.

24 sept. 2016, 09:55
/ Màj. le 24 sept. 2016 à 11:00
La scène finale du "Roberto Zucco" mis en scène par Lorenzo Malaguerra et Jean Lambert-wild brille d'une superbe incandescence. Comme ses compagnons, Baek Seok-gwang, qui interprète le rôle-titre, est d'une justesse remarquable.

DE SÉOUL

"-Par où as-tu filé? Donne-nous la filière. -Par le haut. Il ne faut pas chercher à traverser les murs, parce que, au-delà des murs, il y a d'autres murs, il y a toujours la prison. Il faut s'échapper par les toits, vers le soleil. On ne mettra jamais un mur entre le soleil et la terre."

La dernière évasion, l'ultime point de fuite de l'incandescent Roberto Zucco imaginé par Lorenzo Malaguerra et Jean Lambert-wild touche au sublime. Oui, il est question, dans cette pièce de Bernard-Marie Koltès - sa dernière - de Roberto Succo, ce tueur en série qui sévit en France et en Suisse dans les années huitante. Oui, Koltès fait de cet homme de 24 ans qui tua père et mère - entre autres- une figure héroïque. Mais, comme nous le confiait Lorenzo Malaguerra, directeur du Théâtre du Crochetan à Monthey, Zucco - Koltès l'écrit, lui, avec un Z, et prend les libertés nécessaires à la représentation théâtrale par rapport au parcours réel du tueur - Zucco, donc, est ce monstre libre "en réponse à une société en déliquescence. Un virus qui détruit l'organisme social."

Une scénographie d'une redoutable efficacité

Et ce virus est incarné par un Baek Seok-gwang magnifique de folie et d'outrance. "C'est un vrai rôle de composition pour lui", relève Jean Lambert-wild. Le comédien et metteur en scène, directeur du Théâtre de l'Union à Limoges, a imaginé un scénographie d'une redoutable efficacité. Un pan de mur sombre en arc-de-cercle. Le long de ce mur, sept portes, qui se font maison familiale, devanture de bar, enceinte carcérale, parc public. C'est dans ce dernier que se noue l'un des drames de la pièce - sous-titrée en français lors de la première, vendredi soir.

L'espace, dans chacune de ses fonctions, apparaît évident. Surtout, il est habité, entre comédie (on rit, assez souvent) et drame (la pièce, en Corée, est interdite aux moins de 18 ans) par des comédiens qui sont parmi les meilleurs du pays. Le Théâtre National de Corée est un peu le pendant de la Comédie-Française, on l'a écrit. Et ce "Roberto Zucco" est joué, au Myeongdong Theater de Séoul, en ouverture de saison. Ce n'est pas rien. Et surtout, c'est là la reconnaissance cent fois méritée d'un remarquable travail de jeu et de direction d'acteurs pour une pièce à l'intensité rare.

A tel point qu'après les succès précédents des deux metteurs en scène - "Richard III - Loyaulté me lie" et "En attendant Godot", qui tournent toujours -, la perspective d'une venue en Suisse à l'automne 2018 seulement paraît bien lointaine...

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