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«Nous n’avons pas assez de recul sur notre immunité concernant le coronavirus». Le rdv quotidien d’Eric Bonvin

En répondant à vos questions, Eric Bonvin, le directeur de l’hôpital du Valais, évoque l’immunité du virus, le défi hospitalier à venir et l’évolution quasi quotidienne des prescriptions.

24 mars 2020, 20:20
/ Màj. le 25 mars 2020 à 06:15
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais, répond chaque jour à vos questions sur le coronavirus à travers le Nouvelliste.

Eric Bonvin, on commence par la situation sanitaire de l’Hôpital du Valais concernant le coronavirus. La progression du nombre de cas suit-elle toujours la même courbe? 
Malheureusement oui, nous recensons aujourd’hui 539 cas diagnostiqués en Valais. À notre connaissance, 102 patients valaisans atteints par le Covid-19 sont hospitalisés, dont 12 aux soins intensifs.

On l’a vu lors de la conférence de presse de la conseillère d’Etat, 500 lits sont désormais prêts dans le canton pour affronter le virus. Plusieurs soignants actuellement en réserve vous demandent comment se former pour être prêts le moment venu? 
Cette question démontre la réalité de notre société avec une partie d’entre elles en confinement, quelque peu désoeuvrée et se sentant à la fois inutile pour faire face à ce virus et souhaitant néanmoins contribuer aux actions en cours. Cela peut être très anxiogène de ne pas pouvoir bouger. Et une autre partie qui doit travailler et qui a parfois l’impression de prendre des risques à la place des autres. Sur le plan sanitaire, nous observons les mêmes mécanismes avec une partie des équipes qui vont progressivement entrer en fonction, mais qui sont pour l’instant en stand-by avec le sentiment de ne pas pouvoir être utiles.


«Nous avons désormais douze patients aux soins intensifs.»

Mais auront-elles de nouvelles pratiques médicales à assimiler? 
Ces personnes n’ont pas de soucis à se faire pour leurs gestes médicaux. Elles sauront très bien s’adapter à la situation. Par contre, elles doivent comprendre qu’elles vont devoir travailler toutes ensemble, peu importe l’institution ou l’établissement duquel elles proviennent. C’est un véritable défi pour le système de santé de ce pays, très morcelé, de faire travailler ensemble des entités qui jusqu’à aujourd’hui fonctionnaient selon des cultures et des pratiques très différentes. Même au sein de l’Hôpital, cette situation se présente avec la mise en commun des compétences de services différents, comme les soins intensifs et l’anesthésiologie. 
 
Au niveau de la pandémie, plusieurs questions traitent de l’immunité et de son efficience. Un lecteur se demande même si le confinement empêcherait que les gens soient immunisés et provoqueraient ainsi l’apparition régulière de nouveaux foyers de coronavirus?
La vérité est que nous n’avons pas assez de recul sur notre immunité face au Coronavirus et les investigations scientifiques ne nous permettent pas encore d’affirmer de telles choses. Chaque virus stimule une sorte de mémoire immunitaire bien spécifique, mais ici avec le coronavirus, nous ne la connaissons pas encore suffisamment.

Aujourd’hui, les scientifiques du monde entier travaillent à la fois sur la recherche d’un vaccin et sur la découverte de cette immunité spécifique. Et tôt ou tard, on aura un vaccin, mais il faudra voir alors s’il y a eu ou non une nouvelle mutation du virus. Nous ne savons pas non plus si nous subirons ou non une seconde vague épidémique dans quelques mois. De toute manière, ces questions n’influencent aucunement les mesures que nous prenons aujourd’hui pour lutter dans l’immédiat contre la pandémie. 


Un lecteur de 64 ans, allergique au pollen et avec des problèmes d’asthme nous demande s’il peut faire des ballades dans les environs de chez lui en gardant les distances? 
 Oui, sans souci. Le pollen n’est pas un facteur à risque pour le coronavirus mais il lui faut par contre bien traiter son asthme allergique en suivant les recommandations de son médecin traitant. 
 
Un couple âgé de 73 et 74 ans partage sa maison avec un homme de 52 ans qui les aide dans leurs tâches diverses et qui travaille sur les chantiers. S’il a le coronavirus, ils se demandent s’ils doivent désinfecter sa chambre? 
S’il est atteint par le Coronavirus il doit se mettre en auto-isolement, durant dix jours dont deux sans symptômes, dans sa partie de la maison, se laver soigneusement les mains et porter un masque à chaque fois qu’il doit en sortir. Il est alors plus utile de désinfecter toutes les surfaces que ces personnes ne pourraient pas éviter de partager (poignées de portes, toilettes, etc.). 


«Les aliments ne présentent pas une charge de contagion significative.» 


Enfin, une lectrice nous demande s’il faut faire ses courses avec des gants et s’il faut laisser ses achats pendant un certain temps dans la voiture avant de les ranger en pensant peut-être que quelqu’un de contaminé les a touchés avant eux? 
Non, il n’est pas nécessaire d’aller jusque-là. Les gants ne sont pas forcément nécessaires mais si elle en porte elle doit veiller à ne pas se toucher le visage et respecter scrupuleusement son hygiène des mains. Les aliments ne présentent pas une charge de contagion significative. Le virus ne circule pas par le tube digestif mais par les muqueuses respiratoires en y étant amené soit par les gouttelettes de salives, soit par le contact des mains.

 
Hier vous avez affirmé que sur les objets, le pouvoir de contagion du virus baisse très rapidement. Or, une directive du service de mobilité de l’Etat qui a beaucoup circulé sur les réseaux parle de plusieurs jours sur certains types de surface avec une température de 20 degrés ou plus. Qu’en est-il? Il semble que cette directive ait été adaptée aujourd’hui en tenant compte de la position des scientifiques que j’évoquais hier. Nous devons tous les jours nous adapter aux connaissances qui évoluent!

Vous pouvez poser vos questions à Eric Bonvin en envoyant un mail à vincent.fragniere@lenouvelliste.ch et vous trouvez aussi de nombreuses réponses sur le blog de l’Hôpital du Valais: blog.hopitalvs.ch

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