Notre édito: «Lex Weber, l’échec des oiseaux de mauvais augure»

Notre éditorial, cinq ans après le vote du peuple suisse sur la Lex Weber.

11 mars 2017, 07:52
Cinq ans après, notre analyse.

On nous avait promis l’enfer. A la suite d’une campagne qui avait atteint tous les extrêmes en Valais, le vote du peuple suisse sur l’initiative de Franz Weber devait sonner le glas de l’avenir économique et touristique du canton. Trois Valaisans sur quatre ont cru à ces prédictions d’oiseaux de mauvais augure mais ils sont sans doute nombreux à avoir glissé un «non, mais…» dans l’urne.

Cinq ans après, nous sommes d’ailleurs bien loin de ce scénario catastrophe. Le milieu de la construction a bien résisté, s’est réorienté, réinventé. Le constat général cache aussi des drames. Des petites sociétés familiales font les frais d’un arrêt brutal d’une économie et paient paradoxalement pour ceux qui, par un combat acharné et démesuré, ont contribué à crisper une partie du peuple suisse contre le Valais.

Par ailleurs, des signaux montraient, avant l’initiative, que persister dans le modèle, c’était aller dans le mur. Le rythme fou de la construction de résidences secondaires et l’augmentation exponentielle des prix montraient des signes d’essoufflement.

On rétorquera que la lex Weber a apporté une mauvaise réponse à un vrai problème. Soit, la limite de 20% est arbitraire. Mais aurait-on vraiment pu compter sur une autre solution? On peut en douter. Car si une telle limite est effectivement stupide, elle n’a pas empêché les affaires dans les constructions, l’arrêt du Tribunal fédéral sanctionnant des abus de droit et débats politiques extrêmement polarisés sur le sujet.

Localisée jusqu’ici, c’est une prise de conscience générale qui s’est imposée. Une prise de conscience économique, mais aussi touristique. Car le tourisme valaisan n’a, lui non plus, pas attendu Weber pour souffrir. Et derrière l’expression officielle «passer d’un tourisme de construction à un tourisme d’exploitation», se cache une réalité plus crue: construire des résidences secondaires, ce n’est pas faire du tourisme. Les acteurs touristiques sont aujourd’hui nombreux à reconnaître que cette loi est une chance. Avec l’effervescence créée autour de nouveaux modèles, la lex Weber matérialise, cinq ans après, l’échec des oiseaux de mauvais augure