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Magazine «Terroirs»: «ne touchez jamais un serpent sauvage!»

Pour Yves Brunelli, spécialiste subjugué et fasciné par les serpents, leurs repaires n’ont plus de secret. Une interview à découvrir dans notre magazine «Terroirs» de septembre 2018.

14 sept. 2018, 08:00
L’arpenteur des montagnes A 54 ans, Yves Brunelli n’en a pas fini de vivre d’inoubliables tête-à-tête avec les vipères aspic atra.

Il court le Valais qu’il maîtrise sous toutes ses coutures. «Certains coins à reptiles sont connus des amateurs mais je peux néanmoins passer deux jours dans un endroit où les serpents prolifèrent, sans rencontrer âme qui vive.» Sa vocation qui consiste aujourd’hui à observer et contrôler les populations de serpents indigènes fut précoce. «J’avais 12 ans quand mon père François Brunelli, prof de math au collège des Creusets et mycologue averti, m’a ramené une couleuvre d’esculape. Le coup de foudre!» Yves Brunelli prend ses marques avec des serpents exotiques, des boas, couleuvres, cobras. Sa maison est peuplée de terrariums et il se taille trèsrapidement une jolie réputation de spécialiste dans le domaine. «Au bout de 30 ans, j’ai compris que mes connaissances pouvaient être utiles à la protection des reptiles indigènes.» Du fin fond de la vallée de Conches au Bas-Valais, l’arpenteur recherche de nouvelles stations de vipères. Une passion chronophage, d’autant qu’il photographie soigneusement chaque spécimen en annotant ses visuels d’informations précises. Sa photothèque compte quelques 35000 clichés. 

Les vipères du Diable 

Son travail n’est pas toujours bien perçu par les autochtones. «Tout en me faisant un geste symbolique pour conjurer le malin, un ancien Hérensard m’a dit que je devais avoir pactiser avec le diable pour manipuler de tels animaux.» Certains le suspectent de relâcher des vipères dans la nature. «Impossible. Leur reproduction est extrêmement aléatoire, elles ne tiennent pas en captivité. Elles ont besoin de 90 m2 pour accomplir leur cycle complet: alimentation, reproduction, hibernation. Et il y aurait trop de concurrence si l’on introduisait une population X dans une station de serpents Y.» Mais comment s’y prend notre herpétologue aguerri pour décelerla présence de ces reptiles discrets et mimétiques par essence? «C’est une question de tempéra ture, je l’évalue à l’odeur de la terre juste avant l’arrivée du soleil. Avec les premiers rayons, l’humidité sort du sol et je sais qu’ils vont arriver dans les 5 ou 10 minutes suivantes, après les papillons et lézards.» Les reptiles sont plus visibles au printemps et en automne aux abords des pierriers et broussailles. «Surtout à la fin de l’été quand les femelles, gestantes pour la plupart, thermorégulent. Autrement dit emmagasinent la chaleur que le serpent ne peut produire de lui-même.» Lors de ses vadrouilles, Yves Brunelli surveille également les promeneurs qui tentent d’attraper des reptiles pour les photographier ou pire, trafiquer. «Manipuler des reptiles indigènes est strictement interdit sans habilitation cantonale. Je n’hésite pas à les dénoncer et cela peut leur coûter très cher.»   

Au secours des particuliers 

Sollicité pour une vipère installée sur un mur de pierres du jardin ou une couleuvre coincée sur un toit, Yves Brunelli fait aussi preuve d’une grande disponibilité à l’égard des particuliers. «Je me déplace en moyenne 60 fois par an pour attraper le reptile et le déplacer dans un endroit plus favorable, à Le protecteur des serpents Il est connu comme le loup blanc. Homme de passion et de terrain, Yves Brunelli est réputé pour ses conférences et excursions sur la thématique des vipères. Il collabore à des études scientifiques, travaille sur mandat pour le Service des forêts et du paysage, pour la police, les hôpitaux, ainsi que le Service de la chasse et le 144. Outre l’univers captivant des serpents, la photographie et la race d’Hérens le passionnent tout autant. PROFIL 1964 L’année de la dernière morsure de vipère mortelle en Valais. L’arpenteur des montagnes A 54 ans, Yves Brunelli n’en a pas fini de vivre d’inoubliables tête-à-tête avec les vipères aspic atra. Yves Brunelli un bon kilomètre de son biotope initial.» L’homme en profite pour faire de la prévention: «Evitez de leur offrir des refuges idéaux en nettoyant bien les alentours de l’habitation. L’herbe doit être tondue à ras, les tas de bois et de taules déplacés du soleil à l’ombre. Et de rappeler qu’il est interdit de les tuer.» «Les reptiles sont strictement protégés au même titre que les amphibiens depuis 1966.» 

Attention morsure 

Selon les recensements des hôpitaux valaisans, 3 à 7 cas par an seulement sont signalés.Un constat anodin au regard des populations de vipères en Valais. «La morsure n’est pas douloureuse mais dans les trois quarts d’heure qui suivent, les effets du venin sont moins agréables. Picotement, enflure à l’endroit de la morsure, vomissements, maux d’estomac, étourdissements… Chacun réagit différemment.» Yves Brunelli a lui-même été victime de ce genre d’incident. «C’était entièrement de ma faute, j’ai passé machinalement le serpent d’une main à l’autre alors qu’elle n’était pas gantée. Morsure immédiate. Comme ce n’était pas la première fois et que les réactions allergiques s’amplifient avec la répétition de morsures, j’ai été littéralement foudroyé. Une fois sorti des soins intensifs, je suis aussitôt parti retrouver mes vipères.»  

Cet article peut être lu dans son intégralité dans notre supplément «Terroirs» de septembre  2018 en cliquant sur le journal ci-dessous.

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