Comme l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et de nombreux autres pays, la Suisse vise l’élimination de la rougeole, soit l’absence de cas durant au moins douze mois. Pourtant, notre pays en a déjà enregistré 212 depuis le début de l’année (chiffres de la mi-octobre), soit huit fois plus que pour la même période l’année précédente. En 2019, deux personnes sont mortes des complications de cette maladie. «La Suisse fait partie des pays qui connaissent une recrudescence de cas», affirme Cathy Voide, médecin-adjointe à l’Institut central des hôpitaux dans le service des maladies infectieuses de l’Hôpital du Valais.
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Selon l’OFSP (Office fédéral de la santé publique), 91% des cas dont le statut vaccinal était connu n’étaient pas ou insuffisamment vaccinés. «Le vaccin est la meilleure façon d’éviter la maladie, et surtout les complications qui sont à craindre, explique Cathy Voide. Il est nécessaire d’en recevoir deux doses – la seconde permet d’augmenter la réponse vaccinale – à un intervalle d’un mois. Le vaccin est efficace toute la vie durant.»
Comme un gros rhume
La maladie peut toucher toutes les tranches d’âge de la population et se présente au début comme un gros refroidissement. Elle se développe en deux phases. Les premiers symptômes apparaissent sept à huit jours après la contamination: fièvre, fatigue, douleurs abdominales, photosensibilité (sensibilité à la lumière), inflammation de la bouche, toux, rhume, maux de gorge. Deux à quatre jours plus tard, les symptômes s’intensifient et l’éruption cutanée débute au niveau du visage puis au reste du corps. Comme les premiers signes de la maladie sont peu caractéristiques, «les gens ignorent souvent qu’ils ont la rougeole au début de leur période de contagiosité». La maladie se propage alors d’autant plus facilement.
Le risque de contagion est d’autant plus élevé qu’une partie de la population reste susceptible de contracter le virus. «Toutes les personnes non immunes, c’est-à-dire qui n’ont pas développé la maladie ou qui ne sont pas vaccinées, sont à risque, affirme Cathy Voide. En ce qui concerne les complications, celles-ci sont plus fréquentes chez les nourrissons, les femmes enceintes, les personnes âgées et les personnes dont les défenses immunitaires sont diminuées.»
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Peut-on échapper à la contamination sans vaccin?
La rougeole se transmet par projection de micro-gouttelettes, lorsqu’une personne tousse ou éternue. C’est la maladie infectieuse la plus contagieuse, raison pour laquelle le vaccin est vivement recommandé: «L’alternative est d’éviter les gens infectés, qui sont cependant contagieux quatre jours avant l’apparition de l’éruption cutanée et quatre jours après, soit neuf jours au total, explique la doctoresse Voide. La contamination est ainsi possible même en faisant très attention.»
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De graves complications
Leur nature est variée: pneumonie (dans environ 1 à 6% des cas), otite, ulcère de la cornée, kératite (inflammation de la cornée), myocardite (inflammation du muscle cardiaque), péricardite (inflammation du péricarde, le sac qui entoure le cœur) voire l’encéphalite (1 cas pour 1000) «qui entraîne un décès dans 15% des cas environ ou de fréquentes séquelles neurologiques».
Autre complication, moins connue mais particulièrement risquée pour les personnes ayant contracté la rougeole avant l’âge de 5 ans, la panencéphalite sclérosante subaiguë. «Ce type d’encéphalite se présente comme une maladie dégénérative du système nerveux central. Elle apparaît sept à dix ans après la rougeole. Son évolution est fatale.»
Et si j’ai été exposé?
La vaccination est donc le moyen le plus sûr d’éviter la rougeole. «Pour les gens non immuns en contact avec un cas, il est possible de se faire vacciner jusqu’à 72 h après le contact.» Ce vaccin post expositionnel, s’il est administré dans les temps, permet d’éviter la maladie. Si cela n’est pas possible ou refusé, il peut être demandé aux personnes potentiellement infectées de rester à domicile, le temps d’être sûr qu’elles n’ont pas contracté la rougeole. A noter qu’aujourd’hui, les cas à l’âge adulte sont heureusement rares en Valais, «grâce à une bonne couverture vaccinale», comme nous l’explique le professeur Nicolas Troillet, chef du Service des maladies infectieuses de l’Hôpital du Valais.
On considère que l’élimination de la rougeole sur un territoire ne sera assurée que lorsque au moins 95% de la population sera immune pour la maladie. La vaccination telle qu’elle est proposée aujourd’hui se fait avec l’injection de deux doses dans un intervalle d’un mois. Les personnes qui ont reçu ces deux doses, celles ayant contracté une rougeole confirmée par un médecin et celles nées avant 1963 en Suisse sont considérées comme immunes.