INTERVIEW
NOÉMIE FOURNIER, JOURNALISTE AU NOUVELLISTE, PARTAGE SON ATTACHEMENT AU JOURNAL
«Le Nouvelliste relie les Valaisans entre eux»
Noémie est de Nendaz. Journaliste au Nouvelliste depuis sept ans, elle est membre de la cellule actu et chargée des communes de Nendaz, Veysonnaz et du val d’Hérens, ainsi que du dossier de la Constituante. La politique valaisanne la passionne et tout ce qui touche au patrimoine et à l’histoire du canton. C’est peut-être pour cela que Le Nouvelliste lui apparaît comme un personnage fascinant qui mérite son engagement à 100%.
Comment décririez-vous Le Nouvelliste?
L’ancien slogan du Nouvelliste, «Le trait d’union des Valaisans», reflète parfaitement ce que représente le journal. Durant mon enfance, en tant que famille valaisanne vivant dans le canton de Vaud, on recevait tous les jours Le Nouvelliste à la maison. C’était le lien avec notre canton. Le point d’attache avec ce qu’il s’y passait. Le Nouvelliste relie les Valaisannes et les Valaisans entre eux, mais aussi avec leurs politiciens, leur actualité, etc. Il ne le fait pas qu’à travers le journal papier, il y contribue également à travers les événements qu’il organise, qui créent du lien social. Bref, c’est le média qui compte en Valais.
Et en termes de contenu et de caractère?
Il est le reflet de ses journalistes, avec une emphase importante sur le traitement de la politique, depuis toujours. Les Valaisannes et les Valaisans sont très concernés par la chose collective, avec un taux de participation très élevé aux votations, par exemple. Et cette dimension a tout à voir avec la mission d’un quotidien, qui est précisément de rendre compte du collectif.
Quel est le défi originel que Le Nouvelliste doit relever au quotidien?
Justement celui de gérer les passions dont il doit rendre compte. Le Nouvelliste étant le véhicule d’une vie politique valaisanne intense, il entreprend chaque jour la mission impossible de fédérer les lecteurs autour de sujets qui divisent. Mais comme ça fait bientôt 120 ans que ça dure, on est devenu spécialiste en équilibrisme; jusqu’à compter, en période d’élection, le nombre d’occurrences des différents intervenants pour que toutes les couleurs politiques soient représentées de la même manière. Mais la frontière entre un rôle de transmetteur neutre et un acteur à part entière de la société est très fine. Lors des votations sur les Jeux olympiques, par exemple, certains nous ont reproché de ne pas soutenir la candidature de Sion et de nous contenter de relayer les pour et les contres.
En tant que journaliste, quelle expérience est-ce de travailler pour ce titre?
Je fais partie de ces personnes qui sont encore plus attachées au Nouvelliste qu’à la profession de journaliste. Son histoire me fascine. Le Nouvelliste d’hier, c’est un peu comme un grand oncle qui a pu avoir des opinions qui font parfois honte, mais qu’on aime quand même. Toutes les phases du métier me captivent. Un dimanche par mois, je travaille aussi à l’édition où je participe à la matérialisation concrète du journal. On forme une super équipe. Notre plus grande ambition est de faire de ce journal quelque chose d’incroyable. Il le mérite. En tant que journalistes, on a une grande liberté et l’entière confiance de la direction qui nous permet de nous épanouir. J’ai de la chance de pouvoir me réveiller le matin, avec le sourire, pour aller faire un travail que j’aime.
Quel rôle joue le journal concrètement dans la vie du canton?
On pourrait dire que c’est un personnage que les gens aiment bien critiquer tout en tenant à sa présence. Il est le garant d’une identité dans laquelle les Valaisannes et les Valaisans se reconnaissent encore. Au-delà de son rôle de trait-d’union et de média qui consacre une grande place à la politique, il joue durant la Foire du Valais un rôle pédagogique auprès des jeunes avec son quiz. Pendant le Covid, on a pu voir la force de sa mission, à travers «Les lettres aux aînés», par exemple. C’était très émouvant. Le journal a réussi à préserver un lien entre des gens momentanément séparés. Les mêmes motivations de rapprocher les gens nous ont inspiré la série «Les rires au mayen». On tente avec humour de faire dialoguer des personnalités qui ne sont pas d’accord. L’épisode qui a réuni Christian Constantin et notre rédacteur en chef Vincent Fragnière, après plusieurs années de boycott, illustre bien de quoi est capable ce journal.
«Je fais partie de ces personnes qui sont encore plus attachées au Nouvelliste qu’à la profession de journaliste. Son histoire me fascine.»
Il doit y avoir des bons et des mauvais côtés à cette proximité?
Oui, c’est à double tranchant. Dans les petites communes, en assemblée primaire, notre présence est attendue et parfois saluée. Mais si j’écris quelque chose qui ne plaît pas, on me le fera savoir rapidement. On me surnomme souvent Le Nouvelliste, et on me tient pour responsable de chaque virgule du journal, qu’on me reprochera même si je n’ai pas écrit l’article. Mais c’est appréciable. Je me dis que si on n’était pas important, on ne serait pas critiqué.
La presse régionale est-elle un genre de service public?
Oui clairement. Et pourtant, sans redevance et avec un certain manque de reconnaissance. Récemment, j’ai fait le portrait du Journal de Nendaz à l’occasion de ses 40 ans, et j’y ai retrouvé les mêmes missions que celles du Nouvelliste, à savoir informer et nourrir un sentiment d’appartenance.
Qu’apporte le digital à la force du titre et en quoi cela impacte votre métier?
Cela nous offre un peu plus de liberté, mais surtout un enrichissement des contenus. Là où on n’avait pas la place de traiter des sujets en images, désormais on ne se prive plus. L’arrivée de la vidéo nous permet également d’aborder les sujets différemment. Ce qui a aussi ouvert la porte à un lectorat plus jeune.
Quels sont les défis que Le Nouvelliste doit relever pour sa pérennité?
Il doit réussir à rajeunir son lectorat. Ensuite, et ça fait peut-être partie en même temps des solutions, il doit optimiser le virage digital. Mais surtout, il doit continuer à être le reflet de toutes les Valaisannes et les Valaisans aujourd’hui dans leur pluralité et leurs richesses. Et ça, c’est pas une mince affaire!