Leur ronronnement gâche nos nuits et leur piqûre démange. Les moustiques pourraient figurer au sommet des inconvénients de la saison estivale.
Parmi eux, le moustique tigre, originaire du Sud-Est asiatique, inquiète plus que les autres. Plus petit que les moustiques indigènes, présentant sur ses pattes – comme certains autres moustiques exotiques – des rayures noires et blanches qui lui ont donné son nom, il opère toutefois de manière différente: «Le moustique tigre est plus silencieux et pique aussi pendant la journée. Il s’avère d’ailleurs plus agressif, puisqu’il peut piquer à répétition», comme l’explique Emilie Dessimoz, biologiste mandatée par le canton pour le suivi du moustique tigre en Valais.
«Quand il est présent, il est ainsi impossible de manger en terrasse sans être dérangé.»
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Les réactions à ses piqûres semblent aussi toucher plus de monde, «avec des inflammations un peu plus importantes et qui durent un peu plus longtemps… Même si cela peut différer d’une personne à une autre». En Valais, la présence du moustique est pour l’instant cantonnée aux régions de Monthey et de Brigue, mais la situation pourrait rapidement changer si des mesures préventives ne sont pas prises.
Un insecte qui prend la voiture
Le principal risque de la présence de ce moustique réside dans sa capacité à véhiculer certaines maladies tropicales comme la dengue, le virus zika ou le virus chikungunya.
Le moustique tigre ne vole que sur une centaine de mètres. Il profite toutefois des habitacles de voitures pour se déplacer. «C’est probable qu’il soit arrivé à Brigue (où sa présence est attestée depuis 2021, ndlr) de cette manière», explique Emilie Dessimoz. «Par le biais de camions qui provenaient d’Italie, un pays qui comporte une forte population de ce moustique.»
Or, si un spécimen suce le sang d’un individu atteint par l’une de ces maladies pour aller ensuite se repaître du sang d’une autre personne, il peut la contaminer. Le risque d’épidémie est alors important.
«Il est très difficile d’éradiquer ce moustique une fois qu’il est installé, c’est pourquoi un suivi a été mis en place aux niveaux cantonal et fédéral.» L’objectif est de maintenir sa population basse pour éviter l’apparition de foyers épidémiques. «Plus les populations de moustiques sont importantes, plus nous sommes confrontés à un risque d’augmentation de cas de malades, et cela peut rapidement devenir un problème de santé publique.»
Prévenir plutôt que guérir
Si l’on rentre d’un pays tropical et qu’on ne se sent pas bien, il est donc conseillé de s’isoler et de consulter rapidement, pour éviter qu’un moustique tigre ne nous pique et n’aille infecter quelqu’un d’autre. Mais limiter sa prolifération par des gestes simples demeure la meilleure solution.
«Une femelle peut pondre 40 à 80 œufs par ponte et elle peut le faire plusieurs fois sur une saison – ce qui peut engendrer 70 millions de moustiques en deux mois.»
Même si ceux-ci sont soumis à la présence de prédateurs, il est recommandé de leur couper les ailes le plus rapidement possible en réduisant autant que faire se peut leurs lieux de plaisance.
«Contrairement aux moustiques indigènes, le moustique tigre préfère de tout petits points d’eau stagnante comme les arrosoirs, les sous-pots, les vases, les seaux, les pneus…» C’est d’ailleurs par ce biais qu’il est arrivé en Europe: «par le transport de pneus qui contenaient un peu d’eau stagnante. Le premier bon geste se résume donc à vider tous ces points d’eau au moins une fois par semaine, soit la durée nécessaire au développement de l’œuf à l’adulte.»
Cet insecte raffole aussi des grilles de séparation des eaux claires, sur les routes. C’est la raison pour laquelle celles-ci sont prioritairement traitées, sur demande de la ville et du canton, dès que la présence du moustique tigre est attestée.
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«A Monthey, où il est présent depuis 2019, pour limiter son expansion et atteindre les points d’eau difficiles ou impossibles à vider, nous avons distribué aux habitants de certains quartiers un produit de lutte biologique: une bactérie présente naturellement dans le sol qui produit des protéines toxiques pour les larves de moustiques. Il faut bien comprendre que si nous ne luttons pas contre le moustique, le risque d’épidémie augmente et il faudra peut-être, en cas de présence simultanée de malades et de moustiques, épandre de l’insecticide à plus large échelle pour traiter des quartiers entiers, comme cela s’est vu dans le nord de l’Italie (en 2017, la région avait été frappée par plus de 400 cas de chikungunya, ndlr). Les moyens déployés aujourd’hui sont donc vraiment les plus adéquats pour éviter cela.»
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Et la spécialiste de rassurer: «En Suisse, nous n’avons encore jamais eu de cas de maladies de ce type transmises par ce biais. Cette stratégie semble fonctionner, puisque le moustique tigre est pourtant présent au Tessin depuis 2003.»
L’Office du médecin cantonal effectue une surveillance de tous les cas déclarés de ces maladies et une enquête auprès des personnes concernées, afin de lutter contre l’émergence de pandémies.
Pour tout renseignement, une hotline est disponible au 027 606 32 41. Il est aussi possible de contacter les responsables de ce dossier à l’Etat du Valais par courriel: moustiquetigre@admin.vs.ch