PASCAL DÉCAILLET journaliste
Le monde de la presse, en Suisse romande, est en pleine révolution. Mutation passionnante, beaucoup plus fulgurante qu'on ne l'imagine. Sauf à s'accrocher à des prés carrés, comme à la marine à voile dans les premiers temps de la vapeur, il n'y a pas lieu de s'inquiéter: depuis quand une génération doit-elle baisser les bras face aux défis du renouveau?
Et d'abord, «la presse», ce noble mot, que j'aime tant, auquel j'ai consacré ma vie: qu'évoque-t-elle encore de concret, cette métaphore née de Gutenberg? Lorsque j'ai commencé, il y a si longtemps, au «Journal de Genève», on imprimait à peu près comme au XIXe siècle. C'était génial, j'adorais ça, on couvrait un spectacle, on rendait la copie à minuit et demi, on allait boire un dernier verre avec l'équipe technique, on se couchait à 2 heures, on frémissait d'avoir son texte, à soi, dès l'aube, devant des...