Des maisons, des arbres, le lac, le ciel. Un temps suspendu entre un point A et un point B. Un temps durant lequel, contrainte et forcée, je ne fais rien. Obligée de ne rien faire: existe-t-il un plus grand bonheur? J'aime tellement ça qu'il m'arrive parfois de prendre le train sans but, juste pour le plaisir de ce voyage intérieur qui me ramène à moi-même. Alors que le train fend l'air glacial de l'hiver, ma respiration se fait plus profonde, mon corps se détend, mon esprit vadrouille et une immense bouffée de bonheur m'envahit.
Seulement du bonheur, il n'y a rien à dire. Le bonheur ne crée pas un propos, ne donne pas de contenu, ne fait pas briller mon esprit critique, ne scotche pas le spectateur à son écran télé... Les films hollywoodiens s'arrêtent quand le bonheur commence, les contes aussi. Phillipe Delerm, et sa célèbre «première gorgée de...