«Après une longue pause dans le métier, je m’interdisais de travailler dans les soins. Je n’étais plus dans le coup et n’osais plus dire être infirmière.» Formée à l’école en soins infirmiers de Sion, Agnès Fumeaux a pratiqué son métier de 1991 à 2005. Elle s’est ensuite consacrée exclusivement à ses cinq enfants. En 2013, elle reprend un poste d’accompagnante dans les addictions, puis devient infirmière indépendante dans le coaching en 2016. Trois ans plus tard, elle s’inscrit à un nouveau programme de réinsertion des infirmières, après avoir vu une annonce dans «Le Nouvelliste».

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«Cela me faisait plaisir de retoucher au métier de me familiariser avec la nouvelle nomenclature», poursuit la Valaisanne. «J’ai donc suivi le programme de quinze jours de cours répartis sur environ trois mois.» A la théorie s’ajoutait de la pratique dans le cadre de l’école.

Programme lancé en 2019

Ce cursus a débuté en 2019. «Il répondait à une décision fédérale de soutenir financièrement les programmes cantonaux de promotion de la réinsertion professionnelle dans le domaine des soins de longue durée», explique Marie-Nicole Barmaz, maître d’enseignement HES et responsable du programme d’actualisation des connaissances pour infirmières diplômées à la Haute école de santé du Valais.

«La première volée comprenait 11 participantes, dont au moins la moitié se sont réinsérées sur le marché du travail en tant qu’infirmières. La plus jeune avait 27 ans, la plus âgée 62. Elles n’avaient pas pratiqué pendant une période de 9 à 30 ans.» Le coût: 3850 francs par participante, dont 500 francs à sa charge, le reste étant financé par le canton et le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation.

Les participantes sont appelées à proposer une offre en soins adaptée aux besoins de la personne.

Marie-Nicole Barmaz, responsable du programme d’actualisation des connaissances pour infirmières diplômées à la Haute école de santé du Valais

Axé sur les soins à la personne âgée et à l’adulte, le programme couvre les éléments essentiels de la formation initiale en soins infirmiers, tout en enseignant les derniers développements techniques. Il aborde différentes situations concrètes comme la prise en charge de patients souffrant de troubles cognitifs ou d’une fracture du bassin et de l’épaule. «Les participantes sont appelées à proposer une offre en soins adaptée aux besoins de la personne», détaille Marie-Nicole Barmaz. Et ce, après avoir établi un recueil de données basé sur l’évaluation clinique, sur des connaissances en pharmacologie et sur les résultats des examens en laboratoire, notamment.

Des cours et un stage

Depuis 2019, Fribourg offre également un cursus d’une durée de dix semaines à 80% (dix jours de cours et huit semaines de stage). «La formation est généraliste, tout en cherchant à répondre à des besoins spécifiques des participantes», éclaire Coralie Wicht, responsable du programme «réinsertion professionnelle, soins de longue durée» à la Haute école de santé de Fribourg.

La formation est généraliste, tout en cherchant à répondre à des besoins spécifiques des participantes.

Coralie Wicht, responsable du programme «réinsertion professionnelle, soins de longue durée» à la Haute école de santé de Fribourg.

«En 2018, une étude de l’Observatoire de la santé (OBSAN) a montré qu’environ 50% du personnel quittait la profession. Cela a incité à la réflexion dans notre canton.» Un groupe de travail a alors été établi, avec plusieurs partenaires: les soins à domicile, des EMS, le Réseau fribourgeois de santé mentale, l’Organisation du travail santé social, l’Hôpital fribourgeois (HFR) et l’HIB de Payerne, au sein desquels les stages peuvent être proposés. La première volée comprenait huit participantes, dont trois sont restées dans le métier.

Vaud, canton précurseur

Si ces programmes en Valais et à Fribourg sont récents, le canton de Vaud a mis en place en 2004 déjà un dispositif de réinsertion et de réorientation qui, depuis, a accueilli 1168 infirmières et infirmiers. La plupart travaillent en EMS, dans les soins à domicile ou encore dans des centres de traitement et de réadaptation.

En raison de la pandémie, Fribourg et le Valais ont dû suspendre provisoirement le programme qui devrait bientôt reprendre. Quant à Agnès Fumeaux, elle a été engagée à 50% en novembre 2020 dans un EMS: «Le retour a été ardu, notamment en raison de la crise sanitaire. Heureusement, l’infirmière-cheffe m’a beaucoup soutenue. Et la formation m’a donné confiance, si bien que j’ose désormais dire que je suis infirmière!»

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