Les entreprises de transport par hélicoptère ne voient pas d'un bon oeil la réduction des places d'atterrissage en montagne prévue par le Conseil fédéral. Ce projet aurait non seulement des conséquences économiques pour les entreprises: il affaiblirait surtout le niveau élevé des vols de secours et industriels dans les Alpes, estiment-elles.
Des représentants du secteur ont souligné mardi à Berne l'importance de ces places d'atterrissage pour la formation et l'entraînement des pilotes de montagne, confrontés à des conditions météorologiques très changeantes en altitude.
Il faut des pilotes bien formés pour les vols de sauvetage ou de recherche mais aussi pour monter des installations techniques, déclencher des avalanches, sécuriser des pentes ou sauver du bétail, a illustré le conseiller national Rudolf Joder (UDC/BE), président de la Swiss Helicopter Association. Celle-ci regroupe de nombreuses entreprises telles qu'Air Zermatt ou Air Glaciers. Ces prestations profitent aux populations de montagne, a rappelé le Bernois.
Héliski contesté
Selon la branche, trois quarts des vols en montagne sont effectués pour des travaux, des secours ou des recherches. Le transport des adeptes de l'héliski en revanche, vigoureusement combattu par les milieux écologistes, ne représenterait que 8% des vols, a soutenu Daniel Sulzer, membre de la direction de Swiss Helicopter Association.
Les organisations environnementales critiquent depuis des années le ski héliporté, considéré comme un loisir de luxe effectué au détriment des fragiles paysages alpins. Pour elles, la réduction des places d'atterrissages prévue par le Conseil fédéral est une farce.
Marc Ziegler, guide de montagne et chef de formation au Secours Alpin Suisse, rétorque que l'héliski est une plus-value pour les régions de montagne et un apport bienvenu pendant les périodes creuses, lorsque la neige manque dans les vallées.
Le débat sur les places d'atterrissage en altitude dure depuis des années, sans solution. Pour cette raison, le Conseil fédéral a décidé en avril 2014 de mettre un terme définitif à l’examen de ces places et de se contenter de limiter leur nombre de 42 à 40.
Deux places en moins
Deux places devraient donc fermer dans l'Oberland bernois: Rosenegg-West, au-dessus de Grindelwald, ainsi que Gumm, dans la région de Saanen. Les places restantes devraient continuer d'être exploitées comme actuellement. L'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC) a fait ce choix après avoir pesé les intérêts écologiques et économiques.
Une réduction des places d'atterrissage conduit immanquablement à une plus forte exploitation des places restantes, ont fait observer mardi les représentants des transports par hélicoptère.
Fermer deux places est un "susucre" aux milieux écologistes, critique la Swiss Helicopter Association. Depuis des années, la branche pratique la restriction, puisqu'elle n'utilise que 42 places alors que 48 seraient possibles, rappelle-t-elle.
La modification du concept des places d'atterrissages proposée par le Conseil fédéral est en consultation jusqu'à la fin avril.