Les mesures de concentration de mercure dans les jardins contaminés entre Niedergesteln et Viège ne sont pas assez poussées. C'est ce que dénoncent mercredi deux organisations environnementales, qui exigent la création d'un conseil d'experts indépendant. L'entreprise Lonza rejette ces reproches.
La contamination au mercure n'a pas été sérieusement investiguée, écrivent les Médecins en faveur de l'environnement (MfE) et le WWF Haut-Valais dans un communiqué commun. L'entreprise chimique Lonza, à l'origine de la pollution, et le bureau d'étude BMG qu'elle a mandaté n'ont procédé dans les jardins à des analyses que sur un périmètre de 10 mètres sur 10.
En outre, les mesures n'ont été effectuées que jusqu'à une profondeur de 40 centimètres. Or, les investigations réalisées par MfE et le WWF sur des échantillons de la même surface que Lonza et BMG ont révélé une concentration supérieure. L'Institut Forel de l'Université de Genève a prélevé les échantillons à une profondeur de 60 à 80 centimètres.
L'institut a décelé 57 milligrammes de mercure par kilo de terre (mg/kg), ce qui représente une valeur environ 11 fois supérieure à la valeur légale d'assainissement, qui est fixée à 5 mg/kg. Dans la zone du jardin située devant l'entrée de la maison, les mesures à la surface ont enregistré une valeur de 27 milligrammes.
Lonza se défend
Dans un communiqué, Lonza rejette fermement les reproches formulés. L'entreprise assure qu'elle se tient strictement au cahier des charges fixé par la loi et contrôlé par les autorités.
Le Service de l'environnement du canton du Valais confirme ce point de vue. Dans la phase actuelle, qui consiste à identifier sur un périmètre très grand les parcelles qui devront être assainies, les analyses jusqu'à 40 centimètres de profondeur permettent d'atteindre l'objectif, a expliqué à l'ats Cédric Arnold, le chef de ce service cantonal.
Dans la phase suivante, qui consistera à assainir les parcelles qui le nécessitent, les prélèvements seront alors effectués plus en profondeur. L'entreprise Lonza souligne d'ailleurs que parallèlement aux investigations menées, elle est en train d'élaborer, en collaboration avec le Service de l'environnement, un plan d'assainissement.
Les investigations doivent être achevées à la fin de l'année. En juin, Lonza avait proposé d'assurer le préfinancement pour les terrains contaminés dès 2 mg/kg.
Créer un conseil indépendant
Les MfE et le WWF Haut-Valais réclament l'instauration d'un conseil d'experts indépendant, qui devra être chargé d'organiser les investigations. Les deux organisations devront participer à ce conseil, exigent-elles, de même que le Groupement d'intérêt (GI) Mercure, qui défend les intérêts des habitants.
Les deux organisations environnementales exigent en outre que Lonza finance des investigations systématiques de la contamination au mercure de la population (études épidémiologiques) et de l'environnement.
Le canton du Valais n'entre pas en matière sur la création d'un tel conseil d'experts, car la loi délègue la responsabilité au Service de l'environnement, a dit M. Arnold. En revanche, pour que les milieux intéressés puissent participer au processus, le canton a institué des groupes thématiques. Les intéressés peuvent même y participer avec des experts de leur choix, précise M. Arnold.
Pollution sur des décennies
La pollution entre Niedergesteln et Viège a été découverte en 2010 lors de travaux de construction. Le mercure provient de l'entreprise chimique Lonza, qui l'a déversé dans un canal entre 1930 et le milieu des années 1970. Jusqu'à présent, 98 parcelles ont été analysées, dont 56 présentent une concentration en mercure de niveaux différents, allant de faibles à forts.
Mardi, l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) a proposé d'abaisser de 5 à 2 mg/kg la valeur d'assainissement pour les jardins privés et familiaux, les places de jeu et les autres lieux où des enfants jouent régulièrement.
Deux études commandées par l'OFEV ont en effet révélé qu'un risque apparaît pour la santé des enfants dès que la concentration de mercure dépasse deux milligrammes par kilo. Le projet de révision de l'ordonnance sur les sites contaminés a été mis en consultation jusqu'au 9 octobre.