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Haut-Valais: premiers résultats positifs pour stocker du gaz naturel sous les Alpes

Une société veut stocker du gaz naturel grâce à des aménagements rocheux dans le massif rocheux du Grimsel. Le projet, devisé à quelque 400 millions de francs, est une première en Suisse. Les résultats des sondages géologiques ont été présentés au canton. Ce dernier doit encore se positionner.

27 juin 2021, 10:11
Selon les premiers sondages géologiques, il serait possible d'aménager des cavités dans la roche capables de stocker du gaz naturel.

La société Gaznat a effectué en 2020 un carottage des sols près d’Oberwald, dans le Haut-Valais, afin de déterminer si la construction d’un réservoir de gaz naturel sous les Alpes est possible. «Les premiers résultats des forages sont prometteurs», affirme l’entreprise. Le géologue cantonal valaisan doit encore se positionner sur le projet.

L’objectif de ces travaux exploratoires était de déterminer, dans une première phase, si la roche pouvait se prêter au système de stockage «Lined Rock Cavern» (LRC), explique dans un communiqué l’entreprise propriétaire des gazoducs de Suisse occidentale. Ce système consiste à comprimer dans une cavité rocheuse revêtue d’une peau métallique du gaz naturel – énergie fossile provenant de gisements souterrains – ou dans le futur du gaz renouvelable.

«Prometteurs», les premiers résultats démontrent qu’il serait possible d’aménager dans ce massif rocheux du Grimsel jusqu’à quatre cavités capables de stocker l’équivalent de 1,2 TWh d’énergie. A titre de comparaison l’énergie stockée dans le lac d’accumulation de la Grande Dixence est d’environ 1,5 TWh, relève René Bautz, directeur général de Gaznat SA qui planche «depuis plusieurs années» sur ce projet.

Le coût de ce dernier, qui comprend l’ensemble de l’ouvrage souterrain et les équipements de surface, avoisine les 400 millions de francs. Cette technologie LRC a déjà fait ses preuves dans d’autres pays en Europe, notamment en Suède, souligne aussi le directeur.

Stocker les surplus d’énergie

A terme, «l’idée avec ce concept est de stocker les surplus d’énergie issus de sources renouvelables (solaire, éolien, hydraulique)», explique-t-il à Keystone-ATS. Ce qui permettrait d’utiliser en hiver l’énergie produite en été en toute flexibilité

Pour pouvoir la stocker, l’énergie électrique doit d’abord être transformée en énergie chimique, soit sous forme de gaz (on parle alors de Power-to-gas, ndlr). Cela pourrait être fait à proximité des centrales photovoltaïques, hydraulique ou des parcs éoliens avant d’être injectée dans les gazoducs, comme celui du Rhône qui existe déjà, explique René Bautz. «Il faudrait simplement construire des raccordements supplémentaires».

Un projet «pas prioritaire»

Menés entre mars et juillet 2020 dans le Haut-Valais, les résultats des sondages géologiques réalisés par Gaznat ont été présentés au canton du Valais et à la commune d’Obergoms en juin 2021. Contacté, le Service de l’énergie et des forces hydrauliques affirme suivre de loin l’avancée de ce projet "innovant" mais "qui n’est pas prioritaire dans le cadre de ses activités visant à accélérer la transition énergétique immédiatement, précise à Keystone-ATS son chef Joël Fournier.

Avec l’arrêt progressif des centrales nucléaires, il ne sera possible qu’à l’horizon 2050 de produire un surplus d’électricité suffisant pour justifier la production du gaz de synthèse visant à être stocké pour l’hiver.
Joël Fournier, chef de service de l’énergie et des forces hydrauliques

«Avec l’arrêt progressif des centrales nucléaires, il ne sera possible qu’à l’horizon 2050 de produire un surplus d’électricité suffisant pour justifier la production du gaz de synthèse visant à être stocké pour l’hiver», complète-t-il pour appuyer son propos. «Dans l’intervalle, ce stockage servirait à améliorer la sécurité d’approvisionnement en gaz d’origine fossile du pays, puisqu’il n’existe pas de tel stockage en Suisse».

Quant au géologue cantonal Raphaël Mayoraz, il indique vouloir prendre le temps d’«analyser le rapport et la situation avant de se positionner sur le projet». L’entreprise est également en discussions constante avec la Confédération, affirme-t-elle.

Etude de faisabilité à mener

L’entreprise va maintenant entamer une étude de faisabilité technico-économique, soit «analyser comment intégrer le système dans le massif et quelle en sera sa rentabilité énergétique pour la Suisse», détaille René Bautz. En cas d’accord des investisseurs, Gaznat devra encore réaliser des analyses de sécurité et d’impact sur l’environnement, puis encore demander les permis de construire nécessaire au canton.
Gaznat est propriété de villes et de services industriels ou sociétés gazières. Basée à Vevey (VD), elle assure 13% de la consommation d’énergie en Suisse.

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