Emissions de gaz hilarant: Lonza promet une solution à Viège avant fin 2021

En 2018, Lonza découvrait qu'elle relâchait de grandes quantités de protoxyde d'azote, appelé aussi gaz hilarant. Aujourd'hui, elle promet qu'un catalyseur va être opérationnel sur son site de Viège avant la fin 2021.

10 déc. 2020, 11:49
A Viège, Lonza va investir 12 millions dans la mise en place de ce catalyseur, qui permettra une réduction de 98% des émissions de gaz hilarant.

Le site valaisan de Lonza prévoit de mettre en service avant fin 2021 un catalyseur capable de réduire drastiquement les quelque 2000 tonnes de protoxyde d'azote qu'il rejette chaque année et qui sont nocifs pour le climat. Coût de l'opération: 12 millions de francs.

Le catalyseur, en construction sur le site de Viège, couvrira "une surface totale de 95 mètres carrés sur une hauteur de 18 mètres", a communiqué jeudi l'entreprise. Il doit réduire les émissions de protoxyde d'azote, appelé aussi gaz hilarant, "d'au moins 98%".

Le coût de 12 millions de francs est préfinancé par Lonza. Puis, l'entreprise bénéficiera "pendant un certain temps" du système communautaire d’échange de quotas d’émission (SCEQE)", sorte de bourse au carbone au sein de l'Union européenne, explique à Keystone-ATS Mathias Forny, responsable adjoint de la communication à Lonza Valais.

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Découverte fortuite

C'est en 2018 que Lonza constate qu'elle émet du protoxyde d'azote lors de la production de la vitamine niacine, pour laquelle elle exploite une installation depuis 1971 à Viège. Elle le découvre "par hasard", lors d'un contrôle périodique d'émissions réglementées par l'ordonnance sur la protection de l'air, parmi lesquelles ne figure pas le gaz hilarant, indique Mathias Forny.

Dans le courant 2018, Lonza mandate une entreprise externe qui mène alors plusieurs analyses qui confirmeront les émissions. Fin juin 2019, Lonza transmet les résultats à l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) qui seront recensés dans le registre suisse des échanges de quotas d'émission, poursuit Mathias Forny.

En collaboration avec l'OFEV

Pour réduire les émissions de protoxyde d'azote, Lonza s'attèle à trouver une solution technique élaborée "en étroite collaboration" avec l'OFEV. Fin novembre 2019, elle dépose une demande de permis de construire et effectue les premiers travaux préparatoires.

En janvier 2020, elle reçoit le permis de construire du catalyseur qui doit permettre "de contenir les émissions de protoxyde d'azote à un niveau minimum, bien qu'il n'existe pas de limites réglementaires à cet égard", indique Lonza dans son communiqué. Nocif pour le climat, le protoxyde d'azote n'aurait pas d'effet toxique plus direct sur la santé des personnes et des animaux.

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300 fois plus nocif

Le protoxyde d'azote est un puissant gaz à effet de serre qui contribue pour près de 10% au réchauffement de la planète. Les quelque 2000 tonnes rejetées chaque année par Lonza constituent 1% des gaz à effet de serre émis par la Suisse.

Bien qu'il soit beaucoup moins présent dans l'atmosphère que le dioxyde de carbone (CO2), le gaz hilarant est environ 300 fois plus nocif pour le climat, selon le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (EMPA). En novembre 2020, la commission de l'environnement du Conseil national décide à l'unanimité de demander à l'administration quelles sont les possibilités de répertorier les sources de ce polluant et d'établir des valeurs limites.

La Suisse s'est engagée à réduire ses gaz à effet de serre de 15,8% en moyenne par rapport à 1990 pour les années 2013 à 2020. Les émissions de protoxyde d'azote (600'000 tonnes d'équivalents CO2) émises par Lonza grèvent cet objectif. Afin d'atteindre la cible du Protocole de Kyoto, la fondation Centime Climatique acquerra des certificats étrangers à hauteur de 5 millions de tonnes de CO2 et les transférera à la Confédération.