Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Coronavirus: "sort collectif". Par Fernand Mariétan

Une douzaine de personnalités issues de générations, de milieux socio-professionnels différents livrent pour "Le Nouvelliste" leurs pensées sur l’impact social de l’expérience collective que nous vivons, et sur le temps d’après, quand la vie reprendra, sans doute différemment d’avant.

22 mai 2020, 16:59
Fernand Mariétan, ancien conseiller national et chroniqueur du Nouvelliste.

A ce stade d’un premier déconfinement, on voit bien qu’il n’est guère aisé de sortir de l’angoisse collective; normal du moment que les autorités ont joué sur ce ressort de la peur pour obtenir la discipline nécessaire. Sans compter le rôle des médias qui n’a guère permis de nuancer la situation.

Cela a été dit et redit mais le rappel s’impose: la gestion de cette crise est éminemment complexe et on n’aimerait pas être à la place de ceux qui gouvernent. Première évidence non seulement les experts ne savent pas tout mais en plus, ils ne parviennent pas à s’accorder sur l’étendue de leur méconnaissance. D’où cette propension à se délecter des failles supposées de l’Etat avec comme corollaire, une totale incapacité à faire confiance. Or dans une société de plus en plus globalisée, les situations d’urgence ne manqueront pas de se reproduire et il nous faut apprendre à vivre avec cette «culture du risque».

Dans cette séquence cauchemardesque que peuvent faire les pouvoirs publics, s’agissant des questions sanitaires, si ce n’est de s’appuyer sur les avis scientifiques parfois contradictoires, souvent incomplets. Ce phénomène inédit et gravissime nécessite un peu de hauteur de vue en se rappelant que la fonction essentielle du politique est d’assumer la part d’incertitude inévitable de toute régulation de la vie publique.

 

Rester autocentré sur sa petite personne va vite devenir incompatible avecle retour à la vie normale.
Fernand Mariétan, ancien Conseiller national

 

Il faudra s’en souvenir parce que dans quelque temps on verra sortir du bois des énergumènes qui vous expliqueront «qu’on aurait dû…». Dernier exemple en date de cette anxiété générée par le Covid-19, le retour à l’école avec l’attitude de certains parents réfractaires. En Suisse romande, une pétition a circulé, réclamant l’annulation de cette décision faute de garanties suffisantes. Passons sur la nécessité sociale autant que pédagogique avérée d’une réouverture des établissements scolaires. On veut bien comprendre et respecter les craintes légitimes de tout un chacun mais on ne peut s’empêcher de penser à ce qu’il serait advenu si le personnel soignant avait tenu un tel raisonnement ces trois derniers mois. Rester autocentré sur sa petite personne va vite devenir incompatible avec le retour à une vie normale. On ne pourra plus continuer à focaliser sur l’individu au détriment de l’ensemble.

Le philosophe François André Comte-Sponville l’écrivait un peu brutalement: «La peur de la mort n’est-elle pas en train de condamner l’essor de la vie?». La phase de confinement était indispensable. Mais d’autres considérations toutes aussi graves doivent être prises en compte sur la durée. On ne peut pas envisager de transformer une communauté de citoyens libres et responsables en une masse d’assistés dépendants de l’Etat nourricier pour subsister.

Fernand Mariétan, ancien Conseiller national, Monthey

Votre publicité ici avec IMPACT_medias