Si je vous dis «petits lutins bleus portant bonnet phrygien», vous me dites? «Les Schtroumpfs, pardi!» Les célèbres créatures imaginées par le dessinateur belge Peyo colonisent le château de Saint-Maurice jusqu’au 19 novembre. Vernie ce samedi, cette nouvelle exposition devrait drainer les foules, de quoi titiller le record détenu par Petzi (près de 23 000 visiteurs en 2018), c’est l’espoir de son concepteur Philippe Duvanel.

Le directeur de l’institution agaunoise et bédéphile averti tenait à offrir au public cette plongée dans l’univers des Schtroumpfs connus du monde entier. The Smurfs, Los Pitufos, i Puffi, Smurfarna, Hupikek Törpikek… Les Schtroumpfs ont été traduits à ce jour dans plus de soixante langues et patois!

Un succès planétaire dont seul Mickey peut se targuer et qui doit beaucoup à la série télévisée américaine éponyme conçue par le studio d’animation Hanna-Barbera, producteur notamment de Tom & Jerry. On est en 1980 et les Smurfs déferlent sur tous les petits écrans.

Dans le journal de Spirou

St-Maurice - 28 mars 2023 - Après Le Chat, les Schtroumpfs débarquent au Château de St-Maurice. Ici, la schtroumfologie. © Héloïse Maret / Le Nouvelliste

La «Schtroumpfologie» imaginée par Philippe Duvanel vaut le coup d’œil. © Héloïse Maret

Mais c’est d’abord sur papier que nos héros sont nés. Il y a soixante-cinq ans, dans l’hebdomadaire «Spirou». Peyo les fait apparaître pour la première fois dans «La flûte à six trous», l’une des aventures de sa série médiévale fétiche «Johan et Pirlouit». Sous forme d’yeux dans un buisson, d’une petite menotte à cinq doigts (Peyo passera ensuite à quatre, comme les personnages Disney) avant de les montrer dans leur intégralité le 23 octobre 1958. Les Schtroumpfs sont là!

Bien vite, les lecteurs se passionnent pour ces petits êtres magiques au langage sibyllin mais qui n’ont pas encore de nom. C’est la langue qui fourche du célèbre dessinateur André Franquin (Gaston Lagaffe) lors d’un repas commun qui inspire Peyo.

Le premier album entièrement dédié aux farfadets paraît en 1963. «Les Schtroumpfs noirs» vont donner naissance à une collection riche aujourd’hui de quarante volumes dont seize réalisés du vivant du dessinateur.

Derib se fait la main chez Peyo

Pour scénariser ses histoires, il fait appel – mais sans trop le crier fort – aux talents d’Yvan Delporte, rédacteur en chef de «Spirou». On lui doit notamment «Le Schtroumpfissime», génial album décortiquant les rouages du totalitarisme. Un opus qui a contribué à lancer la carrière d’un autre illustrateur célèbre, le Vaudois Derib, papa de Yakari, qui créa le mémorable palais du Schtroumpfissime.

Mais les Schtroumpfs doivent aussi leur incroyable succès à leurs traits. «Si on ne comprend pas une page du premier coup d’œil, ça ne sert à rien de dessiner», avait l’habitude de dire Peyo. Les personnages sont ainsi presque toujours représentés de trois quarts, jamais de face.

Et à leur… couleur! Le bleu aurait été dicté par l’épouse de Peyo, Nine, qui avait procédé par élimination. Symbole de sagesse et de sérénité, la teinte aurait séduit d’emblée l’illustrateur. Voilà pour la légende.

Le laboratoire de Gargamel en 3D

St-Maurice - 28 mars 2023 - Après Le Chat, les Schtroumpfs débarquent au Château de St-Maurice. Ici, la maison de Gargamel. © Héloïse Maret / Le Nouvelliste

Le laboratoire de Gargamel où le sorcier rêve de fabriquer la pierre philosophale. © Héloïse Maret

Vous voulez en savoir plus sur la genèse de ces attachants personnages? Par chance, l’exposition agaunoise s’est livrée avec délices à l’élaboration d’une véritable «Schtroumpfologie» affichée sur le mur d’une salle où trône le chaudron du maléfique Gargamel. Comment se reproduisent-ils? Ont-ils des poils ou des super pouvoirs? Combien sont-ils? Que mangent-ils? Ont-ils l’électricité? Autant de questions qui trouvent des réponses plus ou moins comiques. Mais toujours authentiques.

L’idée de départ de Peyo était simple: introduire une femme dans une communauté de cent mecs pour foutre la merde.

François Walthéry, collaborateur historique de Peyo à propos de la Schtroumpfette

Et justement, ce sorcier Gargamel flanqué de son chat Azraël, quand apparaît-il? Dès le deuxième album «Le voleur de Schtroumpfs». C’est lui qui inventera d’ailleurs la Schtroumpfette, unique présence féminine et principal ressort comique de Peyo. «L’idée de départ de Peyo était simple: introduire une femme dans une communauté de cent mecs pour foutre la merde», dira sans détour François Walthéry, collaborateur historique du dessinateur.

Une Schtroumpfette pour semer la zizanie

Véritable bimbo qui fait tourner les têtes et bardée de tous les clichés sexistes, la Schtroumpfette a (pour le moment) échappé à la pernicieuse «cancel culture» qui dénature les œuvres d’un Roald Dahl ou d’un Hergé à gros coups de gomme.

St-Maurice - 28 mars 2023 - Après Le Chat, les Schtroumpfs débarquent au Château de St-Maurice. Ici, des schtroumpfs réalisés par les graphistes de l'EDHEA. © Héloïse Maret / Le Nouvelliste

Alors avant que la censure ne s’abatte sur l’œuvre de Peyo, courez à Saint-Maurice, seul ou en famille, car l’univers foisonnant des Schtroumpfs mérite que l’on s’y plonge avec son âme d’enfant. Comme l’ont fait les étudiants en première année de graphisme de l’Edhéa invités à revisiter la figure en 3D du Schtroumpf. Leurs créations détonantes sont à découvrir sous les combles du château. Vous avez fantasmé sur un schtroumpf drag-queen? Ouvrez l’œil.

Saint-Maurice: Agaune Radio diffuse les infos RTS

La radio locale de Saint-Maurice a conclu un accord de partenariat avec la Société suisse de radiodiffusion et peut reprendre les flashs infos de la RTS.