Ils sont venus en nombre au Clair de Lune aux Marécottes pour participer à la rencontre du «Nouvelliste». Quelque quatre-vingts citoyennes et citoyens de la vallée du Trient se sont déplacés pour aborder des thèmes qui leur tiennent à cœur avec la présidente de Vernayaz, Stéphanie Revaz Martignoni, le président de Salvan, Florian Piasenta, le président de Trient, Bertrand Savioz, et celui de Finhaut, Andrea Ridolfi.

Mais si les quatre présidents étaient présents à la table principale, toutes les communes n’étaient pas représentées dans l’assemblée. Aucun habitant de Trient ne s’est manifesté. La plupart des questions, remarques ou coups de gueule ont été lancés par des citoyens de Salvan et Finhaut, les deux communes qui constituent le cœur de la vallée. Un constat de base qui a permis d’aborder la question qui divise les politiques: la fusion.

Dans dix ans, les quatre communes de la vallée n’en formeront-elles plus qu’une?

«On voit bien qu’il n’y a pas de fusion naturelle qui nous pousse à nous réunir. Mais quelle est votre vision pour la vallée dans dix ou quinze ans? Allons-nous rester chacun dans notre coin?» a demandé Mathieu Giroud, citoyen de Salvan. Si elle s’était invitée à demi-mot dans le débat jusqu’ici, la question est cette fois-ci clairement posée. Et parmi les décideurs, elle ne fait pas l’unanimité.

La plaine n’a pas les mêmes réalités que la vallée

Le micro est tendu en premier à Stéphanie Revaz Martignoni et la réponse est exigée «sans langue de bois». «En plaine, nous n’avons pas les mêmes réalités, ni la même population, que les autres communes de la vallée. Cela rendrait compliqué une union dans ce sens», a-t-elle déclaré. Avant d’ajouter avec une pointe d’humour que si les trois communes veulent vraiment se joindre à Vernayaz, elles peuvent se présenter avec «de bons arguments», faisant référence à l’argent du retour des concessions.

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«Le train est un véritable trait d’union. C’est là où nos jeunes qui vont au cycle d’orientation rencontrent ceux de Finhaut et créent des liens», Véronique Revaz, de Salvan. © Héloïse Maret

Si la présidente reconnaît que dans quinze ou vingt ans, sa commune ne pourra pas rester seule, elle finit par assumer que les regards se tourneront en premier lieu du côté de Martigny.

Tant que nous avons de l’argent et des personnes pour le Conseil communal, nous n’avons aucun besoin de fusionner.

Bertrand Savioz, président de Trient

Trient, bien dans son coin

A l’autre bout de la vallée, Bertrand Savioz se sent bien dans sa petite commune. «Je n’aimerais pas être le dernier président de Trient.» A la tête de la plus petite entité du Valais romand avec 170 âmes, il ne ressent aucune nécessité de s’allier avec ses voisines.

«Tant que nous trouvons des personnes motivées à s’investir au Conseil communal et que nous avons assez d’argent pour vivre grâce aux barrages, il n’y a pas nécessité de s’unir. Nous ne sommes même pas tous dans le même district.»

S’unir dans la vallée d’abord, avec Martigny ensuite

Selon Andrea Ridolfi, de Finhaut, l’argent en suffisance n’est pas un argument pour garder quatre administrations distinctes. «Le thème de la fusion flotte quand même dans l’air…»

Pour Florian Piasenta, l’argent du retour des concessions est une manne extraordinaire et il faut profiter du fait que la mariée soit belle pour penser union. Il l’avoue, une seule commune Vallée du Trient serait pour lui un rêve. Et il va même plus loin: «Les administrations et les conseillers sont toujours plus sous pression. La charge de travail ne fait que s’accroître. Pourquoi ne pas commencer par s’unir dans la vallée et dans un deuxième temps se raccrocher à Martigny?»

Tous s’accordent toutefois sur le fait que les synergies intercommunales déjà en place peuvent être accentuées et qu’il faut désormais parler et penser vallée du Trient.

Mobilité: sans route, comment connecter les villages et les gens?

Le train qui relie Martigny à Chamonix, c’est le grand argument de la vallée. Sa colonne vertébrale, dit-on souvent. Un luxe pour les habitants qui peuvent même le faire rouler sur demande pour les deux derniers horaires entre 23 heures et minuit.

Toutefois, tous les villages ne se trouvent pas sur l’axe ferroviaire, ce qui va jusqu’à poser des questions d’identité.

«Maintenant que l’argent est là, ne peut-on pas rêver de faire sauter ce bouchon entre Salvan et Finhaut pour enfin créer une route?», Jean-François Gander, de Salvan. ©Héloïse Maret

Difficile pour le Triennard de penser vallée

Au moment d’évoquer les grands projets touristiques qui verront le jour à Salvan et Finhaut, Bertrand Savioz est conscient qu’il s’agit d’un développement bénéfique pour toute la région. «Mais géographiquement, la future piscine de Finhaut ou la patinoire de Salvan sont loin pour les habitants de Trient. Sans être sur la ligne du train, il est difficile pour le Triennard de s’identifier à la vallée.»

Un parking en plaine est essentiel, mais la gare de Vernayaz est sur la commune de Martigny!

Stéphanie Revaz Martignoni, présidente de Vernayaz

Si un bus assure la liaison entre Trient et Châtelard l’été pour les randonneurs, il n’est pas envisagé le reste de l’année pour une question de rentabilité. «Pourtant, quand la route de la Forclaz était fermée suite à l’éboulement, le train nous a permis de faire la connaissance des habitants de Trient», relève Emmanuel Revaz, de Salvan. «C’est sûr», sourit Bertrand Savioz. «Mais le trajet jusqu’à Martigny prenait 50 minutes contre 15 par la route avec la voiture…»

Rendre le train plus abordable

Et même pour les habitants qui se trouvent sur la ligne du Mont-Blanc Express, l’usage du train n’est pas toujours une évidence pour circuler dans la vallée. «Entre Finhaut et Les Marécottes, l’aller-retour coûte tout de même 14 francs», souligne Bruno Gay-des-Combes, de Finhaut.

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«Que dit-on aux touristes qui veulent venir skier en train? Où peuvent-ils laisser leur voiture en plaine?», demande Jenny Voeffray, de Salvan. © Héloïse Maret

Présent à la soirée, le directeur de TMR, Martin von Känel, assure qu’une réflexion est en cours pour proposer des offres avantageuses aux citoyens de la vallée. Florian Piasenta rajoute que dans le cadre du projet de parc naturel régional, un pass mobilité verra le jour pour faciliter la circulation en transport public dans la région.

La nécessité d’un parking en plaine

En fin d’année, les habitants de Salvan ont accepté l’engagement de 8 millions de francs pour relier la future gare TMR des Marécottes à la future nouvelle télécabine. L’argument majeur résidait dans le fait que les touristes pourront ainsi passer de la route au rail. «Mais où peuvent se parquer les skieurs à Vernayaz pour prendre le train?» a lancé Jenny Voeffray, de Salvan.

Aujourd’hui, mes plus grands détracteurs sont ceux qui ne supportent plus les voitures qui passent dans le village.

Florian Piasenta, président de Salvan

Présidente de Vernayaz, Stéphanie Revaz Martignoni reconnaît la nécessité d’un parking en plaine. «Mais la gare de Vernayaz est sur la commune de Martigny!» Selon elle, des discussions ont déjà eu lieu avec Anne-Laure Couchepin Vouilloz pour trouver une solution.

Pour Florian Piasenta, cette préoccupation d’un parking en plaine est «récurrente et juste». «Mais il faut aussi encourager les touristes à prendre le train depuis leur lieu de départ et pas seulement depuis Martigny.»

Si la mobilité douce est au cœur du développement touristique, d’autres souhaitent un axe routier qui relie enfin Martigny à Finhaut. «Maintenant que l’argent est là, ne peut-on pas rêver de faire sauter ce bouchon entre Salvan et Finhaut?» lance Jean-François Gander, de Salvan.

La liaison coûterait des dizaines voire des centaines de millions, selon Florian Piasenta. «Aujourd’hui, mes plus grands détracteurs sont ceux qui ne supportent plus les voitures qui passent dans le village. Ce projet augmenterait le trafic et c’est inimaginable.»

Vertic’Alp, une ouverture annoncée

Le parc d’attractions Vertic’Alp va rouvrir en juin. C’est la bonne nouvelle de la soirée arrachée à la bouche du président de Finhaut par le rédacteur en chef du «Nouvelliste» Vincent Fragnière. «On attend toujours l’entrée en force d’une décision juridique!» tient-il aussitôt à préciser.

Avec la constitution de la nouvelle société, Vertic’Alp peut entrevoir un futur très solide.

Andrea Ridolfi, président de Finhaut

N’est-ce pas déjà trop tard?

Citoyen de Finhaut, Vincent Lugon-Moulin se questionne sur le timing de cette annonce. «N’est-ce pas déjà trop tard pour faire venir les grandes agences et lancer la publicité?» Il avance que la fermeture de l’an dernier a été mal communiquée et se dit sceptique quant au succès de la saison à venir.

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«Vous voulez faire table rase du passé, mais avec une saison d’été très courte, Finhaut n’a pas fini de soutenir financièrement Vertic’Alp», Maxime Gay-des-Combes, de Finhaut. © Héloïse Maret / Le Nouvelliste

Andrea Ridolfi, qui a fait de l’assainissement de Vertic’Alp une de ses priorités depuis son entrée en fonction à la tête de la commune, ne partage pas ce pessimisme. «Avec la constitution de la nouvelle société, Vertic’Alp peut entrevoir un futur très solide!»

«Vous voulez faire table rase du passé, mais avec une saison d’été très courte, la commune n’a pas fini de soutenir financièrement Vertic’Alp», signale tout de même Maxime Gay-des-Combes, ancien président de Finhaut.

Le soutien des autres communes

La nouvelle société est aujourd’hui entièrement gérée par Finhaut, mais les autres communes de la vallée et le TMR devraient rejoindre bientôt le conseil d’administration. Un soutien réitéré mercredi soir par les trois présidents présents.

Et Florian Piasenta de plaisanter: «Si Finhaut nous demande une participation financière pour Vertic’Alp, nous accepterons. Puis, nous ferons de même quelques mois plus tard pour TéléMarécottes…»

1 semaine dans la vallée du Trient: la reconversion de la laiterie de Giétroz

Dans le cadre de notre série «1 semaine, 1 vallée», retrouvez tous les jours une anecdote sur la vallée du Trient. Aujourd’hui, nous parlons de la reconversion de la laiterie de Giétroz, transformée en chapelle du village.