Eternel «outsider» de la chanson, auteur aussi délicat que ses colères sont homériques, Jean-Louis Murat a quelque chose d’indomptable, d’insaisissable. Sous le masque sardonique qu’il arbore souvent devant les caméras se cachent une pudeur infinie et une humilité à ce point farouche qu’on a pu parfois la prendre pour de l’arrogance. «Babel», dernier album en date dans sa discographie pléthorique le prouve encore avec force, l’auteur, compositeur et interprète auvergnat est tout simplement l’une des plumes les plus élégantes de son époque.
Vous avez pris le parti de centrer toutes les chansons de «Babel» sur la région du Puy-de-Dôme. Pourquoi cette approche?
J’ai bien aimé cette idée de travailler sur un périmètre restreint, sur une partie de l’Auvergne qui ferait la matière de chaque chanson. C’est un petit pari, un amusement. Il n’y avait pas forcément de grand concept derrière cette idée. Et comme j’ai travaillé en studio avec le groupe The Delano Orchestra qui vient aussi d’Auvergne, c’était rigolo de situer les chansons dans la région... J’aime bien aussi cette idée de géolocalisation dans cette ère de globalisation.
Vous êtes un auteur prolifique. Au fil des disques, avez-vous pu identifier d’où vient votre besoin d’écrire?
C’est toujours un peu mystérieux, je ne sais pas. Il vient peut-être du fait que je m’ennuie assez facilement. J’ai du mal à passer plusieurs jours chez moi sans écrire de chansons. J’ai du mal à comprendre, et d’ailleurs, ça ne m’intéresse pas tellement... J’écris des chansons comme le pommier donne des pommes. Je ne force pas ma nature.
Pour décrire votre univers musical, on a parfois parlé d’«euramericana», de l’americana avec une perspective européenne. ça vous convient comme définition?
C’est assez juste, oui. Je suis comme beaucoup d’autres, sous l’influence de la musique anglo-saxonne, plutôt américaine, c’est vrai. Au début, on imite les Anglais et ensuite on se rend compte que les Anglais eux-mêmes imitent les Américains. On finit pas se pencher sur ce territoire. J’ai grandi dans une époque où le son, la construction des chansons sont le fruit de la culture dominante du moment. Ça doit transparaître dans ma musique. C’est vrai que mes musiciens préférés sont américains. C’est déjà une musique du melting pot, totalement métissée, ce qu’on appelle americana. Je fais ma petite tambouille avec des éléments déjà extrêmement mélangés, en fait.
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