Elle se nomme ABC. Pour Atomique, biologique et chimique. C’est le nom donné à la formation des futurs chefs d’intervention et instructeurs des sapeurs-pompiers professionnels et miliciens de Suisse. Dispensée en trois langues, français, allemand et italien, la formation est donnée durant cinq jours, du 30 août au 3 septembre. Un programme suivi par 48 sapeurs-pompiers au cœur de Monthey, entre cours théoriques et exercices pratiques où ils doivent notamment appréhender des situations complexes d’accidents avec blessés et matières dangereuses.

Le site industriel de CIMO a accueilli jeudi l’un des exercices les plus spectaculaires de cette formation nationale. Un test grandeur nature et préparé de longue date. «Cette formation exige plusieurs semaines d’investissement et d’organisation», relève Ludovic Madrid, chef du service de protection à CIMO. «L’environnement du site montheysan se prête parfaitement à une immersion totale pour les participants. Et eux peuvent nous aider, par leurs remarques sur nos techniques, notre matériel ou notre procédure, à nous améliorer.» Il est 9 heures, l’exercice débute.

Une image de chaos

En arrivant sur les lieux de l’accident, les pompiers doivent d’abord prioriser les actions. © Héloïse Maret

La scène est impressionnante. Presque apocalyptique. Et elle sera jouée en temps réel. Un accident de la circulation entre un camion, une voiture et un cycliste vient d’avoir lieu. Le poids lourd rejette alors sur le sol les produits toxiques qu’il transportait. Rapidement, des flammes lèchent les véhicules accidentés où, à proximité, deux blessés graves crient de douleur.

Sirène hurlante, les pompiers, dépêchés sur les lieux après quelques minutes, doivent évaluer la situation. Et rapidement. La sécurité des blessés, de la population ainsi que des pompiers eux-mêmes, est en jeu. Tout repose sur le chef d’intervention qui a quelques secondes pour prioriser les actions. «Il doit garder la tête froide et appréhender les quatre éléments de la scène, soit le feu, les blessés, les matières dangereuses et l’écoulement des produits», raconte Philippe Diedrichs, commandant du service d’intervention CIMO.

Entraîner les réactions

La formation est dispensée à 48 sapeurs-pompiers suisses, dont ceux de Lonza et de CIMO pour le Valais. © Héloïse Maret

Alors que les intervenants s’équipent d’une tenue de protection feu et d’appareils respiratoires, une première explosion se produit sur les lieux de l’accident. Les blessés hurlent de plus belle. «Avec cet exercice, nous pouvons entraîner au plus près du réel nos réactions et nos décisions», explique le premier-lieutenant Pascal Desbaillet.

Une chronologie d’interventions est alors mise en place. Le chef instructeur détermine les équipes et les secteurs. «Les missions doivent être précises, courtes et claires», rappelle un responsable. Les blessés sont ensuite évacués, pris en charge et décontaminés. «Comme il s’agit d’une formation à l’échelon national, nous devons travailler avec des confrères que nous ne connaissons pas. Cela fait aussi partie de la difficulté de l’exercice.»

Après l’eau, la mousse

La mousse d’extinction permet de couper l’oxygène et d’éviter que les gaz explosifs ne se dissipent. © Héloïse Maret

Après la mise en sécurité des blessés, reste l’extinction du feu. Une phase délicate où les produits chimiques, ici essence et acide, doivent être neutralisés, puis récupérés. Les équipes établissent alors un tapis de mousse d’extinction autour des véhicules afin d’éviter l’évaporation des gaz explosifs. «La scène est totalement sécurisée», déclare l’un des participants lors du rapport final, une fois l’exercice terminé.

«Bravo pour votre réactivité. Vous avez très bien géré la mission», conclut le responsable du cours avant de laisser la place, entièrement nettoyée, aux prochains participants. L’exercice grandeur nature aura duré pas moins d’une heure trente.

Rendre la scène la plus réaliste possible

«Nous avons déjà joué pour ce type de formation, mais c’est la première fois qu’on se fait asperger d’eau. Et elle était moins froide qu’attendu», plaisantent Isabelle Pannatier et Aline Rapin, les deux figurantes de la journée. Maquillées et costumées, les deux fausses blessées ont pu composer leur rôle librement. «Nous devons beaucoup crier pour rendre la scène la plus réaliste possible.»

Pour participer à ce programme, les deux actrices-formatrices ont dû suivre un cours cadre, puis des directives de sécurité sur les produits qui les entouraient. «La mise en place et l’organisation d’un tel exercice sont vraiment impressionnantes», estime Aline Rapin. «Le feu et les explosions aussi», ajoute encore sa collègue avant de rejouer la scène pour la classe suivante.

La step de Monthey fête ses 50 ans

Le site chimique et la ville de Monthey fêtent les 50 ans de la station d’épuration. Une journée portes ouvertes est organisée ce samedi.