PIERRE CHIFFELLE, ancien conseiller d'Etat vaudois
Manifestement, l'attitude incompréhensible dès le départ des autorités suisses face à la Libye ne peut trouver d'explication raisonnable que dans des motifs occultes de pur opportunisme économique. Ce sont très probablement les intérêts de grandes entreprises suisses qui sont principalement en jeu dans cette affaire. Un des nombreux indices à cet égard est déjà perceptible dans le fait qu'un des otages travaille pour la filiale de l'une d'entre elles très engagée là-bas. On peut comprendre que la politique étrangère d'un pays qui, comme le nôtre, dépend fortement de l'exportation de son savoir-faire, tienne dans une large mesure compte de cet élément. Cette affaire, comme celle du sauvetage de la haute finance spéculative au moyen des deniers publics, montre toutefois que les limites sont largement dépassées. La raison d'Etat se confond trop souvent avec la raison de l'économie. Il est temps de relever la tête...