Mobilité: quelles solutions pour fluidifier le trafic?

Aucun automobiliste n’y échappe. Depuis des années, chaque jour de la semaine, c’est la même rengaine aux heures de pointe: les entrées et sorties de Monthey sont complètement saturées. Durant près d’une heure, des kilomètres de bouchons se dessinent de l’avenue du Simplon à l’avenue de l’Europe en passant par l’avenue de France.

«Notre ville a grandi très vite ces dernières années», rappelle le président de Monthey, Stéphane Coppey. «Les sorties d’autoroute desservent plus de 30 000 habitants et nous comptons jusqu’à 17 000 véhicules qui traversent quotidiennement le centre-ville.»

Vers un bus tous les quarts d’heure?

Conséquence directe: la surcharge de ce réseau externe gagne peu à peu le cœur du chef-lieu du district et, en fin de journée, les principales rues étouffent sous les pots d’échappement. «La mobilité est clairement un défi majeur pour Monthey», estime Olivier Ostrini, président du PS. «La solution passera par une réflexion régionale sur les transports en commun.»

Les transports en commun, justement, se sont fortement développés dernièrement. Le bus urbain MobiChablais, mis en place depuis 2018 dans la région, a, en décembre 2021, densifié son offre, augmenté les cadences et dessert désormais de nouveaux secteurs et communes du Chablais.

Il faut réduire le nombre de voitures et créer des voies réservées aux bus pour fluidifier leur circulation.

Carole Morisod, présidente des Verts du Chablais

Mais malgré une hausse de fréquentation de MobiChablais de quelque 20% chaque année sur l’ensemble du réseau, le trafic routier, de son côté, ne fléchit pas. «La voiture reste indispensable aux Montheysans car les dessertes ne sont pas suffisantes dans la région», souligne le président du PLR, Mathieu Couturier. «Il est d’ailleurs inadmissible que Monthey ne soit pas encore relié à la ligne du Simplon! Nous devons développer une mobilité multimodale tout en multipliant les cadences des bus.»

Des courses gratuites pour tous

Augmenter les cadences et rendre la course gratuite pour tous. C’est ce que préconise la présidente des Verts du Chablais, Carole Morisod, afin de faire changer les habitudes des automobilistes. «MobiChablais est aussi pris dans les bouchons. Il faut réduire le nombre de voitures et créer des voies réservées aux bus pour fluidifier leur circulation.» A noter que dans le contexte de la pandémie, la ville de Monthey avait d’ailleurs offert à ses citoyens, de juin 2020 à décembre 2021, la gratuité de l’utilisation MobiChablais.

Plus de bus au cœur de la ville: l’Entente pour Monthey y met un gros bémol. «Non, le plus important réside dans l’accessibilité du centre-ville aux voitures avec plus de places de proximité», déclare Christian Multone, président de l’EPM, qui privilégierait également une remise à niveau des pistes cyclables. «Il faut surtout sécuriser l’utilisation des deux-roues dans la cité et cesser ces perpétuels travaux au centre-ville!»

Rendre définitivement piétonne la place Centrale engendrerait d’impossibles perturbations.

Pierre Contat, président de l’UDC de Monthey

Des travaux de réaménagement qui ont justement fait prendre à Monthey un virage de mobilité douce. Depuis quelques années, on compte en effet des zones 20 et 30 km/h, des espaces rencontres et surtout moins de places de parc en surface. «Monthey affiche enfin un visage de grande ville avec ces transformations», observe le président du parti du Centre, David Mariétan. «Aujourd’hui, face à ces nouvelles zones, le changement a été accepté par la population. Mais le travail n’est pas terminé.»

Une place Centrale sans voitures?

La cité chablaisienne devrait-elle ainsi aller plus loin en transformant sa place Centrale en zone piétonne uniquement? Le président de l’UDC Pierre Contat n’y croit pas. «Lorsque la place est fermée le mercredi matin, jour du marché, toutes les autres avenues sont surchargées. Alors la rendre définitivement piétonne engendrerait d’impossibles perturbations.»

Pour atteindre Monthey facilement, ou en sortir, aux heures de pointe, il faudra donc encore patienter. D’autres grands aménagements, planifiés ces prochaines années, joueront un rôle primordial dans ce dossier. Un train AOMC plus rapide, un hub de transport public à la gare CFF, la réalisation du terminal combiné rail-route qui sortira les camions du centre-ville, la sécurisation des pistes cyclables et, à plus longue échéance: la concrétisation du RER Sud-Léman jusqu’à Evian et le projet de la ligne du Simplon pour relier Monthey à Lausanne en trente minutes.

Fusion: vers une commune Grand Monthey dans le district?

Elles se connaissent depuis toujours, se sont rapprochées intensivement ces dernières années et le 15 mai prochain, elles pourraient bien franchir un pas de plus: celui du mariage. Monthey et Collombey-Muraz décideront d’ici à quelques semaines d’unir ou pas leur destinée.

Ce projet de fusion a passé, depuis 2017, plusieurs étapes: sondages, ateliers citoyens, rapport, puis a reçu le soutien des deux exécutifs en décembre dernier, ainsi que celui des deux Conseils généraux, le 14 mars. «Les exigences communales sont aujourd’hui très élevées avec des dossiers de plus en plus complexes. En fusionnant nos deux municipalités, c’est tout le service public qui gagnera en efficacité et en qualité», explique le président de Monthey, Stéphane Coppey.

Pour une vision à échelle régionale

Des arguments soutenus par la grande majorité des partis montheysans qui voient dans cette union de nombreux avantages. Pour le PLR local, l’idée d’une fusion avec Collombey-Muraz «ne sort pas d’un chapeau, mais de cinq ans de travail et d’études», résume Mathieu Couturier qui ajoute que ce mariage «est un grand défi pour l’avenir de la région qui pourrait alors profiter d’une vision commune pour les générations futures.»

En fusionnant, c’est tout le service public qui gagnera en efficacité et en qualité.

Stéphane Coppey, président de Monthey

Parler d’une seule voix en termes d’aménagement du territoire, de promotion économique ou encore de mobilité: de nombreux projets pourraient en effet se réaliser plus facilement dans une seule et même commune de quelque 28 000 habitants, selon le parti des Verts. «On éviterait des doublons inutiles, tels que la Step, ou des constructions incompréhensibles, comme une zone commerciale sur une terre agricole attenante à une friche industrielle ou une piste cyclable qui s’arrête à la frontière des deux communes», rappelle Carole Morisod.

«Nous avons tout à gagner en fusionnant. Les dossiers seraient analysés et réalisés régionalement», confirme également le président du PS, Olivier Ostrini.

Même son de cloche du côté du Centre, où cette union «vient de façon naturelle pour deux communes dont on ne distingue déjà plus les limites géographiques», selon le président David Mariétan. «Nous aurions un poids politique important face au canton et au reste de la Suisse romande, le tout administré par une somme de compétences.»

Des collaborations intercommunales fragiles

Un oui clair aussi de la part du président de l’UDC locale Pierre Contat après avoir vécu, de l’intérieur, la difficulté d’un processus de renégociation entre les deux communes. A savoir le renouvellement du règlement policier et la fusion des corps de sapeurs-pompiers. «Ce sont des heures passées en commissions et séances. Et si, au bout du processus, l’un des deux municipaux dit non, tout est à recommencer.»

La fusion est une idée à la mode sortie du chapeau des politiciens et non des citoyens.

Christian Multone, président de l’Entente pour Monthey

Seul ayant un avis contraire, le président de l’Entente pour Monthey, Christian Multone, affiche clairement son refus à cette fusion qui est selon lui «une idée à la mode sortie du chapeau des politiciens et non des citoyens qui préfèrent préserver le caractère attachant et varié des petites communes».

Et après, d’autres fusions possibles?

Au-delà de cette votation, Monthey a-t-elle encore des ambitions plus vastes? Le chef-lieu du district devait-il montrer la voie à d’autres fusions avec les communes environnantes? Les municipalités de Massongex et de Vérossaz sont actuellement en réflexion d’un potentiel mariage avec une commune voisine. Alors Monthey plutôt que Saint-Maurice? Christian Multone y croit. «Fusionner avec des petites communes proches de la taille critique trouve une meilleure justification.»

Une proposition qui ne convainc pourtant aucun autre parti montheysan. «Il n’y a pas de nécessité immédiate de s’agrandir, ni d’envie de politique extensive. Nous devons prendre le temps de la réflexion», estime Olivier Ostrini.

«La fusion avec Collombey-Muraz semble naturelle. Ce n’est pas le cas avec Massongex ou Vérossaz. Faisons les choses par étapes», ajoute David Mariétan. Une idée partagée également par le PLR ou les Verts.

Pour Pierre Contat, en dehors de ces projets de fusion, «il serait judicieux parfois de faire fi des étiquettes politiques afin de trouver des synergies pour le bien du Chablais».

Le président de Monthey ose, lui, aller plus loin dans l’idée d’un Grand Monthey et redessine, pour l’exercice, la carte des communes de la région. «Pour que le Chablais parle d’une même voix, il faudrait une seule commune du Haut-Lac, une seule pour la vallée d’Illiez et une seule du côté de Saint-Maurice. Trois communes de 10 000 habitants chacune. Avec, au milieu, la commune de Collombey-Muraz et Monthey de 30 000 habitants.» Une vision qui permettrait de réaliser efficacement collaborations et projets, selon lui. Mais une vision qui semble aujourd’hui bien lointaine encore.

Monthey, l’industrielle, doit-elle se réinventer?

Depuis le XIXe siècle, l’industrie fait partie intégrante de l’identité de Monthey. Une identité forte. Presque un ADN. Ces activités économiques ont en effet transformé l’ancien gros bourg montheysan principalement agricole en cette ville que l’on connaît aujourd’hui. Avec l’industrie, Monthey va d’ailleurs presque quintupler le nombre de ses habitants en l’espace d’un siècle.

Dès l’année 1820, de multiples sociétés et entreprises y voient le jour. Tanneries, ateliers mécaniques, manufactures de tabac, verrerie, fabriques de verres de montre, de sucre et de chocolats ou encore carrières de granit. Auxquelles s’ajoutent deux importantes usines: les ateliers de métallurgie Giovanola Frères et bien sûr, le site chimique.

«Nous sommes fiers de cet héritage et il est important de le conserver», déclare Stéphane Coppey, président de la ville. «A Monthey, sur 11 700 emplois, plus de 2000 proviennent du site chimique. Nous avons la chance d’avoir encore des zones artisanales et industrielles. A nous d’attirer de nouvelles entreprises.»

Gessimo, un immense terrain de jeux

Alors où et comment faire venir ces PME à Monthey? Un des endroits stratégiques pourrait être l’ancien site Giovanola, désormais appelé Gessimo, sur le terrain de Clos-Donroux. Véritable outil de promotion économique de la cité, le lieu fourmille d’activités diverses sur 100 000 m² où l’on compte actuellement près de 400 emplois et 950 utilisateurs réguliers.

Le site de Gessimo pourra être une nouvelle vitrine pour la ville, un endroit qui affichera de grandes ambitions.

David Mariétan, président du Centre Monthey-Choëx

A mi-chemin entre Monthey et Collombey-Muraz, le site est appelé à se transformer avec le futur tracé des Transports publics du Chablais. Il pourrait ainsi devenir un nouveau quartier de la ville comprenant logements, bureaux, commerces et zones nature. De quoi faire rêver le socialiste Olivier Ostrini: «Gessimo est un immense terrain de jeux où l’on peut imaginer tellement de choses…»

Un site qui devrait même donner de «la grandeur» à la ville, selon David Mariétan, du Centre. «Ce sera une nouvelle vitrine pour Monthey. Un endroit qui affichera de grandes ambitions et qui répondra aux normes écologiques.»

Diversifier les secteurs d’activités

Accueillir de nouveaux secteurs d’emplois certes, mais avec une plus grande diversité qu’actuellement, pour Christian Multone de l’Entente. «Le site chimique, très performant, reste à la merci de décisions internationales qui nous échappent. Monthey doit professionnaliser sa promotion économique, la rendre plus efficiente et plus transparente», estime-t-il.

«La promotion économique d’une ville se réalise avec ceux qui y habitent, afin d’éviter les cités-dortoirs, la pollution ou les problèmes de mobilité», ajoute Pierre Contat de l’UDC. «Nous avons tout intérêt à développer des zones régionales.»

Des sociétés à haute valeur ajoutée

Mutualiser les forces pour attirer des PME variées et qui permettront aux universitaires de rester ou venir ici à Monthey. C’est également le souhait du PLR Mathieu Couturier. «En cas de fusion, nous pourrions améliorer notre attractivité pour attirer de nouvelles sociétés à haute valeur ajoutée», espère-t-il.

Monthey est la ville suisse des Portes du Soleil, mais n’est jamais présentée comme telle. On manque une cible à mon avis.

Olivier Ostrini, président du PS Monthey

Le site technologique BioArk dédié aux sciences de la vie en est le parfait exemple pour la verte Carole Morisod. «Il ne faut pas s’attacher à une mono-économie ou mono-industrie. Pas besoin non plus d’ouvrir des nouvelles zones, nous avons des friches industrielles suffisantes pour accueillir un nouveau réseau de compétences.»

Une carte touristique à jouer?

Et si, au-delà de toute promotion économique, Monthey l’industrielle devenait Monthey la touristique? L’idée titille les représentants politiques et plaît notamment à Olivier Ostrini. «Monthey est la ville suisse des Portes du Soleil, située à vingt-cinq minutes de Champéry en AOMC, mais n’est jamais présentée comme telle. On manque une cible à mon avis.»

Christian Multone estime que les infrastructures culturelles devraient «s’ouvrir aux touristes des stations du Chablais valaisan et vaudois en proposant des spectacles en langues étrangères pendant les périodes de vacances».

Nous devrions ouvrir les halles industrielles de Gessimo au public en les intégrant aux visites guidées de notre patrimoine.

Mathieu Couturier, président du PLR Monthey-Choëx

Mathieu Couturier imagine, lui, d’intégrer le site de Gessimo aux visites guidées du patrimoine montheysan. «Toutes les villes ne peuvent se vanter d’avoir des halles industrielles remplies d’histoire. L’une d’entre elles pourrait être ouverte aux visiteurs. C’est une piste à creuser.» Et le PLR de prendre exemple sur Saint-Gall qui organise des circuits autour de son patrimoine textile.

Resterait encore pour le chef-lieu de se doter de plus d’hébergements. Pour rappel, la ville de 18 000 habitants ne décrète qu’un seul hôtel sur son territoire. «Un hôtel et demi», précise Stéphane Coppey. «Mais nous sommes en tractation pour y remédier.»

Cyclomobilité dans le Chablais: des élus montrent l’exemple

Un peloton composé de citoyens et de politiciens de Monthey et de Collombey-Muraz ont enfourché leur vélo pour une sortie découverte. Le manque de continuité du réseau cyclable a été montré du doigt.