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Accidents et évacuations nombreuses en montagne, appel à la prudence

Le bilan est lourd et il est soudain. Ces dix derniers jours, les accidents mortels et les interventions de sauvetages héliportés se sont multipliés dans les Alpes valaisannes. Peut-on pour autant parler d'une série noire? Explications.

13 août 2013, 15:13
Deux alpinistes ont été secourus d'une fâcheuse posture en fin de journée au Grand Cornier, dimanche.

Valaisans, étrangers, expérimentés, novices. Itinéraires faciles, exigeants, rocheux, glaciaires, mixtes. Matinée, midi, après-midi, soirée. En montée, au sommet ou à la descente. Encordés, isolés. Les accidents mortels et les évacuations de ces derniers jours n’ont presque rien en commun. Impossible donc de pointer du doigt une même cause.

La montagne a pris cinq vies ce dernier week-end comme nous l’expliquions lundi. Sur la même période, Air-Glaciers annonce ce mardi que trois évacuations d’alpinistes égarés ou épuisés ont été réalisées. En Valais, 14 personnes sont mortes en marge des chemins de randonnée ou sur des itinéraires alpins depuis le début de l’été. Le Mont-Blanc a lui emporté neuf alpinistes depuis mi-juin. Le constat est soudain, dramatiquement élevé, mais ne fait pourtant pas figure d’exception.

Statistiques comparables

Deux alpinistes récupérés aux Aiguilles dorées à Trient lundi soir, une cordée bloquée sur l’arête nord du Grand Cornier dimanche en fin de journée, un secours de nuit à la cabane Chanrion samedi soir, les hélicoptères d’Air-Glaciers n’ont pas chômé ce week-end.  «C’est tout à fait standard à cette période et avec cette météo. A l’heure actuelle, on a presque rattrapé en une dizaine de jours les statistiques de tout l’été dernier», avertit d’emblée Tony Capraro, chef des opérations de la division hélicoptère de la compagnie.  «C’est malheureusement toujours trop», constate-t-il, presque résigné.

Dans un jargon rôdé, il évoque le problème récurrent de la belle saison : «L’hiver on fait du ramassage d’épaules luxées, de blessures au fémur et de douleurs au dos alors que l’été on sait que les conséquences sont tout de suite plus graves. Des cordées dévissent, des personnes chutent en crevasses, des alpinistes se perdent et attendent trop longtemps pour prévenir les secours.»

Aucun lien entre les accidents

Il tente cependant une explication logique à ce pic soudain d’accidents. «C’est toujours pareil, s’il fait beau longtemps on a moins de monde en même temps sur les sommets et les gens prennent plus de temps. Par contre, s’il fait mauvais deux jours (ndlr : comme c’était le cas jeudi et vendredi passés), on constate d’un seul coup une fréquentation massive surtout en haute altitude dès le retour du soleil. 

Pierre Mathey, vice-président des guides suisses ne peut qu’esquisser quelques hypothèses : «L’altitude ou la durée de la course peuvent entraver la concentration. La méconnaissance de certaines techniques peuvent jouer un rôle.» Et de confirmer les propos des sauveteurs : «Dès que la fréquentation augmente, les accidents suivent la même courbe.»

Météo et techniques d’alpinisme

Pour éviter les situations fâcheuses ou dramatiques, les deux hommes ne peuvent que rappeler quelques conseils. «Les prévisions météorologiques sont assez précises mais il faut vraiment se renseigner sur la durée de la course pour ne pas être surpris. Tout change très vite», prévient Tony Capraro qui admet dans certains cas devoir «se forcer à trouver une raison» pour comprendre des «situations impossibles.»

Pierre Mathey appelle pour sa part à une grande vigilance sur l’utilisation de la corde. «Sur les arêtes, où le risque de glissade d’un membre de la cordée est un danger mortel pour les autres, il faut impérativement progresser en corde très courte pour enrayer la chute dès la perte d’équilibre. Si cela n’est pas possible, il faut créer des points d’assurage pour franchir un par un des distances plus longues.» Et de répéter une maxime qui fait pourtant figure de règle absolue : savoir renoncer.

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