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Pic Pic: le retour de la voiture suisse au salon de Genève

Pour le 100e anniversaire de la Pic-Pic MIV, les descendants des fondateurs de la marque et l'un des derniers modèles étaient présents au salon de l'auto de Genève mardi. L'occasion de découvrir l'une des rares automobiles de conception suisse.

05 mars 2014, 14:42
Deux des huit dernières Pic Pic au monde sont détenues par la famille Pictet. A gauche, le modèle MIV produit en 1914.

Quel point commun entre Bertrand Piccard et la voiture? C'est la question qu'ont dû se poser les visiteurs privilégiés du salon de l'auto de Genève mardi. A priori aucun lien, juste un usager comme les autres. Que nenni. Si le célèbre aérostier a fait le déplacement ce n'était pas pour parler de son avion solaire mais d'une voiture vieille de 100 ans. La Pic-Pic MIV produite en 1914 notamment par son arrière grand-oncle. Elle restera exposé jusqu'à la fin de la quinzaine.

Pic-Pic? Du diminutif de ses deux concepteurs associés Paul Piccard et Lucien Pictet. Les deux ingénieurs de formation fondent la société Piccard & Pictet en 1895 à Genève. Ils produisent d'abord des turbines. Mais Lucien Pictet est convaincu du potentiel de l'automobile. Son partenaire l'est nettement moins. Il voit dans ces «calèches à moteurs» un jouet pour les riches de ce monde.

Un démarrage lent

Dans un premier temps, il ne participe pas à l'aventure. Les automobiles de l'entreprise sont produites pour le compte de la Société genevoise d'automobile (SAG). Sans grand succès. Les ventes ne décollent pas. La SAG fait faillite et les premières automobiles Pic-Pic voient le jour en 1910.

La reconnaissance arrive dès 1911. Ce sont alors quelque 220 châssis qui sortent de l'usine chaque année. Des châssis qui sont souvent commandés à l'avance. Les premiers clients sont la Croix-Rouge, le Département militaire et les CFF. La préparation d'une voiture pour une visite de l'empereur Guillaume II d'Allemagne en 1912 finira de faire la renommée de la marque.

Pic-Pic de course

Les voitures sont ensuite reconnues pour leur remarquable performance en compétition, et notamment dans les courses de côte. Un slogan publicitaire le souligne bien : «Pic-Pic, incomparable en côte, Pic-Pic, invincible en course».

Mais l’événement pour la marque est sans doute la participation en 1914 à la plus prestigieuse des courses, le Grand Prix de l’Automobile Club de France. Pour cet événement, on prépare soigneusement aux Charmilles deux modèles de course, qui ne finiront malheureusement pas la compétition. Les Pic-Pic établissent tout de même un record de vitesse en atteignant les 170 km/h!

Les deux Pic-Pic participant au Grand-Prix de France de 1914 et qui ont enregistré un record de vitesse: 170 km/h.

Erreur stratégique

L'industrie automobile genevoise, avec Pic-Pic, sera à son apogée durant la seconde guerre mondiale malgré le contexte difficile. Un déclin s'amorce dans l'entre deux guerre. La concurrence accrue de l'étranger, qui propose des véhicules nettement moins chers y est pour beaucoup. Une concurrence facilitée par les dévaluations de devises des pays belligérants.

Et, paradoxalement, c'est aussi une innovation technologique qui va conduire la marque helvète à sa perte. La firme développe un moteur sans soupape. Performant en côte et silencieux, il connaît un certain succès. Mais ses défauts sont trop importants. Notamment la difficulté de le réparer en cas d'avarie.

Seulement huit rescapées du temps

Sur environ trois mille unités construites entre 1906 et 1921, il existe aujourd’hui dans le monde seulement huit exemplaires connus: la fondation Gianadda de Martigny en possède trois, une autre se trouve au musée suisse des transports de Lucerne, et une autre à la cité de l’automobile, à Mulhouse.

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