Cela fait plus de trente-cinq ans – si on excepte une parenthèse consacrée à l’association cantonale – que Pierre Perruchoud préside le Cercle de l’échiquier de Martigny. Un club avec lequel il organise régulièrement le tournoi d’échecs de Martigny, dont la 30e édition se déroulera samedi 13 août (voir l’encadré).

«Avant, ce tournoi se déroulait sur quatre jours. Là, nous avons réduit la voilure. Tout se jouera en une journée, avec des parties de 40 minutes environ.» L’ancien prof de langues au cycle d’orientation, à la retraite depuis quelques années, apprécie ce mode de jeu, rapide. «C’est une philosophie qui tente de sortir les échecs des salons. Les matchs où on regarde les joueurs réfléchir durant quatre heures ne sont pas très spectaculaires.»

Internet a permis de diffuser les échecs à une très large échelle.

Pierre Perruchoud, président du comité d’organisation du tournoi d’échecs de Martigny

Depuis son enfance, Pierre Perruchoud déplace son esprit sur le carré de 64 cases. «Mon père jouait aux échecs et il y avait un ou deux bouquins à la maison. J’ai croché rapidement.» Avec ses deux frères, Benoît et François, les Perruchoud parviennent rapidement à se hisser à un bon niveau. «J’ai remporté mon premier titre de champion valaisan à l’âge de 17 ans.»

En 1973, avec les juniors du Martigny-Sports, cinquième en partant de la gauche en haut. Avec un gardien bien connu au FC Sion. © DR

Selon son ami Charles Méroz, qui s’occupe des relations avec la presse pour le tournoi de Martigny, «Pierre a la passion des échecs chevillée au corps depuis son enfance. Il participe régulièrement à des compétitions, suit l’actualité échiquéenne de très près et est capable de nous fournir le classement des dix meilleurs mondiaux.»

Des livres de théorie aux possibilités infinies des logiciels

Pierre Perruchoud estime que progresser aux échecs implique beaucoup de travail. «Quand j’ai débuté, il n’y avait pas beaucoup de livres en français. Aujourd’hui, internet a facilité l’accès à ce jeu, il y a beaucoup de logiciels accessibles de façon conviviale, et le niveau a énormément monté ces dernières années.»

Il constate que les joueurs actuels sont de plus en plus forts et de plus en plus jeunes. «Internet a permis de diffuser les échecs à une très large échelle.»

Pour le Martignerain, cette démocratisation des échecs a aussi été favorisée par «Le jeu de la dame», diffusé sur Netflix. «Cette série a eu un impact incroyable, elle est très crédible, les parties ont été supervisées par Kasparov. Beaucoup de gens se sont mis aux échecs après avoir vu cette série, même si ce phénomène ne sera peut-être qu’un feu de paille.»

Lorsqu’il préside l’organisation d’un tournoi, il veille à ce que l’aspect convivial soit toujours bien présent.

Charles Méroz, ami et attaché de presse du tournoi d’échecs de Martigny

L’envie de faire de ce jeu son métier a-t-elle effleuré ce joueur de très bon niveau? «On rêve tous d’être professionnel quand on est jeune, comme on rêve d’être footballeur. Mais quand on commence la compétition, la réalité reprend le dessus. Gagner sa vie avec les échecs est réservé à une élite.»

Aujourd’hui, les statistiques de Pierre Perruchoud affichent environ 2000 points ELO (le système de classement des joueurs d’échecs). «Cela équivaut, par comparaison, à un niveau de joueur de football de première ligue. Mon meilleur classement était de 2200 points, quand j’avais 40 ans.»

Quand la concentration n’exclut pas la convivialité

Comment accéder à un niveau supérieur? «Il faut apprendre la technique et les principes du jeu. Il ne suffit pas de mémoriser des parties et de les recracher, même si la mémoire joue un grand rôle. Magnus Carlsen, l’actuel numéro un mondial, a une mémoire phénoménale. Ce sont des gens hors norme.»

Pierre Perruchoud, tout passionné qu’il soit, ne passe pas tout son temps à pousser des pièces sur l’échiquier. Il aime aussi faire la cuisine – «J’adore le contact avec le monde terre à terre, faire les courses, couper les légumes, découvrir de nouvelles recettes». Il s’occupe aussi régulièrement de ses petits-enfants et pratique assidûment le yoga depuis son adolescence. Cette discipline lui sert d’ailleurs aussi pour les échecs: «Cela aide pour être calme, pour la réflexion, la concentration, la maîtrise de soi.»

Le président du club de Martigny ne se concentre pas que sur l’aspect intellectuel et sportif des échecs, comme le souligne Charles Méroz: «Son credo, c’est de sortir les échecs des salons feutrés. Lorsqu’il préside l’organisation d’un tournoi, il veille à ce que l’aspect convivial soit toujours bien présent. Le 13 août, un espace avec dégustation de spécialités de chez nous sera ainsi à la disposition des joueurs et des visiteurs. Et ce sont ses enfants qui se chargeront de le faire vivre.»

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