La nouvelle fait déjà du bruit dans la région. DEC Exploitation SA, l’une des plus importantes PME de Fully, active dans la construction, a été mise en faillite ce vendredi par le Tribunal de district de Martigny. Un état de surendettement ayant été constaté en février dernier, l’entreprise a été contrainte (art. 725 CO) de déposer le bilan au mois de mars. Ce dépôt a été notifié au tribunal de district qui a prononcé la faillite.
La suite de la procédure est désormais du ressort de l’Office des poursuites. Ce dernier devra prendre des mesures pour sauvegarder les intérêts des créanciers, l’ardoise étant importante pour certains d’entre eux.
Cette faillite concerne DEC Exploitation SA, qui rassemble les employés et l’ensemble des activités de l’entreprise. La société DEC Groupe SA, qui rassemble le personnel administratif et la direction, n’est pas concernée. Mais son avenir demeure incertain.
Droits des employés préservés
Cette faillite est un coup dur pour Fully, l’entreprise DEC (Dorsaz Entreprise de Construction) étant l’un des fleurons de l’économie locale avec plus de 60 collaborateurs. Un coup dur également pour son fondateur Roland Dorsaz, qui s’est démené pour ne pas laisser tomber ses employés: «C’est une situation difficile à vivre. Dès le dépôt de bilan, j’ai entrepris des démarches, en collaboration avec les syndicats UNIA et SCIV, la caisse de chômage et l’ORP, pour préserver leurs droits.»
Il affirme d’ailleurs qu’aujourd’hui, 45 employés sur 50, dont deux apprentis, ont déjà été réengagés, ou sont en passe de l’être, par d’autres entreprises.
Jusqu’à la fin
Vendredi matin encore, des ouvriers s’activaient pour terminer des chantiers. «J’ai trouvé un nouvel emploi en Valais, mais ai tenu à œuvrer jusqu’à la fin», précise le chef d’équipe Laurent Giroud, chez DEC depuis 2009. «J’étais bien ici et n’ai rien à reprocher à mon patron. On savait qu’il y avait des soucis mais le dépôt de bilan m’a surpris. C’est un vrai crève-cœur.»
Même avis pour Boris Tadic, employé depuis vingt-cinq ans: «Je n’ai jamais eu de problème avec mon patron, qui a toujours été correct avec les employés. Il s’est d’ailleurs activé pour qu’on retrouve du travail.»
Du côté des Syndicats chrétiens interprofessionnels du Valais (SCIV), auprès de qui sont affiliés plus de 30 employés de DEC, Rita Théoduloz confirme que la collaboration avec Roland Dorsaz a été correcte, mais elle demeure sur ses gardes: «Le délai entre le dépôt de bilan et la faillite a été long. J’espère ainsi que les actifs n’ont pas été liquidés entre-temps. Concernant le salaire des employés, il sera versé par le biais de l’indemnité en cas d’insolvabilité servie par la Caisse cantonale de chômage jusqu’au dernier jour travaillé avant le prononcé de faillite. Une collaboration étroite avec la caisse est déjà mise en place afin que les travailleurs soient rapidement rémunérés.»
Une accumulation de problèmes
Comment comprendre qu’une entreprise a priori solide comme DEC Exploitation SA tombe en faillite? Désireux de couper court aux rumeurs qui circulent, Roland Dorsaz s’explique: «Dès le début 2018, il y a eu une accumulation de problèmes internes au niveau administratif et dans le suivi des chantiers, dont deux qui ont creusé le trou financier, que je n’ai pas su gérer. Les liquidités étant suffisantes et le travail ne manquant pas, je ne me suis pas fait de souci. Nous avons même entrepris des investissements et engagé du personnel.» La réalité de la situation n’est apparue qu’au début 2019, mais le mal était fait.
Désireux d’assumer ses responsabilités, Roland Dorsaz ne se cache pas derrière de mauvaises excuses: «J’ai créé cette entreprise il y a plus de trente ans. C’est toute ma vie. Cette situation, qui entache ma crédibilité, m’affecte beaucoup. Et contrairement à ce que certains aimeraient croire, je n’ai pas sciemment coulé mon entreprise pour en sauver une autre.» Il songe aussi à son personnel: «Certains sont là depuis plus de vingt ans. C’est dur pour tout le monde.»
Un côté humain également évoqué par le président de la commune Edouard Fellay: «J’ai une pensée pour ceux qui demeurent sur le carreau. Pour Fully, cette faillite, qui nous a surpris, est assurément une grosse perte, DEC étant un des plus gros employeurs de la commune.»