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Coronavirus: "Paradoxalement". Par Marie-Antoinette Gorret

Une douzaine de personnalités issues de générations, de milieux socio-professionnels différents livrent pour "Le Nouvelliste" leurs pensées sur l’impact social de l’expérience collective que nous vivons, et sur le temps d’après, quand la vie reprendra, sans doute différemment d’avant.

15 mai 2020, 18:47
Marie-Antoinette Gorret, artiste, Charrat

Psychologues, pédopsychologues, philosophes de la durabilité, virologues, médecins carapacés de diplômes façon pangolin, scientifiques interplanétaires, politiques à l’esprit factuel (ou sans) nous ont gavés et nous gavent encore de discours et de rituels quasi religieux (on ne peut que croire). Et nous, là au milieu,  on se retrouve trop cons d’être seulement des humains qui vivent une saison de printemps, une saison d’été et peut-être pas une saison d’automne. 

Le monde se questionne sur l’avenir, personne n’a de réponse, c’est comme d’habitude mais juste autrement. 
Mais c’est fini, on range, c’est le matin des lendemains d’hier et c’est le mauvais moment, on a la gueule de bois et il faut encore porter les tables deux mètres plus loin. On se sent comme à l’école enfantine quand il ne fallait pas dépasser la ligne avec les crayons de couleur, quand on nous a appris à obéir sans poser de questions. 

Mais c’est fini, on a rien compris mais tout va aller mieux.

 

«Paradoxalement, j’ai constaté que pendant ce confinement, je me suis rapprochée des autres»
Marie-Antoinette Gorret, artiste, Charrat

 

C’est fini, on porte son petit panier écolo de la main gauche mais on jette dix fois par jour un masque inutile de la main droite. C’est fini, on peut retourner boire le café ou l’apéro mais les cacahuètes et le journal sont interdits. C’est fini, les barbiers sont ouverts mais on doit y aller avec un masque. C’est fini, on a pris la bonne habitude d’aller acheter ses asperges à vélo chez le maraîcher du coin mais pour les frites jaunes et rouges on doit filer en voiture et attendre patiemment. C’est fini, on nous dit de rester en vacances en Suisse pour soutenir l’économie mais on finance les compagnies d’aviation.

La vie courante marche à reculons.

Je me se sens un peu perdue. Je voudrais bien redémarrer sans fin mais mes batteries sont à plat. Alors il faut ponter. Et cette fois c’est autorisé, un câble sur le rouge du désinfectant un câble sur le noir de la liberté, et hop! ça tourne de nouveau, ça pétouille un peu mais c’est reparti. 
Je vais faire comme je sens, comme je crois, comme je sais, comme il faut. 

Je vais essayer d’oublier les incohérences, les injustices, les malentendus, les douleurs et les absurdités. En route vers de nouvelles aventures! Le baluchon désinfecté sur l’épaule et la carte de crédit déshydratée dans la poche (mais avec le moins de masque possible), parce que c’est quand même agréable de pouvoir sourire au monde. Et malgré tout, j’ai constaté que, paradoxalement, pendant ce confinement, je me suis rapprochée des autres.

Marie-Antoinette Gorret, artiste, Charrat

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