Arrêter de fumer: une liberté retrouvée

Arrêter de fumer peut être une décision mûrie et choisie ou s'imposer à la suite d'un accident cardiovasculaire. Des aides existent pour soutenir cette démarche.

13 mars 2014, 00:01
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V incent, 30 ans, se réveille un matin sûr de vouloir en finir avec la cigarette. "J'avais le souffle court et des coups de fatigue. Soudain, j'ai eu peur pour ma santé. La cigarette me dégoûtait" , explique-t-il. Il se tourne vers sa compagne et lui fait part de son désir. Ils décident alors d'arrêter ensemble. "J'en étais à un paquet par jour, alors qu'elle ne fumait que le week-end ou en sortie. Ç'a pourtant été plus facile pour moi" , constate-t-il après deux ans sans tabac.

"Plus le fumeur intègre à son rythme sa démarche d'arrêt du tabac, plus les chances de succès à long terme sont élevées" , relève le docteur Arlette Closuit, médecin tabacologue à Martigny. Parmi les bénéfices de l'arrêt, Vincent cite une indépendance retrouvée: "Plus besoin de faire une halte clopes avant de rentrer du boulot ou de me précipiter sur un distributeur, le samedi, en fin de soirée. Je n'ai plus la peur constante du manque."

Tous les fumeurs n'ont cependant pas une prise de conscience aussi spontanée face à leur dépendance. Certains réagissent lorsque survient une maladie cardiovasculaire, un infarctus, par exemple. Le CIPRET-Valais mène actuellement une campagne de sensibilisation sur ce thème, visible sur le site: www.choisissez.ch. On y apprend que le tabagisme augmente de deux à quatre fois le risque d'accidents cardiovasculaires. Ceux-ci étant la première cause de mortalité en Suisse.

Frôler la mort

"Les particules qui se trouvent dans la fumée du tabac favorisent l'obstruction des parois des artères par l'artériosclérose" , explique le docteur Dominique Evéquoz, cardiologue responsable haut-valaisan du service de cardiologie de l'Hôpital du Valais. "Il se crée une plaque qui obstrue peu à peu l'artère jusqu'à la boucher." Se produit alors l'infarctus.

"Après une telle épreuve, la personne se réveille aux soins intensifs" , poursuit le docteur Evéquoz. "Ainsi confrontés à la peur de mourir, la plupart des patients arrêtent de fumer." Cependant, les statistiques montrent que les taux d'arrêt élevés à la suite d'un infarctus chutent dans les six mois.

"Les fumeurs ont souvent été "précipités" dans l'arrêt sans avoir eu le temps de mûrir leur démarche" , commente le docteur Closuit. "De plus, arrêter de fumer accompagne d'autres rééquilibrages, comme reprendre une activité physique, donner du sens à ce qui est arrivé, retrouver confiance..." D'où l'importance pour le fumeur de pouvoir être soutenu dans son sevrage.

Trouver un soutien

"Il doit pouvoir partager les moments de doutes, d'inquiétude, parfois de tristesse" , note le docteur Closuit. "L'important est de ne pas rester seul." Les équipes de réadaptation cardiovasculaire et les médecins soutiennent les patients dans ces moments. Ils les aident à réinvestir du temps dans d'autres plaisirs et réponses au stress. Les pharmaciens, la ligne téléphonique 0848 000 181 et le site www.stop-tabac.ch répondent également à leurs questions.

Des stratégies concrètes et des traitements médicamenteux existent également pour faire face aux envies de fumer. Pour les personnes atteintes d'une maladie cardiovasculaire stabilisée aussi. "Elles améliorent le confort, les chances d'arrêt et diminuent le risque de prendre du poids."

La question de la cigarette électronique se pose désormais également comme solution de remplacement au tabac. "Elle peut être utile chez certains fumeurs pour réduire, voire arrêter de fumer" , observe la tabacologue. "Mais nous n'avons pas de données suffisantes pour évaluer son efficacité à long terme, ni son innocuité. Une des priorités sera de pouvoir obtenir un contrôle de qualité sur les e-liquides."

Des bénéfices rapides

L'arrêt du tabac apporte des bénéfices cardiovasculaires importants et rapides à tout âge. Son action s'exerce sur de nombreux facteurs: meilleure oxygénation, diminution de l'hypertension artérielle, du risque de thrombose et de l'inflammation des vaisseaux. Mais aussi amélioration du profil des lipides et diminution des apnées du sommeil. "Le risque d'infarctus du myocarde diminue ainsi déjà de moitié après un an et rejoint celui d'un non-fumeur après cinq ans" , commente le cardiologue.

Des études récentes confirment qu'arrêter de fumer réduit aussi l'anxiété, et le risque, à moyen et long terme, de développer un état dépressif. "Ces aspects sont importants pour le confort quotidien, mais aussi pour le pronostic cardiovasculaire " , relève le docteur Closuit.