Ne me dites pas qu’il ne vous met pas un petit peu de mauvaise, ce vent froid et mordant? Cet air nordique qui persiste à vouloir faire la loi quand il devrait avoir fichu le camp depuis belle lurette. Aujourd’hui, si vous voulez bien me suivre, on va faire un léger déni de réalité. Parce que mince, si la chaleur ne veut pas de nous, on n’a qu’à aller la chercher nous-même!
Pour ce faire, on va ouvrir nos tympans aux joies de l’hémisphère sud. Les rythmes dansants, les mélodies chatoyantes, les énergies tribales: que de doux remèdes pour se créer son propre printemps intérieur et conjurer les aléas du ciel et du moral. Chants sud-américains, sons électro organiques et diamants arabisants: tout n’est pas nécessairement produit au Sud mais s’en inspire. Et vous fera grâce d’un voyage ethnico-métissé-transcendental.
Les pépites «On réchauffe ce faux printemps avec des perles métissées»
Chancha Via Circuito & Mateo Kingman – «Ilaló»
Tout commence par une sorte d’incantation mystérieuse, résonnante, planante. Où sommes-nous? La réponse ne vient pas tout de suite. Il faut attendre 45 secondes d’onirisme pour qu’un rythme obsédant vienne porter la voix vers le ciel et nous faire y voir plus clair. Nous sommes en Argentine avec Chancha Via Curcuito. En véritable druide, le producteur, Pedro Canale de son nom, se fiche bien des barrières des genres et des années et excelle dans l’art de transformer la traditionnelle cumbia sud-américaine en ode électronique exaltante. Une potion magique.
Acid Arab & Sofiane Saidi – «La Hafla»
En lançant «La Hafla», vous aurez l’impression d’être parachutés illico en Afrique du Nord ou au Moyen-Orient. Et pourtant, ces notes arabisantes et galvanisantes naissent en France. Elles jaillissent de l’exquis groupe Acid Arab, devenu bête de scène et de festivals en quelques années. Acid Arab, c’est les beats des clubs parisiens et le feu de l’Orient, le banjo et les platines. «Ce n’est pas un patchwork, pas un collage, pas même une fusion: c’est une rencontre», diront-ils. Et la bonne nouvelle, c’est qu’ils seront au Bal Masqué du Palp Festival ce week-end au Château de Venthône. Prêts?
Os Tincoas – «Deixa A Gira Girar»
On rembobine jusqu’aux années 70 et on file au nord du Brésil. Avec «Deixa A Gira Girar», la danse se fait ici plus aérienne, vocale, calme. Sans perdre en énergies positives. Elle glisse comme une douce brise de printemps – si celui-ci nous fait la grâce d’arriver un jour. Os Tincoas accompagnera à merveille vos premiers apéritifs de pelouse ou de balcon. Attention, vous risquerez cependant de scander votre conversation avec Jeannine ou Jeannot par des discrets battements de pieds ou des oscillements de tête. Inévitable.
Oliver Koletzki – «Tankwa Town»
Il y a ces cris d’enfants, ces conversations sourdes, cette ambiance de village fantôme. Cette ville d’un pays imaginaire où les métissages semblent parler toutes les langues. On entre dans des grottes, on rencontre des chamans, on joue du djembé, on prie les divinités universelles, peut-être. Tout est possible dans cette enclave initiatique construite depuis… l’Allemagne, par le producteur et DJ Oliver Koletzki. Une ode à la diversité des sons. A savourer avec le volume au max. Esprit conquis garanti.
Luzmila Carpio – «Ch’Uwa Yaku Kawasaypuni»
Luzmila Carpio, c’est une prophétesse inca, des cordes vocales éthérées qui disent la nature et la tradition. C’est aussi une militante, engagée pour la cause des femmes, l’accès à l’éducation et à l’eau potable dans sa Bolivie de sang et de cœur. Un personnage captivant dont le chant aigu envoûte autant qu’il fait un honneur à toute une culture. «Ch’Uwa Yaku Kawasaypuni» réveillera vos sens avec une délicatesse unique au petit matin. Testez, et vous m’en donnerez des nouvelles. P.S: Le remix de ce titre par Nicola Cruz vaut aussi l’écoute.
Satori – «Yam»
«Nous sommes nés dans un âge chaotique, où nous cherchons tous notre propre espace. Un espace où nous pouvons abandonner et nous trouver nous-même. Satori nous aide à trouver ce chemin». Elle fait plutôt envie, la bio de cet artiste débarqué des Pays-Bas, non? Le producteur s’est donné pour mission de satisfaire les amoureux de musique méditative en les guidant dans une expérience introspective alimentée d’inspirations du monde. Et je peux vous dire qu’avec «Yam», votre chemin intérieur sera joliment éclairé.
Altin Gün – «Goca Dünya»
Oui, je vous ai déjà présenté Altin Gün, ces génies qui mêlent la tradition turque au rock psychédélique et à la pop urbaine. Oui, il y a plein d’autres groupes aux inspirations métissées qui vaudraient le détour. Mais que voulez-vous, un coup de coeur reste un coup de coeur (emoji sourire forcé). «Goca Dünya» baladera à merveille vos oreilles du Valais à Istanbul durant vos premières randonnées de la saison. Ou pimentera à souhait vos agréables sessions de repasssage – expérience vécue et approuvée.
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